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18 mars 1871 à Montmartre, les premières heures de la Commune de Paris

Par Bernard Vassor

Par Bernard Vassor   

(hommage aux 20 à 30 000 victimes et aux milliers d'hommes et de femmes emprisonnées ou déportées).

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L'Assemblée nationale nouvellement élue, majoritairement composée de monarchistes de cléricaux et du Parti de l'Ordre, veut prendre des mesures pour annuler des mesures qui avaient été prises pour soulager la souffrance des parisiens assiégés : rétablir le fonctionnement du Mont-de-Piété, abrogation du moratoire sur les loyers, la suppression de l'indemnité  des gardes nationaux (trente sous par jour), sauf pour ceux qui présenteront un certificat d'indigence. L'Assemblée décide aussi d'aller s'installer à ,Versailles. L'annonce de toutes ces décisions provoque des remous chez les ouvriers, les artisans et les petits patrons conduits à la faillite pour les uns, et à la condition d'indigents pour ceux, sans travail, et bientôt sans toit. 

Le 15 mars, les députés demandent à Thiers, alors chef du pouvoir exécutif, de désarmer la Garde nationale, et de lui enlever les 400 canons qui avaient été payés par souscription par les parisiens, pour la défense de Paris contre les prussiens. La Garde nationale avait fait mettre en lieu sûr des canons sur les Buttes de Montmartre et de Belleville aux Buttes Chaumont. 

Thiers demanda le 17 mars au général Vinoy de reprendre ces canons le lendemain simultanément dans différents quartiers.

Pendant que Paris  est endormi, sous les ordres du général Susbielle, on réveille les soldats et on distribue des armes. Les soldats se mettent en marche à 2 heures du matin.

Il est six heures, Paris s'éveille

Dans le XVIII° arrondissement, le général Susbielle qui installa son quartier général Place Blanche lança sa division forte de 4000 hommes  à l'assaut de Montmartre, à 3 heures du matin tandis que la brigade Paturel, avenue de Saint-Ouen parvint au Moulin de la Galette en passant par les rues Marcadet, des Saules et Norvins, tandis que le général Lecomte passant par la place Saint-Pierre parvint jusqu'à la tour Solférino pour faire la jonction avec les troupes de Paturel.

GLOIRE AU 88è DE LIGNE !

Qui refusa de tirer sur la foule et mit la crosse en l'air ce matin là.

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Guide des sources de la Commune et du mouvement Communaliste, archives de Paris, la Documentation français Paris 2006. 

Neuvième bataillon de la dixième subdivision (Docteur Gachet aide chirurgien major)

GACHET garde Nat 9° bataillon 10 e division.jpg

canons montmartre image 02.jpg

"Le Champs des polonais" à l'emplacement de la basilique.

rue des rosiers,61e bataillon,18 mars

Rue de la Fontenelle (ou rue des Rosiers, certains habitants lui donnant toujours ce nom sur les registres d'inscription de la Garde nationale, [D2R4], on trouve certains gardes inscrits aux deux adresses)

C’est le samedi 18 mars vers 3 heures du matin que le Général Claude Martin Lecomte à la tête du 88° régiment de marche, tenta de récupérer les 171 canons payés par souscriptions des parisiens, qui avaient été parqués « au champ des polonais », l’espace occupé aujourd’hui par le Sacré-Cœur. Avec pour prétexte que ces canons auraient pu être récupérés par les prussiens !

