L’étymologie du mot méditer du latin meditor qui veut dire s’exercer, est particulièrement intéressante.
Mais s’exercer à quoi au juste ? Et pourquoi ?
On raconte que la méditation est le pain quotidien des sages et qu’il s’agit d’une très ancienne technique scientifique pour obtenir de l’information interne.
Toute méthode de méditation s’appuie sur les enseignements pratiques à travers les âges et l’expérience directe de ceux qui furent et ceux qui sont, de nos jours, les explorateurs des mondes intérieurs.
Les 5 étapes de la méditation
Beaucoup d’entre nous se sont aperçu que les expériences qu’ils vivaient restaient superficielles, et ne conduisaient pas au bonheur, avec cette sensation qu’il y manquait une dimension et cette aspiration vers un ailleurs meilleur.
Souvent une impulsion intérieure comme une intuition nous a conduit pas à pas à prendre conscience de la nécessité d’approfondir notre expérience de vie, d’en améliorer la qualité et notre capacité à créer, à cultiver comme une fleur dans l’instant notre bonheur.
Que recherchons-nous en premier ?
La tranquillité, le bien-être et le calme.
Ça paraît simple à priori et ça l’est mais l’accès à cette immédiateté n’est pas facile, surtout pour les occidentaux que nous sommes.
On est tellement habitué à se compliquer l’existence, totalement identifié aux problèmes, à l’agitation et au moulin du mental qui n’a de cesse d’avoir quelque chose à moudre, qu’il peut nous paraître difficile d’imaginer vivre sans cela.
La méditation représente au début de faire des efforts, mais on y prend plaisir au fur et à mesure que nous avançons et que nous faisons l’expérience de ses nombreux bienfaits.
On dira qu’il existe plusieurs niveaux de profondeur de bien-être et de calme, un peu comme sur une échelle de fréquences sur laquelle on peut monter et descendre.
1) Le corps ou la posture physique
Le premier niveau est celui du corps physique, c’est notre véhicule de base à partir duquel nous pouvons émettre et recevoir, nous ouvrir à toute sorte d’expérience et en l’occurrence, à l’énergie et à l’espace de paix et d’harmonie du grand esprit universel de vie.
Et la respiration est le pont, celui qui nous relie au corps et à la vie.
Comme tout véhicule, en prendre soin et lui rendre cette sorte de perméabilité, de transparence grâce à une alimentation saine et des exercices appropriés est une bonne habitude, afin d’en préserver la santé et la vitalité et se préparer à ressentir l’ouverture qui donne accès à cet essentiel.
Ce qui est à retenir, c’est que plus vous apprendrez à relaxer votre corps, plus vous pourrez aller en profondeur dans l’expérience de la méditation.
La posture en elle-même importe peu finalement.
Elle se doit d’être essentiellement confortable pour vous aider à atteindre un niveau de bien être et de relaxation adéquat.
Alors bien sûr, on a ce cliché de la posture parfaite en lotus du Bouddha qui est un symbole fort d’équilibre et d’alignement ; cependant, il vous faut rester pragmatique.
Votre pratique doit être adaptée à votre style de vie.
Comment pourrait-on obtenir le calme de l’esprit si nous ne sommes pas confortables avec notre corps ?
On peut bien méditer debout ou dans un fauteuil, les jambes et les bras bien relaxés, ou allongé sur son canapé ou sur son lit, ce qui importe est de savoir méditer.
Avec un peu d’entraînement, tout devient méditation.
2) Le lac de la non pensée
Savez-vous que ne plus penser est la plus haute façon de penser ?
Pas si facile ! Et pourtant quoi de plus ressourçant, quand on y pense, que de ne plus penser !
Il faut accepter que notre intellect a ses limites, que la fonction pensante de notre cerveau n’est utile que dans l’orbite de ce pourquoi elle est faite et de ce qu’elle sait faire.
Il s’agit de se rendre entièrement disponible, de s’ouvrir à quelque chose de nouveau, à cet inconnu de nous-mêmes, qui ne peut se miroiter que sur le lac de la tranquillité.
Pour commencer :
Le mieux est de fermer les yeux, de porter votre attention sur la respiration.
Vous êtes confortablement installés.
Dans cette phase, il importe de comprendre ce que veut dire prendre du recul et le lâcher prise afin de s’installer dans une sorte de transparence, de neutralité. On regarde les nuages – pensées qui traversent notre ciel sans jamais les accrocher, sans s’y attacher, ni s’attarder à les juger, ni discuter avec elles. On ne les nourrit pas. C’est un excellent exercice de base.
Dès que vous prenez conscience que vous vous êtes laissé embarquer, décentrer par l’une
d’entre elle, revenez au centre tranquillement, sur votre respiration, persévérez !
Si vous n’êtes pas du tout entraîné, commencez par 1 à 5 minutes le matin et le soir…
Au début cela demande vraiment un effort, et le mental trouvera mille et une excuse pour vous en détourner puis, quand on commence à prendre vraiment du plaisir parce qu’on se sent bien en le faisant, nos temps de méditation s’allongeront naturellement..
Au fur et à mesure, vous verrez que le flux des pensées et l’agitation mentale faiblit jusqu’à disparaître progressivement, du moins en surface. Vous ne vous êtes pas laissé dominer par le manège et l’engrenage du mental.
Votre mental aura tôt fait de capituler si vous ne lui donnez aucune prise, il ne trouve plus de matière à moudre, alors que de votre centre, vous n’êtes plus identifié à ce bruit de surface, vous avez appliqué la bonne distance.
Les choses ne vous contrôlent plus. Vous avez élargi le champ de votre perception habituelle.
