La loi portant création de la future métropole du Grand Paris (MGP) n’est pas encore votée par le Parlement que la technostructure métropolitaine d’ores et déjà mise en place par Manuel VALLS en octobre dernier commence à produire ses premiers projets en matière d’aménagement et d’urbanisation du territoire métropolitain.
C’est ainsi que nous apprenons avec stupéfaction que nos deux villes, Montreuil et Fontenay-sous-Bois, font partie des sites pressentis par l’aménageur Grand Paris Aménagement désigné par le gouvernement dans le cadre de son projet de création d’opérations d’intérêt national (OIN) «multisites».
Concrètement, nous venons de prendre connaissance d’une liste d’une vingtaine de sites, dont pas moins de la moitié pour la seule Seine-Saint-Denis, où le gouvernement pourrait confisquer aux villes les terrains identifiés sur leurs territoires, monter - sans concertation avec les élus et les habitants - des opérations d’aménagement, délivrer des permis de construire en lieu et place des Maires et produire du logement en grand nombre. Pour le site Montreuil, Fontenay-sous-Bois, Romainville, le projet réalisé par l’aménageur en février représente ni plus ni moins qu’une manne de 140 hectares à livrer aux promoteurs pour un potentiel de construction estimé à 5000 logements dont les premiers, si ce projet voit le jour, pourraient sortir de terre dès 2020 !
Il suffit de regarder la carte publiée par Grand Paris Aménagement pour mesurer l’impact d’un tel projet pour nos territoires et une partie de notre patrimoine. A Montreuil, seraient directement impactés : les délaissés du tramway, sur le secteur des Murs à Pêches, Bel Air, des quartiers Signac, Branly-Boissière, de la rue de Rosny, etc. A Fontenay, le site de mobilisation de terrains à bâtir couvrirait les quartiers pavillonnaires des quartiers Victor Hugo, Plateau et Alouettes et toute la zone dite Péripole.
Ce projet est en complète opposition avec les démarches que nos deux villes ont engagées avec la mise en révision générale de nos Plan Locaux d’Urbanisme. Ce que nous voulons, c’est au contraire un vrai débat, de vraies concertations, avec celles et ceux qui font vivre nos villes et nos quartiers. Nous voulons construire nos villes, notre territoire, notre future métropole avec les habitants, pas enfermés dans des bureaux éloignés de toute réalité.
C’est ce qui nous a amené pour chacune de nos villes à définir des priorités de développement, habitat, développement économique, logement public, défense du secteur pavillonnaire. Tout cela est ce qui fait la force de nos villes respectives.
Nous le disons tout net, nous nous battrons, ensemble, avec nos habitants pour que ce projet d’aménagement élaboré ne se fasse pas contre l’avis des élus et sans concertation avec nos populations.
Nous voulons une construction métropolitaine qui respecte nos territoires et leurs spécificités. Nous voulons une métropole démocratique où la place des habitants et des élus locaux soient reconnue et renforcée. Nous voulons une métropole de justice sociale et environnementale, pas d’une métropole qui déciderait, comme avec ce projet, de faire peser sur la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne l’essentiel de l’effort.
Patrice BESSAC, Maire de Montreuil
Jean-François VOGUET, Maire de Fontenay-sous-Bois