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Responsables et élus ?

Publié le 19 mars 2015 par Rolandlabregere

Si le tourisme électoral existait et avait pour visée la découverte des curiosités des terroirs où la conquête de nouveaux cantons à la force de l’argumentation rénovée est à l’œuvre, nul doute que les élections départementales des 22 & 29 mars 2015 confirmeraient l’émergence d’un nouveau gisement économique.

Ces élections ont un goût bizarre. Les grandes tendances sont redites chaque jour avec plus de force. L’abstention si commentée devient une incitation à l’abstinence. Les électeurs seront-ils tentés une fois de plus par le votus interruptus, maladie chronique dont les citoyens sont porteurs sains alors que les politiques l’inoculent sans vergogne depuis de nombreuses années ?

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Marché de Gruissan (Aude), lundi 9 mars. Un camion rouge, façon pompier, arbore d’intrigantes inscriptions. Faut-il y voir un symbole ? S’affairent autour du véhicule des candidats du canton Narbonne 2 Sud. Ils appartiennent au « groupe des élus responsables ». L’attelage élus-responsables surprend. Pourquoi ce besoin de mentionner qu’être élu suppose une dose de responsabilité ? Il y aurait donc des élus non responsables, voire irresponsables ? Responsables, disent-ils voudrait dire « neutre », sans parti pris. A quelle figure rhétorique fait-on allusion ? Euphémisme ? Litote ? Oxymore ? Truisme ? Pléonasme ? La mise en musique des politiques publiques se fera sans référence aucune. Le candidat principal n’en démord pas : il sera « gestionnaire ». Ni gauche, ni droite, responsable ! Le mot « gestion » est mentionné à plusieurs reprises tout au long de l’inventaire des 11 engagements des « élus responsables ». Se positionner en gestionnaire semble un gage de responsabilité.

« Nous voulons, à travers nos candidatures, mettre en place une gestion saine de notre département qui sera le socle d’une confiance retrouvée, tant par les Audois que par les entrepreneurs que nous souhaitons attirer. L’Aude a des atouts négligés. Nous les exploiterons », mentionne la première page d’une profession de foi habilement rédigée qui dévoile un programme qui sera tout sauf gestionnaire. La page de couverture du fascicule distribué montre les candidats et leurs remplaçants saisis dans toute leur immobilité par un photographe qui aurait fait l’essentiel de sa carrière au musée Grévin.

En cas de succès, les « élus responsables » ne gouverneront pas le département de l’Aude, ils le géreront. Comme des employés appliqués mais sans engagement. Air du temps : le fond de l’air est triste. Dans cet esprit, un mandat électif s'entretient comme un commerce de proximité.  A  ce régime, les politiques sont loin de montrer les chemins de l'utopie et de l'innovation qui font cruellement défaut au pays. Le discours politique, par les élections départementales, confirme son déclin. Cela ne dispensera pas les élus responsables d’être comptables de leurs décisions.


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