Robert Charlotte : Garifunas et descendants

Publié le 19 mars 2015 par Aicasc @aica_sc

Alliance Française de Saint – Vincent
Carnegie Building & Peace Memorial Hall
du 10  au 27 mars 2015
Garifunas & Descendants
Photographies de Robert Charlotte
à l’occasion du séminaire International Garifuna Summit

restitution de la résidence photographique de Robert Charlotte à Saint – Vincent
partenariat de la Dac Martinique et de la Délégation générale des alliances françaises des petites Antilles

Exposition de Robert Charlotte à Saint – Vincent

Dans le prolongement de sa résidence photographique en quête des descendants des Garifunas, Robert Charlotte expose à Saint – Vincent.  Robert Charlotte braque son objectif sur des micro-sociétés, chacun de ses cycles se concentre sur un groupe social particulier : jeunes des quartiers périphériques, coqueleurs, majors, garifunas (1) . Comme il l’avait déjà fait pour Véyé la vi’w, Robert Charlotte retient la lumière de fin d’après-midi pour réaliser les portraits des derniers Garifuna de Saint – Vincent. Lors d’une résidence en avril 2014 à Gregs, Sandy Bay et Fanzy, le photographe approche les descendants des seuls Noirs du continent américain qui n’aient jamais connu l’esclavage.

Exposition de Robert Charlotte à Saint – Vincent

Leur histoire officielle assure qu’ils sont les descendants des rescapés du naufrage d’un navire négrier. Les Garifunas sont issus du métissage entre des esclaves africains évadés (les nègres marrons) et les autochtones (Caraïbes et Arawaks), métissant certaines traditions africaines avec la culture caraïbe. Au fil des massacres et des déportations, les Garifunas ont été progressivement parqués dans certaines îles des petites Antilles et tout particulièrement Saint-Vincent et la Dominique. Durant le XVIIIe siècle, les Garifunas vécurent sous la tutelle de la France et de la Grande-Bretagne. En 1795, influencés par les idéaux républicains de la Révolution française, et poussés par le soutien de Victor Hugues depuis la Guadeloupe et de ses corsaires, les Garifunas attaquèrent les Britanniques, alors maîtres de l’île. La guerre dura dix-huit mois mais en 1796, les Caraïbes noirs furent vaincus. Les autorités britanniques décidèrent alors de déporter cette population belliqueuse. Cinq mille Garifunas furent embarqués dans huit navires. En avril 1797, hommes, femmes et enfants furent débarqués sur l’île de Roatán, en face des côtes du Honduras. Par la suite, ils quittèrent l’île, trop petite, pour s’installer sur le continent. Ils fondèrent plusieurs villages, comme Livingston en 1806 sur la côte atlantique du Guatemala. Aujourd’hui, parmi les 100 000 personnes qui parleraient encore leur langue, la plupart se trouve en Amérique Centrale et dans les Caraïbes. C’est au Belize, où ils représentent 7 % de la population, qu’ils sont proportionnellement les plus nombreux.

Robert Charlotte
Série Garifunas

Ainsi, entre reportage et portrait, Robert Charlotte capte ces visages à l’aide d’un studio nomade sur batterie afin de de valoriser la résistance et l’espoir encore vivace en dépit d’un dur destin de déportation et donner ainsi un sens renouvelé à l’histoire des Antilles. Il échange avec le modèle pour lui expliquer le projet mais c’est lui qui choisit le cadre du cliché. La qualité de l’échange détermine l’attitude du modèle qui se livre plus ou moins.

Robert Charlotte
Série Garifunas

Un catalogue bien documenté et illustré de nombreux portraits accompagne l’exposition.

Catalogue de l’exposition

Robert Charlotte poursuivra son projet à Belize où il a déjà rendez – vous et à New – York

Dominique Brebion

1 Major : chef de bande de quartier
Coqueleurs : éleveur de coqs de combat
Garifunas : descendants d’esclaves africains et d’amérindiens