Le Galaxy S6 de Samsung, un téléphone sans saveur

Publié le 20 mars 2015 par _nicolas @BranchezVous
Exclusif

Sans surprise, Samsung renouvelle une fois de plus son téléphone haut de gamme. Mais pourquoi ces choix radicaux en lui retirant nombre de ses atouts qui ont fait son succès?

Le Galaxy S6 va-t-il vous faire regretter votre S5? Pas si sûr. Pour son nouveau téléphone, Samsung n’a rien trouvé de mieux que de s’aligner sur la concurrence au lieu de se démarquer. Au programme donc, un design abusivement proche de l’iPhone 6, avec des caractéristiques et une conception – là encore – dans le plus pur esprit Cupertino.

Design et prise en main

La prise en main est excellente, mais son revêtement arrière trop lisse fait en sorte que le téléphone glisse facilement.

Que dire du design, outre qu’il ressemble au premier abord comme deux gouttes d’eau à celui de l’iPhone 6? Les côtés ont bénéficié d’une arête supplémentaire plutôt maladroite, histoire de dire «nous n’avons pas copié», et le dos n’est pas en métal. La caméra arrière se démarque toutefois, créant une petite bosse. Si l’effet n’est pas des plus heureux, il se glisse et se retire d’une poche sans accroc. Heureusement, la façade laisse rapidement deviner pour les habitués de la marque que c’est un Samsung, avec son bouton rectangulaire et ses divers capteurs sur le haut.

Cette troublante ressemblance avec Apple est renforcée par le choix très discutable de Samsung de restreindre désormais l’accès à la batterie (qui ne peut être remplacée facilement) et de supprimer le lecteur de carte Micro SD.

La prise en main est excellente, mais son revêtement arrière trop lisse fait en sorte que le téléphone glisse facilement. C’est le même problème dont est affublé le Xperia Z3. Bref, ne le posez pas sur une surface inclinée, et évitez les petits coups brusques lorsque vous le manipulez : il pourrait suivre le mouvement.

Caractéristiques techniques

Écran 5,1 pouces QHD Super AMOLED
1 440 × 2 560 pixels (577 ppp)

Système sur puce Exynos 7420
Cortex-A53 quadricœur de 1,5 GHz
Cortex-A57 quadricœur de 2,1 GHz
Mali-T760

Mémoire vive 3 Go

Espace de stockage 32, 64 ou 128 Go

Caméra principale 16 mégapixels en mode photo (ƒ/1.9)
1080p, QHD et UHD en mode vidéo
Autofocus, auto HDR, mode panoramique, stabilisateur optique de l’image et flash LED

Caméra frontale 5 mégapixels en mode photo
1080p en mode vidéo

Batterie 2 550 mAh (pratiquement inaccessible)

Connectique USB 2.0 et port infrarouge

Également NFC, AGPS et GLONASS

Système d’exploitation Android 5.0.2 Lollipop (avec Touch Wiz)

Dimensions 143,4 × 70,5 × 6,8 mm

Poids 138 grammes

Couleurs Blanc perle, noir saphir, or platine et bleu topaze

Matériel

Son écran de 5,1 pouces a la même dimension que celui du Galaxy S5, mais passe du 1080p au QHD, soit 2 560 × 1 440 pixels. J’ai apprécié ce confort supplémentaire, mais la différence est quand même minime. C’est surtout visible lorsque l’on consulte les photos et vidéos, qui sont un peu plus agréables à regarder. Il faut également prendre en compte que l’écran est superbe et les couleurs enfin assez juste en comparaison à ses prédécesseurs qui avaient tendance à fausser les couleurs pour un affichage plus flatteur. Bref, l’écran du Galaxy S6 est superbe.

Il en va autrement du son qui passe par un seul haut-parleur (comme sur l’iPhone) et qui dérange réellement l’oreille à l’écoute. C’est mauvais et très désagréable : on n’a qu’une envie, couper la vidéo ou y brancher des écouteurs. De ce côté d’ailleurs, le Galaxy S6 possède une excellente sortie audio, comme ses prédécesseurs. Mieux encore, il est compatible avec les casques destinés à l’iPhone, sauf en ce qui concerne les commandes sur le fil.

C’est lorsqu’on se sert de la caméra que l’on comprend cette protubérance sur le dos, et qu’on la pardonne. Comme à son habitude, Samsung a soigné cette fonction avec toujours un capteur de 16 mégapixels, mais dont la qualité est davantage accrue dans les détails. Cependant, si les photos avec une faible luminosité sont bien rendues au premier abord sur l’écran, on perd vite en détail lorsqu’on les observe sur un ordinateur. Comme toujours, la faible luminosité reste l’ennemi de ces capteurs, mais celui-ci s’en sort bien mieux que la majorité de ses concurrents. La qualité vidéo est également excellente. Mention spéciale au stabilisateur d’image, qui fait un travail remarquable.

