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Tractopelle

Publié le 16 mars 2015 par Teazine
On parle beaucoup des Riot Grrrls ces temps. Les vingt années réglementaires pour un véritable "revival" sont passées, chacun peut y aller de sa contribution. D’un côté, Arte a sorti son documentaire plutôt pas mal samedi dernier, à proximité fortuite avec la journée de la femme (et puis ça tombe bien, en parallèle HBO vient de sortir son trailer pour un docu sur le Christ Kobain, pathos à la pelle). Du côté des initiatives à petite échelle, on retrouve l’équipe de l’excellent Making Waves Zine, qui publie son troisième numéro. Des filles partout, des filles énervées avec des choses à dire, des groupes féminins à tour de bras et des débats sur le harcèlement, le féminisme, le porn plus respectueux et l’égalité au goût du jour. Le timing semble parfait.
En marge de la sortie du documentaire sur Arte, le Nouvel Obs a publié un article relevant la forme "particulière" de communication et de propagation du mouvement : le fanzinat. Micro-éditions papier, "beaucoup de zines sont des confessions, des sortes de journaux intimes publics. Les filles y font leur coming-out, ou racontent des histoires d’inceste, de viol, d’anorexie... Ce sont des lieux d’entraide, des “safe spaces” où elles peuvent se livrer sans risque." cite la journaliste. Skyblogs de l’avant internet, les fanzines de ces filles souvent hyper jeunes servent à créer un réseau tout en encourageant chacun(e) à faire quelque chose de ses mains et avec ce qu’il y a dans les têtes.
Bien sûr, le phénomène n’est pas nouveau dans les années nonante et il n’a pas complètement disparu aujourd’hui. Tout amateur de musique ou d’art a déjà rencontré un fanzine. De nombreuses expos, collectifs et festivals les mettent à l’honneur. Il y a dans ces impressions une sorte de fantasme romantique : on va faire un truc entier, un truc concret, un "journal" fait maison avec Indesign ou de la colle et des ciseaux. Or, bien souvent, les fanzines "modernes" sont plus orientés vers le dessin, la photo ou la BD. Au dernier Monstre festival à Genève par exemple, sur les deux-trois étages de stands couverts de publications toutes plus jolies les unes que les autres, seul un mini pourcentage proposait des textes, souvent bien engagés comme ci-dessous :
Tractopelle
Mais lorsqu'on regarde les Riot Grrrls vieillies raconter leur expérience, on décèle encore autre chose dans ces zines. Véritables échappatoires, ils servaient à communiquer et à retrouver des gens qui ont les mêmes intérêts ou du moins se posent des questions similaires (souvent absentes des médias "traditionnels"). On fait vite le parallèle avec les blogs. Or sur internet, le public est évidemment tout autre : "Je me serais probablement plus auto censurée" admet Tammy Rae Carland :

Mais en fait, ça saoule, non ?! Certes, l’internet c’est formidable. Il n’y a qu’à voir ce qu’un projet comme TEA a pu me/nous apporter. Oui l’internet c’est merveilleux, on se fait des contacts, on trouve tout sur tout, on a accès à plus de musique que ce qui a jamais été possible auparavant, etc, etc. Mais quoi alors ?
L’avis de Sonia Gonzales, auteure du docu d'Arte (au titre ridicule: "Quand les filles ont pris le pouvoir") : "La grosse différence, c’est le public. Avec les zines, tu savais à qui tu t’adressais. C’était une communauté, un tout petit public : tu parlais à des filles qui aimaient les mêmes choses que toi. Tu t’abonnais à un zine, puis tu en recevais un autre, et un autre. Tu construisais petit à petit ta communauté, et tu savais qui écrivait. Sur Internet, c’est très différent. Les textes sont plus accessibles mais tu es moins sûr de la portée du message. C’est pour ça qu’aujourd’hui ces zines ont leur place dans les archives, pas sur Internet. Sur Internet, ils sont complètement décontextualisés. Ils n’avaient jamais été destinés à une audience aussi large".
DANS LES ARCHIVES, VRAIMENT ?
C’est bon maintenant, vous m’avez vu venir avec mes gros sabots, je l’avoue : j’ai lancé mon propre zine ( !!!!!! ). C’est une envie qui est présente depuis toujours, qui nous séduit dans la TEAm quasi depuis nos débuts. C’est le souvenir aussi, d’un article de Minnie Mag, où on t’expliquait comment fabriquer ton propre magazine avec de la colle et des ciseaux. C’est un fantasme, c’est con, mais je me suis donnée une semaine et il est là :
TRACTOPELLE #1
The Originial:


Tractopelle
BRRRRRRrrrrrr. Scary.
Mais alors, TRACTOPELLE, c'est quoi ?
*Centré sur Fribourg, le #1 parle notamment de Burger Revolution, d'un super groupe (The Doorkbobs) et s'agrémente d'une playlist gravée sur CD. *Il est le fruit d'une envie d'action, pondu dans la volée, contraint par le temps, superficiel, maladroit, sincère ;*C'est aussi le plaisir de dire "c'est moi qui l'ai fait" avec un contenu qui importe au final peu, un projet narcissique peut-être mort-né tout en se revendiquant ouvert à la collaboration pour les numéros suivants ;*C'est aussi une peur certaine d'être énervante, peur de se dévoiler, peur qu'on trouve ça nul et moche et en même temps on s'en fout ; *Mais c'est surtout l'envie de ne pas faire de compromis, de ne pas trop se poser de questions, de ne pas laisser aux graphistes le monopole de l'édition et d'utiliser son ordinateur comme une machine à écrire.Tractopelle c'est un grand chantier.
TRACTOPELLE est commandable par mail auprès de anne(at)tea-zine.com avec ou sans CD compil. Prix libre!

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