Marché du travail : la grande fracture (4)
Face à cette polarisation, le gouvernement français a cherché à combattre la croissance des inégalités, ce, selon l’Institut Montaigne, au travers de deux leviers principaux : la hausse du SMIC net pour éviter la baisse des bas salaires, le déplacement de la masse des cotisations sociales des bas vers les hauts salaires.
Mais si ces doubles mesures auraient efficacement lutté contre la croissance des inégalités, elles auraient contribué à accroître le chômage. Comment ? A cause d’une double erreur de raisonnement.
D’abord la croissance du SMIC a conduit mécaniquement à une augmentation de tous les salaires les moins payés. Le SMIC a ainsi compressé les inégalités de revenu.
Parallèlement à cet accroissement du SMIC, les gouvernements successifs ont réduit les charges sociales sur les bas salaires : entre 1993 et 2009, elles ont diminué de 26 %.
Mais malgré cette baisse, le coût du travail non-qualifié a augmenté en France de 12 % entre 1990 et 2010. Selon l’Institut Montaigne, à la différence des USA où les bas salaires n’ont pas du tout progressé, ceci a conduit à un coût trop élevé pour permettre à la création d’emplois non-qualifiés d’absorber le choc de la polarisation.
Le graphique reliant la probabilité d’être au chômage un an plus tard, et niveau de salaire de la profession, vient à l’appui de cette affirmation : ce sont les professions dont le salaire moyen est proche du SMIC qui connaissent les taux de chômage les plus élevés.
Au-delà de 1,5 SMIC, le taux de chômage devient inférieur à 5%, ce qui correspond à une situation de plein emploi.
Est-ce vraiment cet accroissement du SMIC qui est à l’origine de ce taux élevé ? Difficile à affirmer aussi nettement, car on pourrait aussi dire qu’il est normal de trouver une corrélation entre niveau de salaire et taux de chômage : plus ce taux est élevé, plus la pression vers le bas des salaires est forte.
Quoi qu’il en soit, il est certain que l’on peut affirmer que la lutte contre les inégalités, n’a pas contribué à résoudre le chômage de masse des personnes non-qualifiées.
(à suivre)