Démarrée en 2013, la série The 100 vient d’achever sa deuxième saison sur la CW, spécialiste des teen-shows aux US. Après un final audacieux, tétanisant et d’une rare intensité, force est de constater que The 100 est l’exemple parfait de la série moyenne qui a fini par prendre un envol presque inattendu.
Synopsis : suite à un cataclysme survenu sur Terre 97 ans plus tôt, les derniers survivants de l’humanité sont allés se réfugier sur une station orbitale appelée l’Arche, y instaurant une nouvelle société. Les ressources se raréfiant dangereusement, les dirigeants décident d’envoyer cent délinquants adolescents sur la planète, dans l’espoir de pouvoir quitter l’Arche et de vivre de nouveau à la surface. Mais la Terre a aussi suivi son chemin pendant ces 97 ans, et ils découvrent rapidement qu’ils sont loin d’être seuls.
Une série aux influences multiples
Markus (Henry Ian Cusick)
Inspirée du roman de Kass Morgan, The 100 se situe à la croisée des chemins entre la série post-apocalyptique tendance survival à la Walking Dead, la série d’aventures à la Lost et le space opera à la Battlestar Galactica ou Star Trek, le tout saupoudré de Hunger Games et de Sa Majesté des Mouches. Hasard ou pas, on retrouve dans le casting les acteurs Henry Ian Cusick, qui incarnait Desmond Hume, personnage emblématique de Lost, ainsi qu’Alessandro Juliani et Kate Vernon, de Battlestar Galactica. Au vu de ces nombreuses références que j’affectionne particulièrement, c’est donc surtout poussée par la curiosité que j’avais entamé le visionnage de The 100 en 2013.
Une fois passés les premiers épisodes, assez mauvais il faut bien le dire, la première saison se laissait regarder sans peine, même si elle n’était pas exempte de défauts. Dans les bons côtés, la série laissait rapidement de côté les amourettes adolescentes pour se focaliser sur l’action : les adultes sur l’Arche d’une part, les jeunes en prise avec leurs découvertes terrestres d’autre part. De plus, la fin de la saison laissait entrevoir un tournant plutôt intrigant dans le scénario, qui m’avait donné envie de poursuivre.
Un gain de maturité et de profondeur
En octobre 2014, est arrivée la saison 2, surprenante tant le saut qualitatif était grand. D’un show pour adolescents très typé CW, The 100 s’est muée en une série beaucoup plus mature, plus sombre, et plus profonde, laissant entrevoir un potentiel scénaristique bien plus vaste que ne le laissait présager la première saison.
Clarke (Eliza Taylor) et Lexa (Alycia Debnam-Carey)
Les personnages, qui reviennent de loin quand on se rappelle les premiers épisodes, bénéficient désormais d’une écriture impeccable et d’acteurs investis. L’évolution de leur psychologie et de leurs motivations est un quasi sans-faute tout au long de la saison (excepté le personnage de Finn peut-être), qu’il s’agisse des adolescents Clarke, Bellamy, Jasper ou Octavia, des adultes Abby ou Thelonious, ou des autochtones Lexa ou Dante. Leurs relations sont également travaillées et bien construites, comme celle de Clarke et de sa mère Abby, ou celle, plus étonnante, de Lexa, chef des Grounders (peuple autochtone de la Terre), et de Clarke.
Une des forces principales des personnages de la série est également de ne jamais tomber dans le manichéisme. Dans The 100, aucun personnage n’est blanc ou noir : chaque choix, chaque décision les entache irrémédiablement, peu y échappent, et c’est précisément parce qu’ils sont tous des anti-héros qu’ils créent l’empathie. C’est ainsi qu’à la fin de la saison, la jeune héroïne Clarke, campée par l’excellente Eliza Taylor, se pose en véritable pendant féminin d’un Rick Grimes dans The Walking Dead : un leader fort, mais métamorphosé à jamais par l’horreur, la mort et les choix inhumains.
Une véritable réflexion
Thelonious (Isaiah Washington)
Le scénario effectue, à partir du déchirant épisode de mi-saison, une montée en puissance sans faille, pour conclure une saison riche en surprises dans le bruit et la fureur, et une incroyable intensité. Dans cette saison, les scénaristes auront abordé des thèmes qui dépassent largement le cadre de la série pour adolescents pour proposer, à travers un scénario ambitieux et des partis pris osés, une réflexion intelligente, dérangeante parfois, sur la guerre, le sacrifice, la perte de l’innocence ou la culpabilité. Espérons que ce tournant plus adulte, plus violent aussi, ne déroutera pas le jeune public de la CW, au risque de voir la série annulée un jour.
Cerise sur le gâteau, le tout dernier épisode « Blood must have blood » s’est fendu d’un petit clin d’oeil à Lost, avec un endroit mystérieux qui n’est pas sans rappeler le bunker de l’Île. Par ailleurs, Thelonious Jaha n’est-il pas l’héritier spirituel de John Locke ou de la présidente Laura Roslin de Battlestar Galactica, incarnant avec conviction la foi face à la raison ?
En conclusion, avec cette deuxième saison, la chenille The 100 a déployé ses ailes pour devenir une belle et grande série, loin d’un petit plaisir coupable comme The Vampire Diaries par exemple (dont je suis pourtant une spectatrice assidue !). La suite entraperçue avec les dernières images permettent les espérances scénaristiques les plus folles pour la saison 3, qui a été confirmée pour octobre prochain, et il y a fort à parier que la planète post-apocalyptique de The 100 réserve encore bien des surprises. Pour les déçus de la première saison, ce serait vraiment dommage de passer à côté.