Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.
J'
'ai baptisé mon catalogue sonore d'incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient de l'avoir déjà fait ici trop souvent. Ils sont tous les 4 mémorables pour moi en ce sens qu'Ils ont tous les 4 changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques sont dans mon ADN, j'en connais chaque son, chaque accord, et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits continuellement nouveaux même si les notes restent inchangées. Ils atterrissent tout simplement à des lieux différents selon la météo mentale et physique des saisons."Blonde" pour Blonde on Blonde
de Bob Dylan "Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop."Bassesse" pour Low de David Bowie.
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2.
Par ordre de création.
Blonde et idiote bassesse inoubliable c'est également parce que ça pourrait évoquer une maîtresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.
Ce que le musique est très souvent. Quand elle reste inoubliable là où ça fait du bien.THE DOORS de THE DOORS
1965. Californie.
Ray Manzarek a un band avec ses deux frères. Mais ceux-ci ne veulent pas faire une carrière en musique. John Densmore connait Manzarek car ils ont des cours des méditations ensemble. Il se joint à leur band à la batterie. Quand les frères de Manzarek quittent, Ray & John veulent continuer l'aventure, ils fondent le groupe The Doors of Perception. À la fois en l'honneur d'une ligne de poème de William Blake, à la fois en hommage à Aldous Huxley qui a un livre de ce titre.Le
Jouant d'abord au London Fog, le groupe y pratique ses morceaux qui les mèneront au plus prestigieux Whisky a Go Go. Ils y sont le groupe en résidence avec Them de Van Morrison
(pas de relation avec Jim sinon la souche irish). Trop de racines irlandaises dans les deux band, l'alcool coule à flôt, la débauche est totale. Le plaisir commun absolu.1966
Le 21 août le band est expulsé quand Jim Morrison parle de baiser sa mère dans le long segment de la fin de The End.
ThPaul A. Rothchild est épaté et les rentre aussitôt en studio. Du 24 au 31, ils enregistreront leur tout premier effort studio.
Les morceaux seront souvent crédités au band au complet, mais c'est principalement Krieger et Morrison qui signent à peu près tout. L'album est disponible à New York seulement dès la troisième semaine de décembre 1966, mais est mis sur la marché Nord Américain en entier le 4 janvier suivant.
Une pas pire épopée allait maintenant commencer.
Le 1er janvier 1967 est lancé le premier single qui se trouve aussi à être le premier morceau du disque. Il est signé Jim Morrison et on censure son "She gets high" en soustrayant le "high", par peur que la référence à la drogue n'effraie les stations de radio qui refuseraient de jouer le morceau. Le succès du single est très modeste. La version originale est réédité avec le "She gets high" quand le groupe fera fortune.
Le second morceau est aussi de Jim Morrison. Il la compose en hommage au restaurant Olivia's à Venice Beach où, plus jeune, Morrison non seulement aime y manger, mais y couche aussi. Krieger y glisse un intéressant morceau de guitare vers 2:16.
Une nuit sur la plage, Morrison est attiré par la plateforme pétrolière Holly dans le Golfe du Pacifique. Il y voit dans la nuit noire, un bateau de crystal. Amoureux de Mary Werbelow. il lui compose ce joli morceau. Le piano de Manzarek vers 1:36 est tout simplement savoureux.
La chanson suivante fait écho au monde du cinéma auquel l'étudiant Morrison voulait se joindre. Bien entendu, Morrison étant tout ce qu'il y a de plus playboy a aussi abusé
du jeu de mot autour du mot "fox".Chanson festive si il en existe une sur cet album, la chanson tirée de l'oeuvre de Bertold Brecht & Kurt Weil était l'une de nos préférés quand on investissait les bars à un âge que je ne préfère pas révéler ici...
La chanson qui fermait le premier côté sera le second single et sera le morceau qui les fera connaître partout. Robby Krieger en signe l'important morceau. Manzarek est tout simplement magique sur ce morceau. D'une main il joue la basse au synthé et de l'autre il plane sur son solo de claviers*. Buick voulait payer gros pour acheter le refrain et le transformer en Come on Buick, light My fire. En l'absence de Morrison, les trois autres ont accepté, mais quand Jim a été mis au courant, il a appelé Buick afin de les menacer qu'il défoncerait une Buick à coups de marteau piqueur en direct à la télé si le commercial était diffusé. Gros gros hit pour la groupe. Larr
Fans de blues, les Doors ouvrent la face B avec une adaptation d'un morceau de Chester Burnett aussi joué par Willie Dixon et Howlin Wolf quelques années plus tôt.
Jim Morrison est l'auteur du morceau suivant. c'est le premier de trois morceaux très courts qui ne feront jamais plus de 3:00 et mettent la table à la fin épique de l'album.
Inspiré directement de Wiliam Blake, Morrison signe aussi ce morceau mystique et nocturne.
J'aime beaucoup le morceau suivant, court, simple, un peu animal et avec un Manzarek en feu.
Le morceau final dure 11 minutes 47 secondes. Jim l'a écrite à la rupture de sa liaison avec Mary Werbelow. Krieger y joue une guitare fabuleuse. Enregistrée en deux prises collées bout à bout, le morceau est tout simplement hantant. Morrison pendant la partie "Father...yes son...I want to kill you et la suite faisant référence au complexe d'Oedipe vers la fin parlait couché sur le dos. En proie à une folie vandale, il s'est relevé en tirant une télécommande au travers d'un écran de télévision. Rotchild, insulté, l'a renvoyé chez lui, mais Morrison est revenu en studio, s'est mis tout nu, a vidé un extincteur de fumée sur son corps et a démoli le studio. Chanson épique de fin de soirée. Coppola en utilisera une version écourtée pour son chef d'oeuvre Apocalypse Now.
La musique et la carrière des Doors couvrira d'ailleurs toute la période de la prise de conscience sur l'implication des États-Unis au Vienam et en sera la trame sonore pour plusieurs soldats là-bas.
Pour amateurs d'acid rock, raga rock, Pop, blues, rythm'n blues, art rock, psychedelic rock, spoken word, jazz, de poésie et de parfum des sixties.
*On engagera tout de même un bassiste en studio sur 6 morceaux, dont celui-là, Larry Knetchel, qui ne sera jamais crédité sur l'album.