Mon ami Jean-Paul Martineau, décédé  il y a peu, ancien professeur de médecine à Lariboisière, historien des hôpitaux de Paris, raconte : « Une seule personne avait été affectée à la surveillance du parc d’artillerie, le garde national Germain Turpin, un maçon de 36 ans habitant passage Doudeauville.  Il était de garde cette nuit là, auprès de fameux canons lorsqu’il entendit arriver la troupe de ligne, courageusement, il fit les sommations d’usage, mais la seule réponse qu’il reçut fut une décharge de fusil qui l’atteignit à l’abdomen et le coucha par terre. Louise Michel qui se trouvait de garde au poste de garde du 61° bataillon en haut de la rue de la Fontenelle* toute proche, accourut avec la cantinière Jeanne Couerbe*. Les deux femmes lui firent un premier pansement en déchirant leur propre linge. Le docteur Clemenceau maire du XVIII° arrivé sur place peu après lui prodigua les premiers secours sur place car le général Lecomte** soucieux de ne pas ameuter la population, s’opposa à ce que l’on transporta le blessé à l’hôpital, au scandale de l’assistance. Louise Michel parvint  à le relever et le conduire à Lariboisière, on le coucha dans le lit n° 14 de la salle Saint-Ferdinand ( par la suite devenue Ambroise Paré) où atteint de péritonite affection que l’on ne pouvait pas opérer à l’époque, il agonisa 9 jours entouré de sa famille. Germain Turpin mourut heureux, disait-il d’avoir vu la Révolution. »(…) Deux autres blessés furent emmenés à Lariboisière, le premier Henri-Louis Blaise un tapissier du quartier agé de 21 ans survécut lui aussi neuf jours (…)la troisième victime Marguerite Boivin couturière âgée de 37 ans qui faisait parti du groupe de femmes ayant arrêté la troupe et rallié les soldats, réussit à se rétablir au terme d’un séjour de 75 jours dans le lit 24 de la salle Sainte-Jeanne, d’une blessure des vaisseaux fémoraux. La descente des canons commença, mais, manquant d’attelage pour les emporter rapidement, les militaires restent sur place pendant que les montmartrois se réveillent et sortent de chez eux. Les tambours battent le rappel, les cloches de l’église Saint-Pierre sonnent le tocsin. La troupe est entourée par la foule, les Gardes nationaux se mêlent aux soldats. Le général Lecomte donne l’ordre de tirer sur la foule par trois fois, mais il n’est pas écouté, les soldats mettent la crosse en l’air. A 9 heures, le 88° régiment de ligne et les 152° et 228° bataillon fraternisent, le général est arrêté et conduit par ses officiers au « Château Rouge » siège du comité du XVIII°. Les gendarmes qui l’accompagnaient sont amenés à la mairie et retenus prisonniers".

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A cinq heures 45, l'armée est maîtresse de Montmartre. le général Paturel, dirige l'opération de reprise des canons du Champs Polonais pour les conduire aux Invalides. Par bêtise ou impréparation, très peu de traits d'attelage, d'avant-trains et de chevaux sont mis à la disposition des soldats pour la descente, plutôt à pic, d'engins pesant parfois près d'une tonne.

A partir de 6 heures, les Montmartrois sont réveillés par le bruit des soldats, le roulement des canons, tandis que Louise Michel parcourt les rues en criant à la trahison. Des tambours battent le rappel, on fait sonner le tocsin de l'église Saint-Pierre. De partout, femmes, enfants et vieillard montent au sommet de la Butte. Le général Lecomte ordonne aux soldats du 88e de ligne, de charger leurs armes et de mettre baïonnette au canon. A l'ordre qui leur est donné de tirer sur la foule les soldats du 88e mettent la crosse en l'air, certains jettent leurs munitions. Le général Lecomte est capturé par des gardes nationaux et des soldats de ligne rebelles, qui le conduisent au poste du Château Rouge où il fut rejoint par le général Clément Thomas, surpris, boulevard Ornano ( ou rue des Martyrs alors qu'il inspectait une barricade). Les deux hommes sont conduits au siège du 61e bataillon. Là, une foule ivre de colère se saisit de Clément Thomas, le pousse dans la cour, le pousse contre un mur et le tue debout, le chapeau à la main. Lecomte est à son tour tiré de sa cellule et abattu par des balles de chassepot dans le dos par des soldats ivres de colère, quelques uns même perdant tout contrôle se précipitent et tirent à bout touchant les corps sans vie.

