A l’occasion de la 3e Conférence scientifique mondiale sur l’agriculture climato-intelligente qui se tient à Montpellier du 16 au 18 mars, Attac France et la Confédération paysanne publient un rapport qui dénonce les dispositifs donnant la priorité aux biotechnologies et à la finance carbone plutôt qu’aux savoir-faire et pratiques des paysans et paysannes. Ces projets ne répondent pas aux exigences de la lutte contre les dérèglements climatiques pas plus qu’ils ne peuvent relever le défi de la crise alimentaire.
Le 23 septembre dernier, lors du sommet mondial pour le climat convoqué par Ban Ki-moon à New-York, la FAO et la Banque Mondiale ont lancé l’Alliance globale pour l’agriculture climato-intelligente. Selon ses promoteurs, l’agriculture climato-intelligente pourrait simultanément accroître les rendements agricoles, renforcer la résilience des systèmes agricoles et réduire les émissions de gaz à effet de serre ! Voilà donc qui pourrait résoudre trois des plus grands défis auxquels nous faisons face – nourrir la population mondiale, lutter contre les dérèglements climatiques, assurer la pérennité des systèmes agricoles.Pourtant, l’usage d’intrants chimiques et d’OGM n’est pas exclu, pas plus que la production d’agrocarburants industriels. Des multinationales comme Yara (leader mondial des engrais), Monsanto ou Syngenta sont d’ailleurs des acteurs majeurs de cette nouvelle alliance internationale. On comprend alors mieux que les systèmes agricoles industriels du Nord et du Sud, pourtant les plus nocifs pour l’environnement, soient quant à eux épargnés.Les promoteurs de l’agriculture climato-intelligente reprennent les arguments, vieux d’un demi-siècle, de « modernisation » agricole, visant à faire de l’agriculture un secteur industriel comme les autres. Cette alliance soutient le développement d’une agriculture qui fait disparaître les paysan-ne-s en les dépossédant de leurs terres, de leurs pratiques et savoir-faire. En somme, poursuivre et accélérer l’industrialisation et la financiarisation de l’agriculture est le véritable objectif.Seule l’agroécologie paysanne est capable de relever les défis des crises climatiques et alimentaires. Ces systèmes économes et leur capacité à utiliser les cycles biologiques permettent de limiter réellement l’impact sur les ressources vitales et la biodiversité. Ils sont en cela riches d’innovations, des innovations pensées avec et pour les paysan-ne-s, reconnaissant et s’appuyant sur les savoirs et les pratiques culturales paysannes.Dans l’optique de la Conférence de l’ONU sur le changement climatique qui se tiendra à Paris-Le Bourget à la fin de l’année, Attac et la Confédération paysanne exigent du gouvernement français qu’il se retire immédiatement de cette alliance internationale et nous nous engageons à promouvoir et soutenir les véritables solutions face à la crise climatique.Télécharger le rapport