C’est quasiment une habitude, tout au long de l’histoire des partis politiques, la Droite a changé de nom et de logo, bref d’identité de « marque ». Si l’on observe une unité dans l’usage des codes couleurs des logos et dans les symboliques utilisées, les noms eux, traduisent l’actualité du moment. C’est le cas pour le nouveau nom à venir de l’UMP qui serait Les Républicains. Il s’inscrit dans un contexte de crise, nécessitant un renouveau pour Nicolas Sarkozy afin de construire une nouvelle identité en vue de la campagne présidentielle de 2017.
Bleu, blanc, rouge : les logos de la Droite surfent sur le tricolore
On observe une continuité dans l’usage des couleurs évoquant le drapeau tricolore. Le bleu est majoritairement utilisé car c’est une couleur à fort pouvoir d’évocation. En effet, il symbolise l’ordre et la stabilité (comme les uniformes des policiers ou des pompiers), c’est une couleur qui rassure. Le bleu est également la couleur symbolique de la Nation (ne dit-on pas les « Bleus » quand on parle de l’équipe de France de foot ?). Enfin, c’est une couleur consensuelle puisque c’est la favorite des Français.
Le rouge est un peu moins utilisé dans les logos de la Droite, plus communément « laissée » aux logos de la gauche car la couleur exprime la révolution. Néanmoins, la couleur n’est pas exclue des logos de droite.
Le blanc, quant à lui, symbolise la monarchie française. D’un point de vue graphique, il est principalement utilisé pour créer des contrastes lisibles sur les logos des différents partis politiques.
Seul l’UDF devenu le MoDem s’est départi des couleurs du drapeau français (dans le paysage politique de droite) en utilisant la couleur orange, symbole d’énergie et jouant sur la sonorité du mot « moderne ».
Charles de Gaulle a changé 4 fois de noms de partis
Tout au long de la vie politique de la Droite, celle-ci a fait évoluer son nom et son logo. Charles de Gaulle en était un habitué avec pas moins de 4 noms à son actif (mais pas ou peu d’identité visuelle, la télévision n’était pas encore devenue un mass-média). En effet, après avoir fondé le GRPG (Gouvernement provisoire de la République française) en 1944, il créé le RPF en 1947 (Rassemblement pour la France) avec un logo reprenant le bleu, le blanc et le rouge, le sigle du parti sur une croix de Lorraine symbolisant la France Libre). En 1958, le général de Gaulle est soutenu, dans son retour au pouvoir, par la création de l’UNR (Union pour la Nouvelle République). L’UNR ne possède pas de logo, tout comme l’UNR-UDT né de l’absorption de ce dernier parti. La fusion de l’UNR-UDT donne naissance à l’UDR, l’Union pour la Défense de la République, un parti Gaulliste.
1974 marque la victoire aux élections présidentielles du dernier parti « sans identité visuelle » avec les Républicains Indépendants, menés par Valéry Giscard d’Estaing (un parti créé en 1966).
Le bonnet phrygien contre l’octogone
Fin des années 70, le paysage politique est marqué par l’affrontement entre le RPR (Rassemblement pour la République) de Jacques Chirac et l’UDF (Union pour la démocratie Française) soutenant Valéry Giscard d’Estaing.
Le logo du RPR est construit sur une double identité. Tout d’abord, une identité révolutionnaire avec le bonnet phrygien de couleur rouge, symbolique de la Révolution française mais aussi appelé « bonnet de la liberté » et symbole du civisme. Bref, un logo lourd de sens ! Mais le logo du RPR se réfère également au Gaullisme, avec la croix de Lorraine. Une révolution de Droite, en somme. On notera l’absence des sigles du parti. Le logo évolue pour prendre une identité plus moderne afin de se préparer aux élections de 81, il conserve la croix de Lorraine, stylisée et les couleurs tricolores.
Le logo de l’UDF est, pour l’époque (1978), plus moderne, plus stylisé. Pas de révolution dans l’usage des couleurs mais il est designé sur un fond graphique et géométrique. Le parti conservera cette idée de base dans la refonte du logo pour les élections de 2002.
Quand l’UMP devient… l’UMP
Cette même année, est fondé un mouvement de soutien à Jacques Chirac : l’Union pour la Marjorité Présidentielle. Son logo a été vraisemblablement créé à la va-vite. Il utilisait des codes de l’époque, qui lui donne aujourd’hui un coup de vieux avec l’écriture « à la main » censée exprimer la proximité avec le peuple (dans la continuité de sa campagne de 1995 avec la fracture sociale).
Ce mouvement évolue logiquement dès les élections gagnées en Union pour un Mouvement Populaire. Le sigle n’évolue pas (UMP) mais l’identité visuelle, elle, évolue beaucoup vers un logo statutaire. Avec sa construction parfaitement symétrique, le logo créé véhicule une idée de stabilité, d’ordre. Cette construction exprime avec force l’équilibre, appuyée par l’emplacement du M et le choix de la typo Garamont.
Il est très institutionnel avec le chêne sur le drapeau français. Le nouveau logo de l’UMP est très évocateur puisque le chêne entre dans la symbolique de l’Europe, du gaullisme (l’arbre de liberté). Il véhicule également les valeurs fortes de pérennité.
Dans un contexte de crise, le président actuel de l’UMP souhaite renouveler le nom et le logo de son parti afin de créer un vent de modernité. L’occasion, peut-être, de créer un nom sans sigle, plus accessible que tout un chacun pourra comprendre (qui sait ce que signifie UMP mis à part les observateurs du monde politique ?). Mais les regards critiques reprochent à ce nom d’être trop généraliste et trop peu spécifique, de tout et rien dire à la fois. Le nom sera officialisé le 30 mai prochain, le temps de commenter sa symbolique et ses évocations.