Ce qui semble tiré tout droit d’un film de science-fiction deviendra réalité d’ici une vingtaine d’années : des chercheurs travaillent au développement de techniques d’impression 3D visant à reproduire des organes humains.
Bien qu’elle en soit à ses balbutiements, la bioimpression 3D promet de régler bien des maux de tête causés par la rareté de donneurs d’organes compatibles avec les patients dans le besoin du milieu de la santé. Cette technologie actuellement en développement tente de permettre l’impression d’organes humains à partir de cellules adipeuses d’un patient. Visiblement, l’impression 3D n’a pas fini de nous surprendre.
Le plus grand défi pour les médecins à l’heure actuelle est de greffer l’organe biosynthétique pour faire en sorte que le sang y circule et le maintienne en vie.
Soulignons que des chirurgiens emploient déjà l’impression 3D quand vient le moment de se préparer pour une opération : à partir de l’imagerie médicale d’un patient (un CT scan ou une IRM), on reproduit les organes en plastique afin de déterminer concrètement comment aborder la chirurgie. L’impression 3D est également utilisée par des médecins pour effectuer la reconstruction d’os, de cartilage et de tendons à partir de matières plastiques. Dans ces deux cas, il s’agit d’une utilisation plutôt traditionnelle de cette technologie.
Tout le contraire du projet de la startup américaine TeVido BioDevices, qui s’intéresse particulièrement au sort des femmes atteintes de cancer du sein.
Dans le cadre d’une conférence à SXSW, la PDG et cofondatrice de l’entreprise Laura Bosworth et le directeur de la technologie Scott Collins ont dévoilé les fruits de leurs travaux, qui se déclinent deux procédés. D’abord la reproduction par extrusion, soit le dépôt de fines couches de matière organique, un procédé identique à l’impression 3D conventionnelle. Ensuite la reproduction par suspension, où des couches de différents types de cellules sont mélangées avec une matrice extracellulaire – un gel permettant de les orienter – propulsée par une imprimante à jet d’encre spécialement conçue pour cette tâche.
Le tout demeure pour l’instant que théorique. Comme le soulignait le blogue Backchannel au début du mois, personne n’est encore parvenu à reproduire un organe humain fonctionnel à l’aide de la bioimpression 3D.
Le plus grand défi pour les médecins à l’heure actuelle est de greffer l’organe biosynthétique pour faire en sorte que le sang y circule et le maintienne en vie. Pour ce faire, il faut imprimer des canaux microvasculaire à même l’organe afin que le corps puisse y connecter automatiquement ses capillaires. Puisque le corps humain crée de nouveaux capillaires au besoin (par exemple, lors d’un exercice physique), cette tâche n’est pas aussi utopique qu’elle peut sembler. Elle représente néanmoins un défi.
Alors, c’est pour bientôt?
Tout dépend de votre définition de bientôt. Il va de soi que la bioimpression 3D d’un cœur fonctionnel ne se concrétisera pas demain matin. Pour le moment, les chercheurs de TeVido BioDevices se penchent sur la reproduction d’un organe significativement plus petit : le complexe aréolo-mamelonnaire. Puisque le principal intérêt de l’entreprise est lié aux femmes atteintes de cancer du sein, elle souhaite être en mesure de reproduire un mamelon biosynthétique afin d’en faire bénéficier les femmes ayant subies une mastectomie.
Les avantages que propose la bioimpression 3D sont multiples. Notamment, la greffe d’un organe produit à partir des cellules du patient signifie que celui-ci n’aura pas à prendre d’immunosuppresseurs – en prévention du rejet de l’organe – puisque son corps interprétera le nouvel organe comme étant le sien.
Bien entendu, alors que l’avenir semble prometteur pour cette technologie, les risques de dérives sont également bel et bien présents.