Quand on devient parent, on devient aussi Ph.D. en conséquences de toutes sortes. Quand les enfants sont tout petits, un «Mange tes brocolis parce que sinon tu ne seras pas fort comme un super héros», ça tient étonnement la route. Puis, ça fait de moins en moins de sens et il faut trouver autre chose. «Là, c'est la dernière fois que tu te lèves te ton lit parce que sinon tu vas aller dormir dans le garage!». Tant qu'ils y croient encore, ça fait son effet.
Mais vient un temps où on doit en beurrer de plus en plus épais pour atteindre le but visé. «Range tes jouets parce que sinon ils vont tous disparaître dans les poubelles!» Plus les enfants vieillissent et plus les «Parce que sinon...» prennent de l'ampleur. La surenchère devient proportionnelle à l'âge de l'enfant qui la subit.
Et on se retrouve pris dans le piège du «Parce que sinon......» car il faut toujours y aller un peu plus fort pour faire un tant soit peu d'effet. Le truc est éventé. Ça ne marche plus aussi bien qu'avant.
Aujourd'hui, après 10 ans de «Parce que sinon...», je sais au moment même où je le prononce que je serai ridicule. Souvent, quand je suis rendue à l'énoncer c'est que je suis à bout de ressources, d'idées (ou en colère) et je ne suis plus tellement rationnelle. Maintenant que mes enfants sont plus vieux, ils attendent quasiment avec impatience la conséquence invraisemblable que je vais leur servir.
Alors maintenant, je joue le jeu. J'y vais à fond. En pleine séance d'argumentation parents-préados, je leur sers un «Range ta chambre parce que sinon je vais la redécorer aux couleurs de la Reine des Neiges et aller te chercher à l'école déguisée en Olaf!» (à leur âge ils trouvent ça fuuuuulllll bébé). Ils attendent avec une petite curiosité malsaine la connerie extrême que je vais leur énoncer. Ça les fait rire et... ça désamorce plus d'une situation tendue.
Finalement, ça marche encore! (bon, il paraît que le renforcement positif ça marche aussi... mais c'est pas mal moins divertissant!)