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Fichu Printemps des poètes

Par Lise P. @Fichupoeme

Il y a le mot " printemps " et le mot " poète ", alors forcément l'association des deux c'est frais, c'est jeune, c'est swag.

Fichu Printemps des poètes

Et en effet, ça peut l'être ! Le fond, en premier lieu : cette année le thème est " l'insurrection poétique ". Insurrection fait résolument écho à l'actualité de ces derniers mois en France, mais en même temps ce concept reste confus. Parce que s'insurger contre la guerre contre les nazis, ça c'est un thème poétique pour nous, hommes du 21ème siècle. Presque romantique. On y tient, à nos ennemis passés et à nos résistants oubliés. Seulement s'insurger contre des situations actuelles, oulala, attention ma petite dame ! Le politiquement correct t'englue la plume avant que tu aies pu écrire la moindre protestation. Est-ce que c'est poétique de s'insurger contre les massacres de Boko Haram ? comment mettre en rime la montée des partis extrêmes en Europe ? comment chanter les gloires de la liberté, comme l'Eluard, à l'heure de l'ultra-sécuritarisme ? J'ai moins d'inspiration d'un coup.

Et pourtant. Pourtant il y en a. Pourtant il en faut. Donc thème osé pour cette année, mais peut-être un peu schizophrène quand on voit le manque de liberté d'expression à l'ère des chaines d'information continues (" Comment avez-vous osé dire ça ? Que pensez-vous de cette déclaration ? Dites-nous quelque chose qui va faire le buzz. " ) Oui parce que la poésie, c'est l'opposé de ces chaines de zapping. La poésie engagée prend du recul. Elle est dans le jugement, mais le jugement universel. Évidemment Hugo ou Desnos en sont de bons exemples. Et mon manque de culture en poésie actuelle m'empêche de donner des exemples plus récents.

Parce que sur la forme, c'est un peu ça le problème du Printemps des poètes. C'est sans doute trop discret, à l'image de la poésie au sein de la littérature : indispensable mais oubliée. S'il y a de grands événements organisés, c'est à Paris ou dans les grandes villes qu'il faut aller. A côté de chez moi, il n'y a qu'un seul événement. Mais un événement tout de même, porté par une association de quartier, qui doit sans doute être animé avec la fougue de ceux qui ont peu de moyens. Disons que pour atteindre ce printemps des poètes, il faut VRAIMENT aller le chercher. Bien que relayé par les médias, on ne peut pas dire qu'on en entend autant parler que du Hellfest ou du festival d'Angoulême. C'est peut-être ça le problème : en voulant que la poésie soit partout, elle est n'est nulle part. Peut-être faut-il la rassembler vraiment en un seul lieu, à l'image du petit marché de la poésie qui a lieu chaque année place Saint Sulpice à Paris. Ou peut-être que la poésie moderne est vouée à rester dans l'ombre de la littérature, ce qui est vraiment dommage.

Alors moi, Lise, je m'insurge pour que la poésie moderne soit portée sur le devant de la scène ! Je déplore mon manque de culture de poésie actuelle. Je veux connaître l'Horace d'aujourd'hui, et le prendre dans mes bras pour lui faire un bisou.

Site du Printemps des poètes : http://www.printempsdespoetes.com/

Quelques actualités : Événement à Toulouse, Comment faire publier son poème dans le métro, L'insurrection poétique

Ps. Oui je sais il ne reste que deux jours. Il faut faire vite !


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