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Will Butler: Renouveau à l’américaine?

Publié le 20 mars 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Will Butler

Policy

Merge Records

***

580

Souhaitant visiblement se distancier le plus possible de la sonorité caractéristique du groupe qui l’a fait connaître, Will Butler atteint tout à fait l’objectif avec Policy, son premier album solo.

Après avoir passé la grande majorité de sa carrière accroché aux projets de son turbulent frère, Butler s’en démarque réellement pour la première fois en 2014, alors qu’il signe avec Owen Pallett la fantastique bande originale du film Her (2014), BO d’ailleurs nommée aux Oscars comme meilleure musique de film. Avec une si belle introduction, il aurait été dommage de voir l’auteur-compositeur-interprète s’éloigner de ses nouvelles sonorités de rock américain qui, à défaut d’être entièrement novatrices, lui permettent du moins de se démarquer de celles d’Arcade Fire.

Toutefois, scandant ses inspirations sur tous les toits, Butler finit par sombrer dans son propre piège: s’éloigner d’une trop forte influence pour se rapprocher d’une autre. Difficile en effet d’écouter cet album sans faire le rapprochement avec les grands canons du folk-rock américain, à commencer par Violent Femmes.

Take my side, première pièce de l’album, donne tout de suite le ton: on se dirige vers un album de rock abrasif, fortement teinté d’americana et de la chaleur des praires de nos voisins du sud. Il faut toutefois reconnaître que ce n’est pas tout ce que nous offre le musicien. Un intéressant ajout de piano, réellement omniprésent sur l’album, vient rythmer la plupart des chansons, remplaçant les riffs de guitare à la manière du Jerry Lee Lewis enragé des grandes années rockabilly. L’image est encore plus forte dans la pièce de fermeture, Witness, où des chœurs féminins et un fantastique solo de saxophone concluent en beauté notre voyage dans le temps.

Autre fait à souligner: l’énergie saturée de ces deux chansons n’est pas maintenue sur tout l’album, permettant judicieusement aux auditeurs de respirer un peu. Butler adoucie le ton avec quelques ballades toutes en douceur, notamment Finish What I Started ou la très belle Sing to Me, un des principaux succès de l’album.

C’est justement cette dynamique de tension-relâchement entre chaque chanson qui réussit à caractériser l’album, le différenciant un peu de ses influences premières pour lui donner un aspect plus actuel, sans néanmoins rappeler l’impeccable construction de Neon Bible, sur lequel il a travaillé il y a déjà huit ans.

En résumé, Policy est donc un album qui agit comme une déclaration faite par un artiste souhaitant se distancier de ceux qui l’ont fait connaître, ayant atteint la visibilité et le talent nécessaire pour réussir dans sa quête. Celui qu’on reconnaissait surtout comme le claviériste et bassiste d’Arcade Fire est aujourd’hui devenu Will Butler, le rockeur hipster au cœur tendre, un rebelle intelligent qui signe avec cette première offrande un beau premier pas.


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