Bloodline // Saison 1. Episode 1. Part 1 (Pilot).
Créée par Todd A. Kessler, Daniel Zelman et Glenn Kessler, à qui l’on doit l’excellente Damages, Bloodline est un changement de direction pour les trois scénaristes bien que l’on retrouve aussi des éléments qu’ils ont su maîtriser dans leur précédente série : les secrets de chacun, les flashbacks et flashwards. Avant de proposer la série à Netflix, ils ont travaillé d’arrache pied afin de nous offrir une série de qualité. Une fois proposé, la série a été directement commandé. Ce qui me fascine dans ce premier épisode (et qui pourrait bien me fasciner dans les suivants s’ils sont du même acabit) c’est la façon dont tout ce que l’on voit à l’écran est important. Rien ne semble être laissé au hasard. Bloodline ressemble à plusieurs choses que l’on a pu voir sur les écrans, que cela soit The Affair (Showtime) ou encore Point Pleasant (FOX) sans l’aspect fantastique pour cette dernière. Johan Renck a su mettre en scène cet épisode de façon intelligente, cherchant à mettre en avant tout ce qui peut réellement servir le récit et apporter à certains détails quelque chose d’important, une vraie esthétique en somme. Celui qui a déjà travaillé sur The Walking Dead, Breaking Bad ou encore Vikings connaît donc les codes afin de donner à une série un visuel différent des autres.
Les blessures et les secrets d'une famille remontent à la surface avec l'arrivée d'un des membres de la fratrie, perdu de vue depuis longtemps... et toujours considéré comme le vilain petit canard.
La façon dont ce premier épisode évolue est assez étonnant dans son ensemble, car l’on sent que tout ce qui se passe sous nos yeux est fait pour que l’on ait l’impression que tout est maîtrisé de A à Z et pas seulement du début du pilote à sa fin, mais du début de la série à la fin de la saison 1. C’est impressionnant. A l’ouverture, l’épisode nous présente un flashforward. Il pleut, c’est sombre, mais l’on sait tout de suite dans quelle partie des Etats-Unis où l’on est. On voit les marécages poisseux et l’on retrouve alors l’ambiance des Everglades. Mais au delà de ça, nous avons aussi la voix de Kyle Chandler (Friday Night Lights) qui est là pour donner des explications (j’ai vu un peu de Revenge dans cette idée là, même si je ne pense pas que Revenge ait inspiré qui que ce soit dans Bloodline). On ne sait pas trop ce qui s’est passé, pourquoi John a tué son frère (et s’il est le seul à l’avoir fait) mais en tout cas, l’ambiance est tout de suite saisissante, en grande partie grâce au visuel et à la façon dont cela nous est présenté. On comprend par la suite très rapidement que le but de Bloodline est de nous plonger au fin fond d’une histoire de famille. La famille Rayburn est heureuse jusqu’à ce que le frère que tout le monde aimerait oublié refait surface.
C’est une base très classique, notamment pour une série mais la façon dont Bloodline utilise cette histoire nous permet de voir les choses de façon très différente. C’est quelqu’un d’étrange sur les bords, que l’on a parfois un peu de mal à cerner, mais qui justement permet de donner à Bloodline l’occasion de créer un véritable personnage mystérieux qui risque bien de faire sombrer le monde de nos personnages dans le chaos et le chaos c’est la mort de ce frère justement, qui intervient plus tard. Bloodline parvient à conserver un certain intimisme dans sa façon de voir les choses. C’est quelque chose qui est remarquable car ils auraient très bien pu tomber dans le too-much très rapidement, comme Revenge a parfois pu le faire en voulant nous introduire d’un coup trop de choses sans prendre forcément le temps de les développer petit à petit. Ce n’est pas un premier épisode parfait du début à la fin, notamment car à certains moments la série prend son temps, dans l’exposition des personnages, et ce n’est pas toujours fait avec la passion qu’il faut, mais l’ensemble reste malgré tout efficace et donne surtout envie de voir la suite. Les créateurs ont compris les enjeux d’une série Netflix, la série que l’on a envie de suivre d’épisodes en épisodes. Le mystère n’est donc pas encore totalement bien ficelé mais l’ensemble reste suffisamment intrigant pour donner envie de revenir, ne serait-ce que pour les liens familiaux très justement.
Note : 8/10. En bref, un premier épisode suffisamment curieux et fort pour donner envie de voir la suite.