Le premier à prendre la parole, en cette soirée de fin février dans les locaux de la Compagnie Résonances, ce fut Nimrod.
Et deux mots me reviennent en mémoire : douceur et père.
« Je me suis dévoué à la douceur », dit-il. C’est sa voix. On entend à peine la colère, le deuil, le chagrin. Tout est couvert de cette neige « avec ses songes laiteux ». S'il n'y a pas de neige, c'est l’herbe tendre au marcheur, à celui qui s’y allonge pour regarder le ciel, « l’herbe / ce mot a la saveur de la vie qu’on endure ». Et c’est ainsi qu’on traverse les villes, qu’on traverse la vie, que la poussière vole sur les pierres.
Sur le fleuve, on retrouve le père, celui qui l’a nommé « Nimrod ». « Avec un nom pareil, l’on se doit de bâtir des tours ». Alors, il faut construire Babel, dire adieu à la maison maternelle et « rendre la poussière à la poussière ». Le père « s’est exilé depuis longtemps » mais le voici. On peut avoir foi en lui qui dit : « Jette-là tes filets ! »
Dans le cimetière où dort son père, la terre ne réclame qu’elle -même. Et Nimrod peut affirmer : « Je suis la dernière figure de l’homme ».