Le soufisme est-il compatible avec la démocratie ?
Publié le 18 mars 2015 par Anargala
Abd el Kader : soufi... mais jihadiste au service de la charia
Le soufisme est souvent présenté comme le remède aux travers de l'islam : "soufisme contre terrorisme", entend t-on ici et là. On ne compte plus les livres qui prèchent une sortie du fascislamisme "par l'intérieur", et cet intérieur serait le soufisme. Et puis il y a les poèmes de Hafez, les danses des Derviches, les Qawwalis de Nusrat Fateh Ali Khan, sans oublier l'ésotérisme qui peut se réclamer de l'autorité de Guénon et de ses disciples, très influents dans l'islam français. Et puis l'art, la musique, les miniatures, les récits visionnaires... Le soufisme serait l'islam véritable, une religion du Cœur caché au cœur d'une inhumaine religion de la Loi.Je ne nie pas qu'il y a plein de belles choses dans les traditions soufies. Mais le soufisme est-il vraiment cette spiritualité du cœur, forcément tolérante, que l'on nous rabat partout ?
Là encore, précisons que je ne nie pas la profondeur de la poésie mystique de langue persane. Ou ourdoue. Ou arabe. Mais le fait est que les soufis n'ont pas pour autant condamné la charia, ni l'inégalité homme-femme, ni l'inégalité entre musulmans et non-musulmans, ni l'esclavage, ni la nécessité du jihad ni, finalement, le projet musulman de conquérir le monde, par la force ou par la persuasion.Prenons le cas de l'Inde. Et son mythe d'une "conversion des cœurs" à travers les missionnaires soufis. Ce mythe a été propagé par quelques historiens européens qui s'appuyaient sur une vision incomplète des faits et de nombreux récits de propagande islamique. Par exemple, on entend que Pir Ma'bari a converti de nombreux jaïns en inde à partir de 1305. Mais, si l'on creuse un peu, on s'aperçoit qu'il était toujours accompagné d'une armée... Selon un autre historien musulman, en effet, ce Pir Ma'bari"est venu en Inde pour faire le jihad contre les rois et les mécréants (de Bijapur au Râjasthan). Et avec sa poigne de fer, il brisa l'échine de bien des rois et leur fit toucher la poussière de la défaite. Bien des idolâtres... se repentirent... et vinrent à l'islam". Je ne vois pas ce qu'il y a de pacifique là-dedans. Et il existe de nombreux autres témoignages musulmans qui ne laissent place à aucun doute : les conversions, là comme ailleurs eurent bien lieu par la force ou par la menace d'user de la force. C'est la technique de la terreur et du chantage, déjà employée par Mahomet et ses fanatiques pour faire plier rapidement les grandes cités du Moyen-orient.Et quand on examine chacun des grands soufis missionnaires en Inde, on arrive aux même conclusions. Le mythe du brave soufi pacifique n'est qu'un... mythe.On dit aussi que les soufis, n'étant pas orthodoxe et parfois même persécutés par les musulmans, ne sont pas des musulmans comme les autres. C'est parfois vrai, pour des sectes véritablement hétérodoxes, non-musulmanes à l'origine, et qui se sont revêtu d'un vernis islamique dans l'espoir de survivre. C'est le cas des Ismaéliens. Dans leur cas, on peut en effet douter de leur orthodoxie. Mais leur éventuelle tolérance et ouverture d'esprit, en Inde notamment, n'a donc rien à voir avec l'islam. La plupart des soufis, en revanche, sont orthodoxes, c'est-à-dire qu'ils ont prôné et qu'ils prônent encore l'application de la charia : inégalité hommes/femmes, esclavage, lapidation, décapitation, inégalité musulmans/non-musulmans, jihad, etc. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils suivent le Coran et la sunna ("les lois d'Allah"), et que tout cela est présent dans ces textes, exemplifiés par "le bel exemple" de Mahomet, sabre à la main. On me dira que les soufis ont, en plus, proposé des interprétations ésotériques du Coran. Oui, mais ces interprétations s'ajoutent à la lettre du Coran. Elles ne l'annulent pas.Il n'est donc guère étonnant que tant de soufis, parmi les plus célèbres, aient prôné purement et simplement l'application de la charia.Voyez : Ghazali (XIIe siècle), Sultan Firoz Shah Tughlaq (XIVe siècle), Nizamuddin, Amir Khosrau, Moinuddin Chishti... pour ne prendre que des exemples indiens bien documentés.Nizamuddin, dont la tombe est si célèbre à New Delhi, pleine de chanteurs soufis, introduisit des pratiques de danse et de musique (sama). Mais quand on l’interrogea, il défendit la charia. Par la suite, lui et ses successeurs supprimèrent tout ce qui n'était pas conforme à la charia. Sans parler de la confrérie Naqshbandi, dont presque