«Contre tous les pronostics, nous avons signé une grande victoire pour le camp national sous la conduite du Likoud!» a lancé M. Nétanyahou devant ses partisans en liesse à Tel-Aviv malgré les résultats au coude à coude avec la liste du centre gauche de M. Herzog.
À présent «nous devons construire un gouvernement fort et stable», a-t-il ajouté.
Dans son style aux antipodes de celui de M. Nétanyahou, M. Herzog s’est montré plus prudent tout en assurant que les résultats, les meilleurs du parti travailliste depuis 1992 selon lui, lui permettaient de «construire un véritable gouvernement social».
Mais «il faut attendre les véritables résultats parce que pour le moment, tout ce que nous avons, ce sont des sondages», a-t-il dit à ses partisans rassemblés à Tel-Aviv.
Le Likoud de M. Nétanyahou était crédité de 28 sièges sur les 120 de la Knesset, soit un de plus que la liste Union sioniste de M. Herzog, dans le sondage à la sortie des urnes de la chaîne de télévision Channel 2. Les deux listes étaient en revanche à égalité avec 27 mandats dans deux autres projections de Channel 1 et Channel 10.
La dispersion des voix entre une dizaine de partis et la complexité des alliances possibles rendent encore incertain le nom du prochain Premier ministre appelé à gérer les relations dégradées avec le grand allié américain, faire face à l’offensive diplomatique palestinienne et aux menaces sécuritaires, et répondre aux vives attentes économiques et sociales.
Position de force
Mais M. Nétanyahou, au pouvoir depuis mars 2009, semble mieux placé que M. Herzog pour être appelé par le président Reuven Rivlin à former un gouvernement. Il s’agirait de son troisième mandat consécutif, le quatrième avec celui de 1996 à 1999.
«Nétanyahou a réussi son coup. Il est parvenu à remonter la pente in extremis. Il peut soit former un gouvernement de droite avec les partis religieux et Avigdor Lieberman, soit un gouvernement d’union nationale», dit Claude Klein, spécialiste de droit constitutionnel à l’Université hébraïque de Jérusalem. «Sur le papier, Herzog n’a aucune chance de constituer une majorité qui dépendrait du soutien de la liste arabe.»
«Nous sommes déçus», ne cachait pas un sympathisant de M. Herzog, «Nétanyahou a remonté la pente ces trois derniers jours.»
L’heure était au contraire à la fête à Nazareth, au quartier général de la liste représentant les Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d’Israël en 1948. Elle a créé un autre évènement de ce scrutin en terminant troisième, avec 12 ou 13 sièges, selon les sondages. Mais son soutien à M. Herzog pourrait faire perdre à ce dernier d’autres partenaires éventuels.
Résultats préliminaires
Les sondages confirment le rôle de faiseur de rois prédit à Moshé Kahlon, un ancien du Likoud qui ratissait au centre et s’est jalousement gardé d’énoncer ses intentions. M. Nétanyahou lui avait promis le portefeuille des Finances.
Une fois que les résultats officiels auront été proclamés, peut-être d’ici la fin de la semaine, M. Rivlin aura sept jours pour choisir à qui confier la formation du gouvernement. Les consultations ont commencé dès mardi.
Avec ce score, M. Nétanyahou a déjà fait mentir les enquêtes d’opinion qui annonçaient son parti quatre sièges derrière l’Union sioniste.
Le scrutin auquel ont participé 71,8 % des électeurs (contre 67,8 % en 2013) passait dans une large mesure pour un référendum pour ou contre lui.
C’est M. Nétanyahou lui-même qui a provoqué ces élections plus de deux ans avant l’échéance en rompant fin 2014 une coalition gouvernementale trop indisciplinée à son goût.
Il se pensait en position de force face à ses adversaires, à commencer par M. Herzog, un avocat de formation de 54 ans, plusieurs fois ministre.
Sécurité
Durant la campagne, M. Nétanyahou s’est posé en garant de la sécurité du pays. Avant le scrutin, ses discours alarmistes et son intervention exceptionnelle devant le Congrès américain sur le nucléaire iranien semblaient ne pas devoir suffire face aux attaques de M. Herzog et de son alliée centriste Tzipi Livni sur le terrain de la cherté de vie, du prix des logements et des inégalités.
Face aux sondages défavorables, M. Nétanyahou s’est démené dans les derniers jours pour ramener au bercail les déçus du Likoud et rallier les indécis.
Lundi, il a encore fait monter les enchères en enterrant l’idée d’un État palestinien coexistant avec Israël s’il conservait son poste.
Le jour même du vote, il est allé jusqu’à organiser une intervention devant la presse à sa résidence et à s’attirer une interdiction de diffusion en direct de la part de la commission électorale.
«C’est une grande victoire, presque un miracle», s’est félicité Ofir Akunis, un proche de M. Nétanyahou.
Source : LeDevoir