Appliquer une micro-méditation à un moment opportun dans la journée, dans une file ou une salle d’attente par exemple, ou alors à l’arrêt au feu rouge dans votre voiture, deviendra quelque chose d’automatique et de naturel.
3) Dharana: concentration sur une seule chose
Dans cette phase, il est important d’avoir déjà atteint un certain niveau de calme et de silence intérieur. Il s’agit d’aller plus en profondeur, et dans un ressenti à la fois d’estime de soi et d’humilité, nous allons toucher à notre propre source.
C’est un peu comme si nous laissions les choses remonter et nous révéler leur contenu, leur vérité.
Il s’agit d’une sorte d’auto-réflexion profonde, d’un moyen d’auto-observation qui nous permet de patiemment découvrir avec l’aide de notre Être, à la lumière de l’étoile qui, de l’intérieur toujours nous sourit et nous guide, d’aller regarder avec plus d’acuité ce qui se joue réellement en nous, d’inspecter les fausses croyances, les préjugés que nous avons sur nous mêmes et d’identifier clairement les aspects psychologiques qui nous bloquent dans notre désir de changer notre vie.
C’est comme en extraire la quintessence et comprendre les ressorts cachés de notre psychologie et de nos habitudes de comportement.
Il s’agit de remettre de l’ordre dans notre psyché et dans notre vie sans lequel aucun changement ne peut s’effectuer.
Et ce n’est pas tant les circonstances extérieures en elles-mêmes qui nous intéressent, mais ce qu’elles ont à nous révéler, les causes profondes de nos actions et paroles, nos peurs, nos croyances et tout ce qui est de l’ordre du conditionnement de la conscience, de sa prison mentale dans les différents niveaux du subconscient.
4) la méditation profonde
Après avoir pris le recul nécessaire, atteint un certain niveau de calme dans la pratique, on peut prendre de la hauteur.
Le mouvement libre et naturel de la conscience est de « filer tout droit vers le haut » dans ce voyage jusqu’à une certaine forme de stabilisation dans une sphère lumineuse qu’on pourrait qualifier de nirvanique. On s’installe de plus en plus profondément au coeur de notre temple ou tout est profondeur sereine. Notre âme ne peut y résister et on n’a plus qu’une envie y rester, prolonger.
On se laisse penser par « Dieu » lui-même en quelque sorte. Au delà du fait qu’ il se passe des choses en nous à une profondeur où notre pauvre intellect ne pourrait jamais avoir accès, nous avons aussi besoin de laisser se faire les choses en paix.
Des choses se mettent en place, c’est comme si quelque chose d’autre avait pris le relais, quelque chose en vous qui sait ce dont vous avez besoin. Vous pouvez alors vous laisser guider en toute confiance, obtenir de l’information et vivre cette communion avec votre intime où vous vous laissez éclore dans une forme de bienheureuse béatitude irrésistible.
C’est ainsi qu’on peut arriver à la cinquième phase qu’on pourrait croire être un sommet en matière de méditation.
5) L’extase, le Samadhi ou vide illuminateur
Ça va pas être simple d’exprimer ce qu’est cette notion de vide illuminateur.
Il s’agit d’un vide plein où vous êtes tout en un, dissout, comme fondu dans l’Unité de la vie libre dans son mouvement. Vous êtes alors l’eau vive, l’oiseau, le vent, la pluie, l’air, la terre et le feu vivant au coeur de toute chose…C’est une expérience sublime et irrésistible c’est vrai, où vous baignez dans un amour et une joie ineffable.
Cependant dans l’éblouissement de cette transe unitaire impersonnelle, on peut perdre pied littéralement pour l’avoir expérimenté moi-même, et en revenir pas plus avancé qu’avant, voire même légèrement handicapé dans le sens où on peut attraper une sorte de maladie que les bouddhistes Zen appelle « la maladie du Satori » où on s’endort en quelque sorte dans cet état.
« L’extase pourrait être une forme supérieure d’inconscience » disait Sri Aurobindo et ce que nous appelons absolu, transcendant ne serait alors que la limite de notre conscience actuelle. Le terme « extase » évoque toujours cet extérieur, comme une échappée légère et temporaire de l’âme à un moment privilégié. Mais rien ne garantit dans cette envolée, l’acquisition réelle et stable de valeurs internes.
C’est la raison pour laquelle, cela ne peut jamais être considéré comme une fin ou un sommet en soi.
Il s’agit d’être de plus en plus conscient en équilibre et dans l’alignement entre l’esprit, l’énergie et la matière. Ce qui est vraiment intéressant est de devenir ce canal et de réaliser solidement et consciemment ce pont entre ciel et terre.
Si nous nous extasions trop longtemps, nous risquons de perdre de vue « le quelqu’un en nous » qui peut réaliser ce pont entre les pouvoirs d’en haut et ce qu’on peut concrètement en faire en bas.
Le saut aveugle dans l’absolu, on est tenté de le faire en fermant les yeux, de se précipiter dans ces régions ineffables où on jouit c’est certain d’un état de béatitude mais tout aussi aveugle parce qu’une fois revenu, on ne se souvient de rien, parce que nous sommes inconscients.
Ce qui est intéressant c’est de vivre la joie du contact avec les dimensions les plus hautes sans s’y perdre, ni s’y endormir.
C’est là qu’on pénètre dans le domaine de « l’en-stase » intégrative où, en investigateur conscient de ses régions, on revient avec une clarté d’expérience, de tout ce que nous y avons vécu, fait, entendu, de nos conversations avec l’Ange, avec Dieu, qui devient alors une réalité concrète de la vie à l’état de veille, les yeux grands ouverts.
Par Marina BAMBOLINI du blog Verseau de la Vie.