tous les membres furent des professeurs de droit musulman dans des madrasas. Plusieurs, jusqu'à nos jours, sont connus en Inde pour leurs livres sur la charia et la pureté de leur orthodoxie.Ghazzali dit : "Il faut partir au jihad au moins une fois par an. On a le droit d'employer des catapultes contre leurs forteresses, même s'il y a des femmes et des enfants. On a le droit de les brûler ou de les noyer. Il est légitime de brûler leurs arbres [cf le cas des Bishnoïs], et de détruire leurs livres sacrés. Les jihadistes ont le droit de prendre ce qui leur plait comme butin." Sur la jizya, la taxe visant à humilier les dhimmis, en particulier les Chrétiens, Ghazzali dit : "Les Juifs et les Chrétiens... doivent payer la jiziah. Au moment de payer, le dhimmi doit baisser la tête tandis que le collecteur (musulman) doit lui tenir la barbe et lui donner une tape derrière la nuque". Et ainsi de suite...Nizamuddin dit : "Le jour de la Résurrection, tous les mécréants...iront en enfer. Allah a créé le Paradis pour les croyants et l'enfer pour les infidèles". Nizamuddin, non seulement prônait le jihad, mais participa à plusieurs campagnes. Il soutint l'armée d'un certain Qibacha et, quand celle-ci était sur le point de partir en déroute, il vint à son secours en disant à son chef : "Tirez vos flèches sur l'armée infidèle !" Après la victoire, Nizamuddin encouragea l'armée musulmane à poursuivre ses attaques et à pourchasser les armées hindoues qui battaient en retraite. Quand il reçut une part du butin de ce jihad, il l'exposa fièrement dans ses quartiers.Moinuddin Chishti, fondateur de l'une des principales traditions soufies en Inde, ne manqua pas de montrer son intolérance et sa haine de l'hindouisme tout au long de sa vie : "Afin de prouver la grandeur de l'islam, il fit assécher les lac sacrés (pour les Hindous) d'Anasagar et de Pansela".Amir Khosrau, le grand poète soufi, disciple de Nizamuddin, fut un grand poète. Mais aussi un chaud partisan des massacres au nom d'Allah : "Gloire à Dieu ! C'est lui qui a ordonné le massacre (de 30 000 prisonniers Hindous en 1303 à Chittor) ! Au nom du khalifat d'Allah, les mécréants n'ont aucun droit !" Il a écrit plusieurs poèmes pour célébrer la destructions de temples hindous au cours de razzias dans le Sud par Malik Kafur. Il écrit : "les têtes des brahmanes et des idolâtres dansaient sur leurs épaules et tombaient au sol, et le sang coulait à flots". Et ainsi de suite....Et il existe de semblables exemples dans toute l'Inde. Les soufis, quand ils ne participèrent pas aux massacres à grande échelles, les célébrèrent, les justifièrent et les encouragèrent. Ce furent des destructions sans précédent, sur des siècles et des siècles, jusqu'à l'arrivée des Anglais.Sans parler du Cachemire... jusqu'à nos jours, ce ne sont que décapitations, égorgements, autodafés et exiles pour les survivants privés de tout. Par exemple, le soufi Shams ud-Din ("soleil de la religion") faisait venir entre 1500 et 200 infidèles chaque jours pour leur faire abjurer leur foi, sous peine de mort immédiate. c'est de la conversion "par force et compulsion" (qahran wa jabran).Et ce ne sont là que les histoires des soufis présentés comme les plus tolérants ! C'est que leur spiritualité n'est pas incompatible avec le fanatisme ni avec l'obscurantisme. Leur spiritualité s'ajoute à la charia, au jihad, aux horreurs de l'islam : elle ne les supprime pas ni ne les corrige.Si l'on ajoute à cela la structure féodale des confréries soufies, je ne vois pas comment le soufisme pourrait être compatible avec la démocratie, n'en déplaise aux Abd al Malick et compagnie. Non, il n'y a rien dans l'islam qui soit compatible avec la liberté de conscience ni avec une société civile, ni avec notre mode de vie. Ni dans l'islam, ni dans le soufisme.Pourquoi ? Tout simplement parce que toute cette idéologie totalitaire forme un tout cohérent. En témoignent les tentatives de réforme avortées au sein de l'islam et les exactions des soufis. L'ayatollah Khomeyni n'est-il pas l'auteur de magnifiques poèmes en langue persane, dans le plus pur style soufi ?Sources :En français (pas scientifique, mais un bon début, car le reste est en anglais)Sur GhazzaliSur les soufis et le jihad dans la destruction de l'IndeSur le mythe des conversion pacifiques en IndeSur le jihad en généralEt il y en bien d'autres, des sources sur ce sujet, à commencer par le Coran, les hadiths et les "vies du prophète" qui sont, ne l'oublions pas, des textes soufis aux yeux des soufis.