L’absence d’un lecteur de carte Micro SD est surprenante, surtout lorsque l’on considère que HTC est revenu sur sa décision avec le M8 après de nombreuses plaintes. Selon Samsung, ce n’est pas une priorité pour les consommateurs puisqu’ils peuvent gérer leurs contenus dans le nuage. Ce n’est toutefois pas Samsung qui paie leur forfait de données.

La protection contre l’eau et la poussière passe également à la trappe, sacrifiée sur l’autel du design.

Logiciels intégrés

Bonne nouvelle, l’interface de Touch Wiz est plus agréable à utiliser. Trop chargée par le passé avec ses multiples options et fonctions, Samsung a fait le ménage afin d’offrir quelque chose de plus aéré.

Côté logiciels intégrés, outre l’indispensable Hancom Office ou les habituels enregistreurs vocaux, calculatrice, lecteurs audio et vidéo, Samsung n’a pas oublié d’inclure S Health et un magasin d’applications dédiées au Galaxy. On note toutefois la possibilité de créer des thèmes bien plus variés que par le passé, une tendance née chez la concurrence. Au final, Samsung en offre plus que ses concurrents sous Android, et a rattrapé son retard sur la personnalisation de l’interface.

Performance

Son système sur puce Exynos 7420 est une bête de guerre. Comme il faut s’y attendre, il est à l’aise dans toutes les situations.

Son système sur puce Exynos 7420 est une bête de guerre. Composé de deux processeurs quadricœurs et d’un processeur graphique, il est gravé avec une densité de 14 nanomètres, ce qui le démarque des 20 nanomètres du Snapdragon 810, son principal rival. Il chauffe certes, mais moins qu’un Nexus. Du côté du confort d’utilisation, ce processeur est comme il faut s’y attendre à l’aise dans toutes les situations. Il lance et charge les jeux et applications en un clin d’œil, les jeux 3D sont toujours fluides et l’on peut utiliser nombre d’applications en même temps sans qu’on en sente le poids.

En fait, il n’y a pas de réelle surprise puisque l’on attend d’un téléphone haut de gamme cette puissance comme on attend de la puissance dans la plus dispendieuse des Mustang, et comme Ford, Samsung met le paquet en matière de puissance dans son haut de gamme.

Autonomie

Une fois de plus, Samsung n’a pas lésiné sur l’autonomie. Lors d’une utilisation intensive LTE + Wi-Fi, en effectuant de nombreux appels et la lecture de vidéos et de fichiers musicaux, il tient très bien la journée, avec en réserve suffisamment d’énergie pour durée toute la nuit. Avec une utilisation modérée, comptez deux jours, tandis qu’en mode veille, il dépassera les quatre à cinq jours. Pour vous faire une idée, une heure de conversation utilise en moyenne 20% de la batterie selon nos observations.

Comme le Galaxy S5, le S6 est pourvu d’un mode low energy qui consomme un minimum lorsqu’il reste peu d’énergie afin d’étirer au maximum son fonctionnement. La cerise sur le sundae? Il se recharge très vite. En quelques minutes, vous atteignez les 20% avec un chargeur classique. Il mettra par contre plus de temps pour recharger le reste de la batterie.

Conclusion

Même si Samsung a complètement changé de voie avec le Galaxy S6, il n’en reste pas moins que Samsung sait faire des téléphones, et que le Galaxy S6 constitue un excellent smartphone si on se base sur ses fonctionnalités, sa puissance et la qualité de certaines de ses composantes comme l’écran.

Mais en reprenant nombre d’éléments d’Apple à commencer par le design, il a tout simplement perdu son âme, et est même devenu bien moins intéressant que nombre de ses concurrents, à commencer par le LG G3. Seules la version Edge avec son écran original et la version robuste du Galaxy S6 Active qui arrivera bientôt sur le marché méritent l’attention.

Pire, en copiant le design Apple, et en supprimant la batterie amovible et le lecteur de carte Micro SD, c’est comme une façon d’avouer pour Samsung qu’Apple avait raison. Raison de faire plus d’argent avec un appareil qui a 3 ans de durée de vie. Raison d’inciter les consommateurs de renouveler à un rythme plus soutenu leur appareil en raison d’un design devenu obsolète rapidement et d’une batterie qui flanche. Raison d’attacher son téléphone à un service dans le nuage pour transférer ses données.

Mais selon Samsung, une batterie amovible et un lecteur de carte Micro SD n’est pas important pour ses clients. Peut-être bien, mais c’est justement ce qui distinguait Samsung de ses concurrents. Désormais, on se retrouve essentiellement devant un clone de l’iPhone 6, mais propulsé par Android. Entre un original et une copie vendue à un tarif similaire, l’Histoire nous a souvent démontré que les gens préfèrent toujours l’original.