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Mon top 10 Bruges: N°4: le musée Memling Saint Jean

Publié le 19 mars 2015 par Romain Delannoy

Difficile d'imaginer entre toutes ses oeuvres datant de l'âge d'or des primitifs flamands qu'on a pris place dans un ancien hôpital. Et pourtant, c'est bien à cet endroit même que les nécessiteux venaient chercher réconfort dans ce qui est devenu une exposition de peintures et où brille de dizaines de pierreries la châsse de Sainte Ursule.

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Ici, on ne vous soignera pas

Pourquoi dans le top 10? L'une des rares occasions d'entrer dans un hôpital du Moyen Age

Grâce au commerce, la ville s'enrichit comme nous n'avons cessé de le clamer depuis le début de ce top 10. Ce que vous ne saviez pas cependant, c'est que grâce à cela, les bourgeois de la ville en bons chrétiens qu'ils étaient firent don d'une partie de leur fortune pour des actions charitables, en faisant ouvrir en particulier des hôpitaux. Bruges fut une des villes qui possédait le plus d'hôpitaux en Europe, d'autant plus nécessaires que la population croissant. Le Sint-Janhospitaal sur lequel nous nous penchons aujourd'hui, fut le premier d'entre eux mais aussi le plus important de la cité. Il faut d'abord revenir sur la notion d'hôpital qui ne renvoie pas à la même définition que celle utilisée actuellement. En effet, l'hôpital au Moyen Age et pendant la période moderne, et même s'il en prodigue, n'a pas pour vocations premières de soigner. D'ailleurs, nos chers bourgeois préféraient payer un médecin (alors plus hautement considéré que le chirurgien) car on avait plus de chance de survivre chez soi qu'à l'hôpital où se propageaint les épidémies. Il faut attendre la deuxième moitié du XXe siècle pour que la donne change. Dès lors, sa principale mission est d'aider les plus nécessiteux, en leur fournissant à manger, des habits et parfois en leur apportant des soins médicaux. Chaque hôpital était spécialisé. Quand certains s'adressaient par exemple aux personnes âgées, celui où est installé notre musée accueillait les malades, les blessés et les pélerins, lesquels finissaient souvent leur vie dans cette institution. Les soeurs, les chirurgiens et les barbiers (qui pratiquaient la saignée) se pressaient entre la centaine de lits de la salle principale où toutes les opérations se déroulaient. La chambre privée, n'y pensez même pas. Le musée a conservé d'ailleurs pas mal d'outils utilisés à différentes époques et des tableaux figurent sans complexe des opérations, dont une de l'oeil un peu dégueulasse. Vous rierez surement en voyant les différentes planches sur le lavement avec ce drôle d'instrument qu'on enfonçait dans l'anus. On peut également y voir les différentes herbes utilisées par les soeurs dans leur pharmacie. En effet, elles le cultivaient dans le jardin de l'hôpital et étaient dispensées du passage du diplôme. Si les religieuses étaient si importantes, c'est avant tout qu'avant de soigner les corps, la principale mission étaient de laver les âmes.

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Dur le lavement

C'est ainsi que vous découvrirez dans le musée l'une des plus belles châsses du Moyen Age, celle de Sainte Ursule. Dans ce reliquaire, seraient conservés les os de la sainte et de ses mille vierges. C'est un vrai régal pour les yeux des amateurs de miniatures et d'objets incrustés de pierres précieuses. L'histoire se lit comme une bande dessinée sans philactère. Si vous vous promenez encore, vous découvrirez une chapelle qui a succombé à l'art baroque où on priait pour le salut des malades. De là, un retable et des peintures d'Hans Memling jaillissent. N'oublions pas que le musée porte aussi le nom de ce primitif flamand venu exercer dans la prospère cité. Son travail sur les retables, les portraits et les scènes religieuses est bien connu. Mes yeux ont été happés par Le mariage mystique de Sainte Catherine, en particulier la partie droite du retable où les combats des démons et des damnés semblent être tout droit sorti de l'imaginaire d'un hippie des temps anciens. La perspective est quant à elle éblouissante. Bref, il serait fort dommage de passer à côté du deuxième plus beau musée de Bruges, presque caché entre les maisons de brique, où au delà de son attrait artistique, vous enrichirez vos connaissances dans la science du Moyen Age. Il est véritablement passionnant et se visite en peu de temps. Attention à ne pas subir un lavement cependant.

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Soigner les âmes avant les corps


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