Better Call Saul // Saison 1. Episode 7. Bingo.
Ce que j’apprécie tout de même avec Better Call Saul c’est qu’elle ne veut pas de la routine, comme Breaking Bad. Elle tente donc de se renouveler à chaque nouvel épisode. L’épisode précédent était une façon d’enclencher l’envie de la série de faire des choses différentes et de tenter de nous plonger dans l’univers d’autres personnages que Jimmy. Car Jimmy a beau être le héros de la série, des personnages de Breaking Bad restent eux aussi important. Je pense bien évidemment à Mike. Ce dernier a eu droit à son épisode la semaine dernière et bien que j’ai aimé l’épisode, je pense qu’il ne serait rien sans Breaking Bad, ce qui le rend peut-être un peu moins exceptionnel si pris en dehors du contexte. Cet épisode permet de reprendre les choses dans le bon ordre alors que Mike et Jimmy se retrouvent au tribunal, l’un dans le box des accusés, l’autre en tant qu’avocats. La relation entre ces deux personnages n’est pas celle que j’attendais. Disons qu’ils ont su construire une relation qui n’est pas celle qu’ils avaient dans Breaking Bad, peut-être car tout cela est encore trop frais pour le moment. On nous raconte ce qui s’est passé avant après tout. Jimmy a beau être un petit escroc, il a des gens à qui il tient dans sa vie, notamment Chuck mais ce n’est pas la seule personne. Je trouve que Better Call Saul nous offre une vision bien plus personnelle de ce personnage.
C’est certes le but de la série, mais je ne m’attendais pas forcément à voir Jimmy sous cet angle. Surtout que la première partie de la saison a tellement insisté sur le fait que c’était un petit escroc qui tente de faire ses combines et de s’en sortir avec, mais aussi de construire l’histoire de Saul Goodman ou plutôt « ‘ts all good, man ». La partie plus judiciaire de l’épisode est intéressante car elle permet aussi de construire la réputation mais aussi la relation professionnelle de Jimmy avec la justice. Il s’en sort bien et Better Call Saul ne veut pas être une série judiciaire comme les autres. Dans sa narration elle tente des choses tout en restant assez sérieuse pour que l’on arrive à croire à ce que l’on a sous les yeux. Hamlin par exemple est le genre de personnages qui sert particulièrement bien le récit. On sent que tout ce qui se passe autour de ce personnage fonctionne à merveille mais c’est aussi en grande partie grâce à Jimmy. Kim va de son côté payer le prix fort pour avoir fait la chose la plus juste. La façon dont l’épisode évolue autour de l’univers juridique (à la fois au travers de Hamlin, de Jimmy et des autres), permet de construire d’autres choses. Betsy Kettleman de son côté est probablement le personnage que j’ai eu le plus de mal à cerner mais disons que Better Call Saul prouve aussi qu’elle veut donner des suites logiques aux intrigues qu’elle présente depuis le début.
Vince Gilligan aime bien faire des liens entre ses personnages, ses intrigues, même celles que l’on avait déjà presque oublié et celle des Kettleman en fait partie. L’issue de cet épisode, laissant Jimmy complètement désarçonné prouve aussi qu’au fond Better Call Saul n’est pas une partie de plaisir pour notre héros. Il a ses moments de faiblesse et je trouve que c’est ce qui rend le spectacle encore plus intéressant. Car j’aime bien voir Jimmy tomber. C’est la meilleure façon de le voir se relever grandi de ses expériences et de le voir devenir ce qu’il était dans la série mère. La façon dont Vince Gilligan fait évoluer son personnage prouve aussi à quel point Better Call Saul n’est pas une série au hasard et qu’il s’agit d’une histoire qu’il avait déjà probablement dans sa tête depuis un petit bout de temps. Car Saul Goodman dans Breaking Bad est un emblème, un personnage que la pop culture américaine ne peut qu’adorer, entre kitsch et humour. C’est l’avocat ridicule qui sait ce qu’il fait, qui peut avoir peur pour sa peau mais aussi tout faire pour garder son train de vie. Better Call Saul c’est la construction de ce personnage, aussi superficiel que profond. Cet épisode parvient également à faire des propositions visuelles différentes, ne serait-ce que la scène d’ouverture, silencieuse durant près de 2 bonnes minutes, rappelant les meilleurs cols-open de Breaking Bad.
Note : 8/10. En bref, la série prend la mesure de son intelligence et surtout de l’intérêt qu’elle a par rapport au personnage de Jimmy.