Place Pigalle, les soldats mettent aussi la crosse en l'air quand le général Susbielle ordonne de tirer sur la foule des Montmartrois descendus par la rue Houdon. alors, le général Susbielle, s'enfuit piteusement à cheval, perdant au passage son képi (il s'en souviendra en mai, lors de la reprise de Montmartre en massacrant sans pitié ceux qui passaient à sa portée).

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Voici quelques adresses de personnes présentes, habitant Montmartre ce jour là :  

Le « brave père Tanguy »était concierge à l’Hôtel Demarne au 10 rue Cortot  

Jean Baptiste Clément 10 Cité du Midi  

Georges Clemenceau place des Abbesses, à la mairie du XVIIIe  

Nina de Callias 17 rue Chaptal, Edmond Bazire est domicilié chez elle sur les registres du 116° bataillon.  

Vavraud libraire du 1 rue Bréda (Henry Monnier)  

le capitaine Mourot  Jean-Jules, employé, habitant au 100 boulevard de la Chapelle qui sera plus tard de garde à l’hôtel Thiers.  

  Le commissaire de police Martial Louis Antoine Noguès (14 rue Clauzel,)  

Sur les registres d'enregistrement des Gardes nationaux, un grand nombre ont été domiciliés à cette adresse... 

Les Mauté de Fleurville, Charles de Sivry, 12 rue Nicolet  

*Ces deux femmes étaient membres du Comité de vigilance du XVIIIe arrondissement.

**Cette partie de larue des Rosiers avait changé de nom en 1868 pour s’appeler la rue de la Fontenelle. Elle fut en partie déviée lors de la construction de la basilique jusqu’à la rue de la Barre.

Pour ce qui concerne l’emplacement du poste du 61° bataillon, différentes hypothèses ont été avancées.

**Lecomte a déclaré à Clemenceau : »Je ne sais ce que l’on fait dans les émeutes d’un cadavre qu’on promène sur un brancard »  

Mon ami le professeur Jean-Paul Martineau ; une histoire de l’Hôpital LariboisièreL’Harmattan 2003  

Archives de la Préfecture de police, BHVP, Archives de l’Assistance publique, Sham, Archives de Paris, personnelles, La Commune de Paris, William Serman, Fayard 1986.   

Guide des sources du mouvement communaliste ouvrage collectif Paris 2006  

Pour les chercheurs :

