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La longue nuit syrienne

Publié le 20 mars 2015 par Fabianus

LA LONGUE NUIT SYRIENNE
Des chercheurs de l’université de Wuhan, en Chine, ont publié des photos qui témoignent que depuis quatre ans, durée de la cruelle guerre en Syrie,  l’éclairage a diminué sur la terre de Damas.
Le  nombre de lumières visibles sur la Syrie la nuit aurait chuté de 83% depuis le début de la guerre en mars 2011.
Les clichés successifs témoignent d’une extinction des feux, progressive, inexorable.
«La Syrie est entrée dans l’âge des ténèbres, littéralement et métaphoriquement», a expliqué l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband, aujourd’hui président de l’International Rescue Committee, membre de la coalition #withSyria.
Les ténèbres qui gagnent et l’impasse qui gronde.
Les données sont implacables : Bachar Al-Assad, tortionnaire invétéré, cherche à conserver son trône de Damas pour éviter le chaos à son pays. En face de lui, outre les insurgés de la première heure (abreuvés de jasmin tunisien) se dresse Daech, la terreur djihadiste, assoiffé de pétrole et de sang et qui, de sa folie sunnite cherche à déloger le chiite minoritaire (alaouite) qui se maintient sur un fauteuil avec, parfois, l’aval complaisant d’un Kerry, le secrétaire d’Etat américain.
Ce dernier a, récemment déclaré « qu’au final, il faudra négocier »
Donc négocier avec le Diable pour éviter que d’autres démons ne s’installent en faiseurs de Califat. C’est déjà oublier les morts des premiers combats, ceux d’Alep, ceux de Homs. Ceux qui croyaient à la révolution des printemps arabes, avec fierté et convaincus de leur juste cause.
Daech,  en s’ingérant sur le théâtre syrien a volé la révolution des premiers martyrs et plongé le pays dans un inextricable chaos.
La nuit gagne du terrain et avec elle l’espoir de toute solution révolutionnaire par tant d'atermoiements des gendarmes du monde. Les réfugiés s’abritent dans des camps de fortune quand ils ne cherchent pas à fuir pour gagner un occident sourd à leurs plaintes.
Un occident qui se contente de frapper l’Etat Islamique et devient, en quelque sorte, un allié de Bachar.
Les ténèbres gagnent, enveloppant dans leur linceul l’âme moribonde d’une révolution et l’honneur d’un Occident désormais retranché dans ses calculs endogènes qui dicte sa passivité. Des petites lucioles Dont on brûle les ailes Les plaisirs qui s’envolent Dans le désert de fiel.
La nuit dans sa noirceur Arrache l’espérance Étend ses bras de peur Musclés de malfaisance
Quatre ans d’ombres gravées Par le soleil de plomb En toute impunité Au rythme des canons
Quatre ans  d’obscurité Brodant sa taie de nuit Où dorment rescapés Les enfants démunis.
Bachar au trône rouge Par le sang retombé Néant ; plus rien ne bouge Hormis l’indignité
Le djihadisme fou A volé aux rebelles Justesse du courroux L’ire insurrectionnelle.
Daech, fleuve sunnite Menace la vallée D’essences alaouites Aux relents pétroliers.
Et le roi de Damas Sous ses draps tortionnaires Sans déplaisir amasse Lauriers velléitaires.
Kerry fait du Syrien L’impossible garant D’un savoir prétorien A briser le néant !
Traiter avec Satan Pourfendant ses rivaux Tandis que la nuit fend Les plus frêles halos.
Quatre ans de nuit croissante Coupés de feux follets Dans l’angoisse oppressante De faisceaux meurtriers
La damnée  ténébreuse En son cri étouffé Gît sous les nébuleuses D’un monde anesthésié.
Sous les tentes précaires Qui dans l’oubli s’amassent Tant d’espoirs mortifères Dansent au gré des menaces
Tourbillonnent en l’esprit D’une révolution Dont la démocratie Fit fugace horizon
Quatre ans de nuits rougies Par le feu et le sang Ténèbres infinis Comme un gouffre béant.


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