Par Bernard Vassqr
A Montmartre au sommet de la butte le 19 mars 1868.
Les habitants du sommet de la butte ont été mis en émoi par les cris d'alarme : "au feu !" qui se sont fait entendre de toutes parts. Un incendie dans la scierie de monsieur Johnson s'est déclaré à 11 heures et demi du soir. Les flammes alimentées par une grande quantité de bois ont fait redouter que le sinistre se propage aux établissements environnants exploités par un menuisier, un grainetier et un charron. Des sauveteurs ont réussi à sauver des flammes quatre enfants en bas âge tirés de leur lit pour être conduits dans une maison voisine pendant que le feu envahissait la maison de leurs parents épouvantés. Les pompiers de permanence aux usines Godillot* toute proche, ceux de la rue Marcadet de la Villette et de la mairie de Montmartre (alors située place des Abbesses ) accoururent aussitôt ainsi que le corps de garde de la Nouvelle France. Le commissaire de police du quartier de l'Opéra fut un des premiers à arriver sur place et déploya une intelligence remarquable dans ces circonstances. Le patron de la scierie, monsieur Johnson donna des ordres à ses ouvriers et se fit remarquer par son sang-froid. De nombreux jeunes gens venus des bals et guinguettes des alentours, avec des déguisements bariolés à l'occasion de la mi-carême sont venu prêter leur concours aux soldats du feu. Les buttes Montmartre ont offert un spectacle rare à cette heure de la nuit, plusieurs milliers de personnes accourues contemplaient les ravages de l'incendie. A deux heures du matin, la part du feu était faite. Seul l'établissement de monsieur Johnson fut touché et entièrement détruit. Fort heureusement, à part quelques brûlés légers, aucune victime ne fut à déplorer. La propriété de la scierie était assurée pour la presque totalité de sa valeur.
*Une partie des usines Alexis Godillot étaient situées rue Rochechouart, une autre (les tanneries) étaient à Saint-Ouen. Cette fabrique connaîtra un sort similaire vingt sept ans plus tard la totalité des bâtiments qui ont été ravagés par les flammes au mois de juillet 1895.
Les soldats du feu sur les toits.
Un sapeur-pompier trouva la mort à l'hôpital militaire après une chute du haut d'un toit de la rue Rochechouart.
Les ruines de la fabrique le 2 juillet 1895
La tannerie de Saint-Ouen.