ELUS DE LA COMMUNE Références BnF Département des Manuscrits  ALLIX (Jules). Lettre au feuillet 57 du volume NAF 24803 (Lettres adressées à Victor Hugo). ARNOULD (Arthur). Lettres aux feuillets 1 et 2 du volume NAF 16264 (Lettres adressées à Henri Marras). Lettres aux feuillets 244 à 247 du volume NAF 24260 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar). Lettre dans le volume NAF 1301 (Collection de lettres originales de différents personnages du XVIIIè et surtout du XIXè siècle provenant de la succession du libraire Lefèvre)   ASSI (Adolphe-Alphonse). Dépêche au feuillet 145 du volume NAF 24371 ( (Papiers d’Ernest Picard)  BERGERET (Jules). Autographe au feuillet 7 du volume NAF 14696 (Album d’autographes et de dessins de personnalités photographiées par Félix et Paul Nadar).  CLEMENT (Jean-Baptiste). Autographe au feuillet 64 du volume NAF 14696 (Album d’autographes et de dessins de personnalités photographiées par Félix et Paul Nadar).  COURBET (Gustave). Copies de lettres aux feuillets 26 à 30 du volume NAF 15816 (Papiers Eugène et Jacques Crépet). Portraits aux feuillets 124 et 125 du volume NAF 15138 (Papiers de Robert de Montesquiou). Note au feuillet 85 du volume NAF 24839 (Autographes d’artistes et d’écrivains provenant de la collection de Marcel Guérin). Lettres aux feuillets 350 à 352 du volume NAF 24266 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar) au feuillet 354 du volume NAF 24801 ( (Lettres de Victor Hugo à Auguste Vacquerie) et au feuillet 139 du volume  NAF 24803 (Lettres adressées à Victor Hugo). Lettre reçue au feuillet 256 du volume NAF 24802 (Lettres de Victor Hugo à divers correspondants).  COURNET (Frédéric). Lettres aux feuillets36 et 37 du volume NAF 16264 (Lettres adressées à Henri Marras) et aux feuillets 132-133 du volume NAF 25158 (Lettres adressées à Victor Hugo). Lettre aux feuillets 327 et 328 du volume NAF 24900 (Papiers de Joseph Reinach, lettres et documents concernant Léon Gambetta).  DELESCLUZES (Charles) Lettre aux feuillets82 et 83 du volume NAF 14115 (Autographes de députés de l’Assemblée nationale, 1871, et pièces diverses les concernant). Lettres au feuillet 367 du volume NAF 24267 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar), aux feuillets 125 à 128, 132 à 138, 142 à 148, 156 et 158-159 du volume NAF 24409 (Lettres adressées à A. Scheurer-Kestner et à sa famille) et aux feuillets 331 à 339 du volume NAF 24900 (Papiers de Joseph Reinach, lettres et documents concernant Léon Gambetta).  GAMBON (Charles-Ferdinand). Lettre aux feuillets 310 à 313 du volume NAF 15508 (Lettres adressées à Edgar Quinet). Lettre reçue aux feuillets 311 et 312 du volume NAF 15852  (Album de documents concernant Béranger). Lettres aux feuillets 76 à 84 du volume NAF 24271 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar).  GROUSSET (Paschal). Lettres aux feuillets 54 à 56 du volume NAF 13542 (Correspondance de Joseph Reinach) et au feuillet 204 du volume NAF 24272 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar).  JOURDE (François). Lettre au feuillet 132 du volume NAF 24274 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar).  LONGUET (Charles). Lettres aux feuillets 455 à 458 du volume NAF 24276 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar).  Documents le concernant aux feuillets 261 à 263 du volume NAF 15397 (Papiers Anatole France). POTTIER (Eugène). Lettres aux feuillets 614 à 617 du volume NAF 24281 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar). PYAT (Félix). Lettres au feuillet 1 du volume NAF 14695 (Album d’autographes et de dessins de personnalités photographiées par Félix et Paul Nadar) et aux feuillets 212-213 du volume NAF 16274 (Lettres adressées à Louis Viardot). Lettres aux feuillets 826 à 844 du volume NAF 24281 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar). Documents le concernant aux feuillets 845 à 848 du volume NAF 24281 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar) et aux feuillets 78-79 du volume NAF 25016 ( (Papiers de Félix et Paul Nadar). Lettre dans le volume NAF 21536 (Recueil de lettres autographes de divers personnages du XIXè siècle). VAILLANT (Edouard). Lettres aux feuillets 11 à 13 du volume NAF 13560 (Correspondance de Joseph Reinach) et aux feuillets 24 à 27 du volume NAF 24287 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar).   VALLES (Jules). Lettres aux feuillets 208 à 230 du volume NAF 14687 (Recueil de lettres d’écrivains des XIXè et XXè siècles). Lettres au feuillet 38 du volume NAF 24287 (Collection d’autographes formée par Félix et Paul Nadar), au feuillet 448 du volume NAF 24328 (Recueil de lettres et documents divers, XIXè-XXè siècles) et aux feuillets 338 à 351 du volume NAF 24524 (Correspondance d’Emile Zola). Correspondance et œuvres : en cours de classement. Responsable : Madame Michèle SACQUIN.  VERMOREL (Auguste). Déclaration au feuillet 410 du volume NAF 25129 ( (Papiers Rouget de Lisle). Note le concernant au feuillet 111 du volume NAF 14201 (Correspondance d’Ernest Renan). Lettre au feuillet 58 du volume NAF 24370 (Papiers d’Ernest Picard).    Inventaire de la Bibliothèque nationale de France en 2006 pour la rédaction du guide des sources de la Commune et du mouvement communaliste. 

Mise à jour le 18 mars 2015.


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