Il y a quelques années la philosophe (puisqu’il faut bien mettre des étiquettes aux bocaux) Michela Marzano publiait un essai intitulé « La pornographie ou l’épuisement du désir ». Pour faire bref, un ramassis de débilités moralisantes plus absurdes et absconses les unes que les autres, ne visant qu’une chose, effrayer mémé, et rajouter un peu de plus de matière à cette merde flippée qui fait le quotidien du paysage intellectualo-médiatique qu’on nous donne à biberonner jour après jour (je ne saurais que vous renvoyer à cet excellent article intitulé « pourquoi les intellectuels français nous foutent les jetons », ici). Juste pour rigoler, allons-y pour la quatrième de couve :
Alors que l'érotisme met en scène le mystère du sujet et de la sexualité, la pornographie flatte le voyeurisme et livre au regard un corps morcelé, privé de visage. Plaçant le spectateur dans le registre de la sensation et de la consommation, elle efface le désir lui-même. Elle conduit à l'asservissement et à la disparition de l'humanité de l'homme. Loin d'être un rappel à l'ordre, le livre de Michela Marzano permet de distinguer les enjeux éthiques qui sous-tendent les représentations du corps humain, et offre un plaidoyer pour la liberté et la responsabilité, afin que l'autre demeure celui dont la rencontre nous conduit au meilleur de nous-mêmes, voire au-delà.
La question n’est pas de s’intéresser à ce que Marzano dit, écrit, pense. C’est secondaire. Le primaire ici, c’est comprendre que Marzano est dangereuse. Et qu’elle tient peut-être entre ses mains le plus grand des dangers dangereux, celui qui consiste à se dire que l’on fait le bien des autres (ou, à cocher : de la société, de la civilisation, de l’humanité de l’homme…). Couplé à ce danger au carré de faire le bien à raison, d’avoir le droit, la crédibilité et les outils pour (look at my resume, pliz).
Je n’ai pas réussi à remettre la main sur cette citation, d’Haldane je crois, disant que les bénitiers et les marches des églises ruisselaient du sang de ceux dont on avait voulu faire le bien. Marzano a son église, ses fidèles, elle parle à la télévision en experte, comme ici (extrait ci-dessus - je précise que ce n'est pas Marzano qui parle...).
Pour nous dire avec ses mots si clairs la conclusion qui s’impose, en marbre : interdisons la pornographie, mettons des filtres, des barrières, pourquoi par avec des barbelés (l’écorchement vaut si peu face au traumatisme, à la violence des images, à leur effet sur des esprits qui ne savent pas ce qu’ils pensent). Pour la simple et bonne raison qu’il lui est impossible de concevoir, dans son cerveau nourri à la déontologie maximaliste, qu’au-dehors du monde du CNRS, il y a aussi des gens qui ne pensent pas comme elle, qui ne vivent pas comme elle, qui ont d’autres valeurs, qu’on appelle ça le pluralisme, le fait d’avoir des modes d’existence propres sans s’imaginer qu’il serait bon de les imposer à tous.
Et bien si ça existe. Evidemment pas dans un documentaire où un montage, une musique, des commentaires nous font état d’affreuses libertines masquées confessant vouloir se faire embrocher comme des bouts de viande et qui, la morale est sauve à la fin, avouent se voir terminer avec un mari, des enfants, et un labrador.
Marcela Iacub estime que ce genre d’attitudes, de pensées, de mises en scène reflètent un chant du signe. Qu’on crie plus fort à mesure que les repères éclatent de tous bords. En bref, quoi que Nadine Morano décide, la marche de la liberté, du pluralisme et de la banalisation est active, on pourrait difficilement l’arrêter. Je ne crois pas être aussi optimiste qu’elle – enfin, ça dépend des jours.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 09 septembre à 02:19
peggoche où l'art de laver le cerveau . Malheureusement pour vous, les Hommes savent se servir de leur cerveaux.