le problème Mélenchon
Dans la série faisons nous encore des amis dans notre " propre " famille politique, je demande le fils : il est rebelle, indiscipliné, dans la contestation permanente, ne connait pas le sujet dont on cause mais entre quand même dans le débat pour le plaisir de critiquer et de se confronter à la parole adulte. Car enfin, faisons l'effort de sortir un peu de l'entre-nous des gens politisés et (sur) informés. Mettons nous donc un instant à la place d'un individu lambda peu politisé, tel que ce jeune homme, demandons nous ce qu'il pense et ressent lorsqu'il écoute la radio, regarde la télé, lit dans les journaux ou sur des sites d'information des choses sorties de leur contexte sans les arguments qui vont avec... S'il ne va pas plus loin que les titres, comme le veut la pratique courante à logique hautement consommatoire à débit rapide qu'est le le fait de surfer sur internet, quel va en être l'impact sur lui ?
source source... ou ceci :
Que croyez vous que le jeune rebelle en question puisse penser de Mélenchon, et par rebond du front de gauche s'il le rattache (comme c'est le cas de beaucoup) à ce mouvement, n'en connaissant probablement pas (statistiquement parlant) d'autres personnalités aussi visibles qui pourraient contrebalancer son jugement ? Ne court-on pas là le risque de le voir rester, lui ou un(e) autre, à la surface de ces déclarations isolément choquantes ? Son premier réflexe ne va-t-il être de se dire : " c e Mélenchon là nous demande donc de nous acoquiner avec un dangereux dictateur sanguinaire ? Il ne vaut pourtant pas mieux que ceux qu'on prétend combattre ! ". N'y a-t-il pas un danger à produire cette autre déclaration qui en écho, dans la tête du passant de l'information qu'est ce jeune dilettante risque de penser qu'on lui demande d'aller risquer sa peau pour l'équilibre du monde, alors qu'il n'a même pas les moyens de partir en vacances ? Croyez vous qu'ayant vaguement entendu parler en outre de l'histoire de Nemstov et de celle de Buisson, il va se faire une opinion particulièrement exacte et positive de ce qu'est le front de gauche ? Et si on y rajoute, pour en remettre un couche, le story-telling habituel construit par ses adversaires et des médias peu scrupuleux ¹, croyez vous que cela incite beaucoup le jeune homme que j'évoque ici à devenir sympathisant du front de gauche, quand bien même il aurait éventuellement la vague envie de s'engager ? Je pose là cette question, sur ma table personnelle... A vous de vous en emparer, ou pas. Pour certains, aveuglés par leur attachement inconditionnel à un homme plutôt qu'à des idées, ils balaieront ce billet d'un revers de la manche. Voire pour les trolls habituels, m'agresseront sans réfléchir. Pour d'autres, ils s'attacheront à me convaincre que tout cela est accessoire, futile, qu'il ne faut pas personnaliser la politique, que le culte du chef, c'est fini, etc etc, et que je fais fausse route. Tout cela est étranger à ce que je tente de faire passer ici comme message, et ne m'atteindra donc pas. Je dis simplement sans entrer dans le fond (sur lequel j'ai bien sûr moi aussi mon opinion personnelle) qu'à force de s'adresser aux gens comme s'ils maîtrisaient parfaitement certains sujets, comme s'ils étaient aussi politisés que nous (ce qui n'est clairement pas le cas de la majorité de nos concitoyens malgré le développement formidable de l'accès à l'information par le biais d'internet) on finit par ne plus être en phase avec son potentiel électorat et ses sympathisants. On ferait mieux de se la fermer. Car la majorité de ceux qui les reçoivent perçoivent ce genre d'interventions de manière négative, et choquante. Surtout si l'on tient compte de surcroît du fait que ces déclarations passent ensuite par des filtres médiatiques et personnels qui sont les leurs... Quand ce ne sont pas ceux qu'une presse médiocre a mis en place pour eux. Un système médiatique donc qui dessert le front de gauche. Il faudrait cependant arriver, enfin, à penser que ce n'est pas du seul fait d'une mauvaise presse. C'est aussi de la responsabilité d'un homme de plus en plus isolé, ou qui n'agit pas suffisamment en concertation avec les autres acteurs clés du Front de Gauche, et se perd dans des prises de position personnelles ou " partisano-centriques ". Un homme qui, il faudrait bien qu'il s'en aperçoive et en tienne compte dans son mode d'intervention, de par sa grande visibilité, n'est plus THE candidat à l'élection présidentielle, mais un membre parmi d'autres de notre famille politique. Et cette famille ne pourra évoluer favorablement si elle n'est perçue qu'à travers les déclarations habituellement fracassantes de Monsieur Mélenchon, qui sont un frein à notre évolution politique, je le maintiens, persiste, et signe. Le mouvement social, politique et sociétal d'ampleur (dans la lignée de Syriza et Podemos) que nous souhaitons tous voir advenir pour mettre un coup d'arrêt à la politique désastreuse de Hollande comme ce fut pareillement le cas de celle, précédente, de Sarkozy, implique et oblige au dépassement d'un homme seul, fut-il brillant. Surtout quand ce dernier prétend avoir une grande maîtrise de sa parole (cf. sa réputation de tribun) et de l'utilisation des médias... Alors qu'il occulte la dimension de l'impact de sons discours sur les gens faiblement politisés. Par ce genre de déclarations dont il est si coutumier, il met en danger l'expansion de nos idées. Les positionnements personnels doivent s'arrêter, et la parole du collectif front de gauche, si elle peut encore exister et perdurer (ce dont je doute en l'état actuel des divisions partisanes) se faire davantage visible de manière multiforme, par différentes autres voix alternatives. Le renouveau du Front de gauche est à construire. Et pas sur un homme seul, ni même sur d'autres, hommes ou femmes, qui font de la politique une profession à vie. Les gens, dans leur immense majorité, même s'ils sont silencieux, souhaitent un vrai renouvellement, et ne veulent plus de cette ancienne façon dépassée de faire de la politique. Et pas seulement à gauche d'ailleurs...
¹ médias dont en passant la doctrine libérale et les intérêts matériels et financiers risquent fort de pâtir du développement des idées du Front de gauche, les bousculant un peu trop dans leurs habitudes et leurs pratiques, et qui donc ne ratent jamais une occasion de le salir...