Les nouvelles technologies pénètrent les blocs opératoires. Y compris des robots destinés à assister le chirurgien et son équipe au cours d’opérations d’une extrême précision. Comme ceux de Bertin Nahum, président et fondateur de Medtech, entreprise française située à Montpellier et spécialisée dans la robotique chirurgicale. Il est finaliste du Prix Marius Lavet qui sera remis lundi 23 mars.
Un innovateur ?
Ingénieur de formation, Bertin Nahum découvre "par hasard" à l’occasion d’un projet de fin d’études avec l’hôpital neurocardiologique de Lyon la façon dont les technologies peuvent être mises au service de « l’une des choses qui est sans doute les plus nobles ; à savoir soigner les patients ». Au terme de cette expérience, Bertin décide de se diriger vers l’ingénierie médicale. Il commence sa carrière dans une start-up basée à Grenoble, pionnière dans les technologies sur la neurochirurgie. Ses diverses expériences lui permettent d’acquérir une véritable expertise dans les technologies chirurgicales. A quoi s’ajoute le 1er prix d’un concours d’aide à la création d’entreprise de technologies innovantes, organisé par le ministère de la Recherche. La subvention qu’il reçoit, Bertin l’utilise pour lancer Medtech en 2002, sa propre société et concevoir des robots chirurgicaux. " Ce qui m’intéresse et me motive, c’est réfléchir à la façon dont des technologies, robotisées en l’occurrence, peuvent aider à opérer des patients de manière beaucoup plus efficace. "
L’idée disruptive ?
"Lorsque Medtech a été créée, nous avons commencé dans la chirurgie mini-invasive du genou en développant un premier Robot, baptisée Brigitte". Brigitte assistait les chirurgiens dans la pose de prothèses de genoux, de façon mini-invasive ; c’est -à-dire avec des incisions les plus petites possibles. Puis comme beaucoup d’entreprises innovantes, Medtech a été approchée par un groupe américain, Zimmer, leader mondial de la chirurgie orthopédique. Après négociations, l’offre d’achat de Zimmer s’est transformée en offre de rachat du portefeuille de brevets dans ces technologies sur le genou. "Nous avons alors décidé de réinvestir le fruit de cette transaction dans un nouveau programme de recherche au terme duquel le robot Rosa est né". Rosa est une espèce de GPS de quelques 250 Kg qui guide la main du chirurgien dans des opérations extrêmement sensibles du cerveau liées à des maladies comme l’épilepsie, la maladie de Parkinson, la chirurgie tumorale ou fonctionnelle. " Au total, ce sont près de 80% des opérations en chirurgie crânienne qui sont couvertes par le robot Rosa".
D’autres technologies apportent ce type d’assistance mais là où Rosa est innovant " c’est dans ses caractéristiques et ses capacités à travailler en étroite collaboration avec le chirurgien". Mais pour que cette collaboration homme-machine soit la plus efficace, elle nécessite que le chirurgien soit formé. "Un élément très important de notre métier consiste à accompagner non seulement le chirurgien mais aussi l’équipe dans l’utilisation de ces technologies. Ce ne sont pas des ingénieurs et l’objectif est bien sûr de développer des technologies faciles d’utilisation mais également former le personnel à l’intégration de ces technologies dans le bloc opératoire". Raisons pour lesquelles les équipes de Medtech travaillent en collaboration avec différentes équipes médicales à différents stades d’avancement des technologies pour nous assurer que nous restons toujours collés aux besoins et aux contraintes de l’environnement chirurgical. "Mais l’idée du concept provient uniquement de Medtech".
Pourquoi s'y intéresser?
La chirurgie mini-invasive est une approche qui vise à effectuer des opérations au travers d’incisions toujours plus petites. "C’est une vague extrêmement puissante que l’on retrouve dans toutes les spécialités chirurgicales ; aussi bien en chirurgie orthopédique, chirurgie abdominale et bien sûr en chirurgie crânienne". Les bénéfices d’une telle technologie ne sont pas seulement esthétiques mais elles garantissent au patient une meilleure récupération avec moins de douleurs post-opératoires et une réduction du risque d’infections, de saignements. "Mais effectuer ce type d’opérations avec des incisions plus petites nécessite un regain de précision". Et c’est à ce stade que les technologies robotisées développées par Medtech entrent en jeu.
Les technologies robotisées vont à coup sûr jouer un rôle extrêmement important dans les années à venir pour faire face aux challenges de la chirurgie moderne. Des sociétés de robotique chirurgicale, on en parle beaucoup mais finalement il y en a environ 6 dans le monde. La plupart sont nord-américaines, y compris le leader mondial, Intuitive Surgical spécialisé dans la chirurgie abdominale dont la prostate et ce grâce à son robot "da Vinci". Medtech est la seule en Europe sachant qu’il n’y en a aucune en Asie.
En quoi cela nous impacte ?
Après quelques années de commercialisation, plus de 2 000 patients ont déjà bénéficié de la technologie Rosa dans plus de 35 établissements hospitaliers dans le monde dont la France, l’Italie, l’Espagne, les Etats-Unis, le Canada jusqu’en Chine.
En France, la chirurgie crânienne est essentiellement pratiquée dans les établissements publics. "Mais comme nous sommes en train d’étendre l’utilisation de nos robots à la chirurgie de la colonne verticale, nous allons avoir une présence beaucoup plus importante dans les établissements privés puisque ce type d’opérations est plus présent dans les cliniques privées."
Et à l'avenir ?
Pour l’heure, Medtech se concentre sur le système nerveux central : cerveau et moelle épinière." Nous venons de mettre sur le marché une nouvelle génération de Robots Rosa qui est également utilisable pour les maladies de colonne vertébrale". Mais l’idée n’est pas d’être présent sur toutes les parties du corps et de concurrencer les autres acteurs mais plutôt de laisser chaque entreprise se spécialiser dans un domaine de robotique chirurgicale.
Medtech entend donc poursuivre la pénétration de ses robots dans le marché de la neurochirurgie crânienne et de la colonne vertébrale. L’objectif étant de permettre au maximum de patients de bénéficier de la chirurgie mini-invasive facilitée par des technologies telles que Rosa. "L’avancée des techniques chirurgicales sont extrêmement liées à la disposition de nouvelles technologies pour les chirurgiens et donc c’est ce travail main dans la main entre chirurgiens les entreprises telles que les nôtres qui vont permettre de soigner les patients de façon encore plus efficace".