Ces jours-ci quelques pièces de la prochaine vente de juin sont présentées chez Christie's.
Parmi elles deux figures retiennent mon attention.
La première, une statue Jukun devenue une "icône" de par sa participation à la dernière grande exposition itinérante sur les arts de la Benue, s'est affichée à Los Angeles, Washington, Stanford et Paris.
Ci-dessous, elle était exposée au musée du Quai Branly il y a plus de deux ans :
Ces grandes statues représentent des chefs de famille et Arnold Rubin a identifié celle qui est exposée maintenant chez Christie's (Collection de la Famille Wall) comme un "portrait" de Wipong, un chef Jukun probablement résidant à Wukari.
Si les formes du corps posent déjà les jalons de la statuaire Mumuye, cette dernière va s'animer.
Les sculptures Jukun gardent une rigueur et une sobriété de lignes.
Mais ce qui est surprenant c'est indéniablement la forme du visage. Cela commence par une certaine austérité, la face est encadrée d’oreilles circulaires développées, la coiffure est faite d’un bonnet, le personnage porte un collier de barbe... mais vue de profil, tout disparait, mettant à jour l'incroyable tracé que le sculpteur a imaginé !
Mais encore... là où un visage peut en cacher un autre, c'est bien avec le masque hyène Bamana Sukuru.
Le front de ces masques est toujours important, dénotant l'intelligence de l'initié. C'est sans compter l'imagination du sculpteur qui conçoit, combine un autre animal et l'on distingue probablement le museau d'un buffle greffé dans cette image anthropo-zoomoprphe. Quid encore de cette corne chargée qui surmonte l'ensemble ?
Représentation composite où se mêlent métaphoriquement diverses qualités des animaux qu'il s'agit d'investir !
Photos de l'auteure. Courtoisy Christie's mars 2015 et musée du Quai Branly, novembre 2012.