France – 2014 – 1h35
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PRÉCISIONS
- Réalisateur: Quentin Dupieux
- Avec: Alain Chabat, Jonathan Lambert, Élodie Bouchez
- Scénario: Quentin Dupieux
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NOTE GLOBALE :
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NOS AVIS
Mickdeca :
Première fois de ma vie où je me sens seul dans un cinéma. Plus le film avançait plus mes camarades de la séance riaient aux éclats, plus je rentrais dans une sorte de mutisme avec une forte envie de sortir devant ce charabia cinématographique sans nom…
Réalité est le genre de film où on ne sait pas quoi penser, quand on ne rentre pas dans le délire, et ici Quentin Dupieux m’a totalement perdu. Au départ le film suit une certaine logique, le traitement de l’image est beau et les acteurs plutôt sympathiques. Mais plus on avance dans l’histoire rocambolesque plus on est ailleurs, comme si vous vous retrouveriez avec un collègue de bureau qui fait des blagues un peu à côté, le mec un peu weird à qui on fait les gros yeux à chaque fois qu’il nous adresse la parole. Le film ne communique pas avec son spectateur, il le laisse bien seul sur le banc de touche.
Le long métrage s’éternise par des scènes de mises en abyme sur mise en abyme sans queue ni tête dans un brouhaha d’images sans aucun sens, sans comique, sans rien. On commence à se poser la question du “Le réalisateur essaye-t-il de communiquer avec moi où a-t-il simplement écrit sur papier ses rêves et les a-t-il filmé et les regarde-t-il le soir pour rire à ses propres blagues” en trouvant une seule réponse possible :”oui sans aucun doute”.
Devant ce marasme cinématographique, même 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick reste plus compréhensible, alors que Monsieur Dupieux ne nous redise pas “Kubrick mes couilles”, je reste fâché!
Tix :
L’un des réalisateurs les plus atypiques du cinéma français frappe encore. Et Réalité est probablement son film le plus réussi.
Quentin Dupieux garde toute son audace et sa folie en nous proposant un film davantage maîtrisé que les précédents. Le film propose plusieurs histoires en parallèle qu’il alterne avec une certaine fluidité. Dans chacune d’elle, le comique est de mise, principalement de situation, mais surtout complètement absurde. Les scènes font progresser chaque narration, tout en gardant un décalage constant et appréciable.
Ainsi se mêlent les aventures d’un aspirant réalisateur (Alain Chabat) qui a une idée de scénario et la propose à un producteur (Jonathan Lambert, impeccable!), d’une petite fille qui trouve une mystérieuse cassette vidéo bleue et d’un chroniqueur TV qui pense avoir une maladie de peau. Entre autres.
On constate qu’elles se rapportent toutes à l’audiovisuel, et bien entendu les histoires sont intimement liées. Les ramifications se forment petit à petit, un personnage en croise un autre, alors même que chaque séquence semble être dans une autre réalité que la précédente. Le long-métrage propose une montée en puissance du n’importe quoi (mais toujours très juste et très drôle !) et brouille les frontières entre rêve, fiction et réalité. A l’apogée de ce crescendo de situations farfelues, les thèmes les plus chers à Quentin Dupieux ressurgissent : la mise en abyme indémêlable et la réflexion sur le cinéma.
Réalité est aussi efficace à déclencher le rire entre amis qu’à provoquer des réflexions intimes. Il faut mettre de côté sa rationalité, et se laisser portée par l’inventivité. Le film n’a probablement pas de sens, mais c’est ce qui fait sa force : à chercher un fil logique, on tombe sur des idées sous-jacentes qui méritent qu’on leur accorde réflexion. Bref, un film audacieux et réussi !