La manifestation est organisée à l’appel de Blockupy, alliance des mouvements de protestation, syndicats et partis politiques qui tire son nom du mouvement Occupy Wall Street de 2011. Les organisateurs du rassemblement attendent au moins 10 000 personnes. Soixante bus en provenance de 39 villes européennes ont également fait route vers Francfort.
Parmi les intervenants, des représentants d’Attac, des syndicats, un représentant du parti de gauche radicale grec Syriza, ou encore Miguel Urban, du mouvement espagnol Podemos, autant de mouvements et courants qui voient dans la BCE un des artisans majeurs des politiques d’austérité imposées à certains pays européens, Grèce en tête.
Un périmètre de sécurité a été organisé autour du nouveau bâtiment de la BCE, deux tours de verres entrelacées situées dans le quartier d’Ostend, dans l’est de Francfort, à l’emplacement de l’ancien marché de gros pour les fruits et légumes de la ville.
Les incidents entre manifestants et forces de l’ordre ont entraîné environ 350 interpellations, a informé la police de Francfort. Certains sont parvenus à escalader la façade d’un bâtiment pour accrocher une banderole sur laquelle est écrite « Le capitalisme tue ». Sven Giegold, représentant des Verts au Parlement européen, juge que la manifestation contre les politiques d’austérité est légitime, mais déplore les débordements. Huit policiers ont été blessés par des jets de pierres, et 80 ont été aspergés de gaz irritants, a fait savoir une porte-parole de la police, sans préciser la gravité des blessures.
Une tour qui a coûté 1,2 milliard d’euros
Occupé depuis la fin de novembre 2014 par les équipes de la banque centrale (2 600 personnes), ce siège, dont le début des travaux remonte à 2008, sera inauguré officiellement mercredi matin, en présence du président de la BCE, Mario Draghi, et d’une vingtaine d’invités triés sur le volet, dont le maire de Francfort.Selon un porte-parole de l’institution, cette cérémonie sera « sobre », contexte de crise oblige. La construction de ce siège a, lui, été tout sauf sobre. Lancé en 2002, quand l’institution a acheté le site du Grossmarkthalle à la ville, ce chantier devait initialement coûter 850 millions d’euros. Mais, finalement, la note a atteint 1,2 milliard d’euros.
La BCE n’a pas su éviter le dérapage des coûts. Elle a incriminé l’envolée des prix des matériaux de construction ainsi que la complexité bien plus forte que prévue de la rénovation de l’ancien marché — et donc plus chère aussi.
Source : LeMonde