Je regardais derrière moi.
Je regardais devant moi.
Il y avait d'autres "Moi".
Il y avait d'autres que moi.
Plus ou moins dignes de Foi.
D'autres chiens. D'autres renards. D'autres loups.
Les premiers étaient "bons".
Les deuxièmes mauvais.
Et les troisièmes méchants.
Leur réputation était toute faite, même quand ils changeaient de condition.
Dans l'Absolu les bons n'avaient rien de bon.
Quand on creuse on s'aperçoit qu'ils sont encore plus méchants que les méchants.
Les renards ne sont pas non plus mauvais dans l'absolu.
Mais leur bêtise est étroitement liée à leur convoitise.
Et quoi qu'on en dise, la ruse n'est pas la bonne devise.
Parce qu'on trouve toujours plus malin que soi. Parce que même le plus fourbe n'est pas assez fourbe pour échapper à soi. À la trappe.
Quant aux loups, ces bêtes fauves, qu'on accuse de tous les maux, ils ont un fond de bonté qui excuse leur méchanceté.
Un fond de solidarité qui se moque de leur animalité.
Ils vont les uns vers les autres. Ils se cherchent. Et se trouvent.
"Mundus est Fabula". Le monde est une fable.
Je l'ai toujours conçu comme tel.
Non pour en tirer une leçon de morale mais pour accéder à une vision politique.
Comment ?
Primo : en apprenant à voir les choses comme elles sont.
Secundo: en apprenant à faire en sorte qu'elles soient autrement.
Je venais de lire le Manifeste de Marx.
Pour moi, c'est comme s'il s'était adressé aux loups,
en leur disant : "unissez-vous!".
Le monde n'est pas le monopole des gosses de riches.
Ni un pôle d'attraction pour les pauvres.
Mais l'acropole des voyous.
Une capitale pour les loups.