Malika Ferdjoukh : Broadway Limited 1, Un dîner avec Cary Grant

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Broadway Limited, Tome 1 : Un dîner avec Cary Grant de Malika Ferdjoukh     5/5(19-03-2015)

Un dîner avec Cary Grant (583 pages) est sorti le 18 mars 2015  dans la collection Médium Grand Format des Editions  L’École des Loisirs.

L’histoire (éditeur) :

1948, New-York. Suite à un malentendu le jeune Jocelyn Brouillard, un français sage, propre sur lui et un tantinet tête-à-claques, intègre une pension pour jeunes filles (son prénom est féminin en anglais). La pension Giboulee, sise au croisement de la 67th rue Ouest et de la 7th avenue, abrite six jeunes filles, toutes animées par leur désir de réussite dans le spectacle. Tenue par Mrs Celeste Merle et sa sœur Artemisia, cette pension d'artistes est interdite à la gente masculine au-delà d'une certaine heure. 
Et encore : ne sont admis que les fiancés officiels uniquement. Alors, bien entendu, il y sera surtout question des autres…

Mon avis :

Je n’irai pas par quatre chemins, Broadway Limited est une véritable pépite ! Un vrai et grand coup de coeur ! Le genre de livre que vous dégusté, que vous ne voulez plus quitter  et dont vous regrettez d’avance qu’il y ait une fin. Pour tout vous dire, j’ai fragmenté ma lecture pour le savourer plus longtemps et avoir ma dose quotidienne (avec la même parcimonie que Jocelyn croque son Toblerone). Il a beau avoir presque 600 pages, j’aurais voulu en qu’il en ait encore plus. Beaucoup plus ! Je me réjouis de savoir qu’il y a aura suite. 

Pourquoi tant d’emballement ? Tout simplement parce que ce roman est une merveille ! Ses personnages sont bien campés, séduisants et terriblement attachants. Toutes les jeunes filles sont pétillantes. Elles insufflent leur énergie, leur effervescence et leur bonne humeur au récit. Elles ont toutes plus ou moins les mêmes rêves, mais sont néanmoins toutes différentes et incroyablement bien dessinées. Car même si certaines se montrent plus discrètes, l’auteure a su créer de vraies personnalités distinctes avec une histoire personnelles et des traites de caractères propres.

La gente masculine, qui est un peu plus en retrait (excepté Jocelyn), gagne tout de même en épaisseur à mesure que l’on avance. Et s’il me tarde évidemment de retrouver toutes la clique de la pension Giboulée dans le tome deux, il y a trois ou quatre jeunes hommes que j’espère aussi vite revoir (Arlan et Jay Jay, je vous attends au tournant !!!).

Le point de départ de l’histoire est un quiproquo plutôt sympa, qui donne tout de suite beaucoup d’entrain au livre et permet de s’attacher très vite à lui. D’abord centrée sur Jocelyn, l’intrigue part rapidement dans plusieurs directions. Le roman devient alors un méticuleux tissage d’une multitude d’intrigues (chaque protagoniste livrant la sienne) qui permet au lecteur de suivre les pensionnaires individuellement. Entre Manhattan (ma préféré), Hadley (qui a fait battre mon cœur), Chic (qui ne manque pas d’aplomb), Dido (la plus intrépide), Page (la plus fougueuse et déterminée), Ursula, Etchika et les autres, des affinités se crées avec le lecteur et le roman devient encore plus passionnant et addictif.

Le classement jeunesse (12-16 ans) de ce roman est juste parce qu’il est abordable pour un jeune public (bon lecteur tout de même), et que les personnages sont pour la plupart relativement jeunes. Mais les adultes ne doivent absolument pas bouder ce roman qui est incroyablement bien documenté et tellement riche qu’ils en apprécieront davantage toutes les subtilités (je pense que certains jeunes lecteurs passeront à côtés de pas mal de détails).

Loin de tomber dans un récit documentaire où les références historiques s’enchaîneraient dans un texte sans âme, Un dîner avec Cary Grant, le premier tome de Broadway Limited, est une intrigue qui se nourrit de l’Histoire, tout autant que l’Histoire s’empare de l’intrigue. Forcément, ça donne une ambiance incroyable ! Et comme j’ai aimé cette atmosphère. Le délicat contexte de l’après-guerre aux Etats-Unis (le début de la guerre froide et sa chasse aux sorcière lancée par J. E. Hoover), la jeunesse américaine pleine d’espoir et de rêves et la folie des comédies musicales, du cinéma, des soirées dansantes et des spectacles sur Broadway, tout y est et retranscrit avec tellement de finesse et de réalisme que l’on vit chaque minute passée dans ces pages. C’est un vrai voyage dans l’espace et dans le temps.

D’avoir choisi de faire débarquer ce jeune français (tout droit sorti de la guerre) dans ce grand pays, est une brillante idée. Cela permet de nous embarquer avec facilité dans l’histoire, en se mettant aisément à sa place. On vit son arrivée et ses découvertes. Et Dieu sait qu’il va en vivre ! Entre la pizza, Halloween (et ses citrouilles), Thanksgiving (et son énorme dinde), le base-ball, le jazz, la ségrégation raciale, la traque du communisme, les élections américaines…on découvre l’Histoire des Etats Unis en même temps que lui, avec en plus la chance de croiser des stars en devenir telles que Allen Königsberd (le futur Woody Allen), Dean Martin, Jerry Lewis, Grace Kelly…

  

J’espère sincèrement avoir réussi à vous donner envie de lire ce livre pare que c’est un roman vivant, qui vous touche, qui vous fait sourire, qui vous rend accro, qui vous transporte, qui vous éblouit… Bref, un roman absolument génial !

C’est donc un billet forcément exalté qui je vous livre (et j’aurai pu vous en parler pendant des pages), mais à la mesure de ce que m’a procuré ce très bon nouveau roman de  Malika Ferdjoukh. Foncez !!!!