Le plateau du Götterdämmerung est digne de ce grand chef, avec des choeurs époustouflants au deuxième acte. Stephen Gould maîtrise vocalement la longue et difficile partie de Siegfried avec une telle énergie et un tel brio qu´on en oublie le hiatus de sa corpulence en rapport au rôle. Petra Lang joue Brünnhilde avec un engagement scénique remarquable de présence, bien que ses mimiques canines carnassières soient assez univoques dans l´expression de la hargne et de la colère. Elle dispose d´une puissance, d´un volume et de montées à l´aigu impressionnants, avec néanmoins un problème important de diction au point que le texte part souvent en bouillie, et qu´il faut alors se référer aux surtitres pour en capter le sens, mais l´intensité dramatique du personnage est parfaitement rendue. On ne peut cependant s´emp mars et les êcher d´évoquer la sublime interprétation de Nina Stemme qui avait subjugué l´auditoire il y a trois ans. Hans-Peter König interprète un Hagen calme et solide, sans véritablement d´animosité ni de hargne, avec les magnifiques graves de sa voix puissante et chaleureuse. Anna Gabler, qui interprète d´abord le rôle de la troisième Norne, joue et chante avec bonheur une Gutrune complètement déjantée. Son frère Gunther est chanté par l´excellent baryton Alejandro Marco-Buhrmester, qu´on a déjà pu entendre dans le rôle dans le Ring de Castorf à Bayreuth. On retrouve avec plaisir l´Albérich de Tomasz Konieczny, qui a triomphé dans le rôle dans l´Or du Rhin. Okka von der Dammerau mérite une mention très particulière en première Norne et plus encore en Waltraute qu´elle chante avec une fulgurance et un talent tels qu´elle en vole la vedette à Petra Lang. Le public le lui a bien rendu, qui lui a réservé un triomphe d´applaudissements, de bravi et de trépignements. Après son Erda et cette magnifique Waltraute, deux rôles qui la consacrent de manière définitive, on attend sa Geneviève dans le Pelléas et Mélisande de cet été, et on rêve de l ´entendre bientôt dans un grand rôle de mezzo. Enfin, les harmonies vocales des filles du Rhin (Hanna- Elisabeth Müller, Jennifer Johnson qui chante aussi la deuxième Norne, et Nadine Weissmann) confinent au ravissement.
Par dessus tout, ce Crépuscule d´une beauté déchirante consacre la suprématie et le charisme wagnérien de Kirill Petrenko.
Agenda
Götterdämmerung au Théâtre national de Munich, le 29 mars, et les 2 et 5 avril. Places restantes pour les deux dernières représentations.
Crédit photographique: Wilfried Hösl