Bien sûr l’ascidie est plus compliquée que l’amibe de Vialatte mais quand même nettement moins que l’homme ou le breton* qui en plus d'une bouche et d'un anus ont aussi une âme immortelle.
En revanche, si l’amibe s’en prend méchamment à l’intestin de l’homme, l’ascidie s’attaque non moins férocement aux cordages et aux coques de bateaux. Et comme les bateaux ont la sale habitude de naviguer sur les flots, les ascidies se baladent de mers en mers. C’est ainsi que l’ascidie massue (ou plissée) qui peut mesurer 12 centimètres est venue de Corée envahir les eaux bretonnes et belges dans les années septante.
Parmi les 2'222 espèces d’ascidies (je les ai comptée) on distingue deux grandes catégories : Les solitaires et celles qui vivent en colonies. Parmi les solitaires, outre la massue, il y a la ciona intestinalis qui partagerait 80% de son génome avec le pêcheur breton et la figue de mer (dites aussi violet ou Biju) que l’on mange à Marseille avec un aïoli ou une goutte d'huile d'olive et de citron. Ce serait paraît-il iodée et surtout aphrodisiaque. Les rares lyonnais qui y ont goûté ont trouvé que les marseillais étaient décidément des fadas !
* Comme je ne veux pas copier Vialatte, je n'ai pas choisi l’auvergnat mais le breton qui le mérite bien, ma foi !
"La plus féroce était l’amibe : l’amibe, bestiole sans âme, sans pattes, sans tête, sans cœur, grossièrement composée d’elle seule ; l’opposé, le contraire de l’homme et de l’Auvergnat, qui se composent, d’une façon compliquée, de la tête, des bras, des jambes et d’une âme immortelle, sans compter le colon descendant.
Ennemie jurée du colon descendant, l’amibe s’y tapit en cachette. Elle décima la race humaine. Que lui opposer ? Les eaux de Châtel."