Marie-Antoinette, notre spécialiste du cinéma ne cesse d’écumer les salles sombres pour vous donner sa vision des films à voir en ce moment! Une chronique hebdomadaire qui va vous rendre addict!
AMERICAN SNIPER
« Je vise mieux quand ça respire. »
En général les films du papy Eastwood m’emmerdent et celui-ci ne fait pas exception. Je ne supporte pas sa vision pro-NRA et démago d’une Amérique adulant aveuglément ses héros de guerre et se vautrant dans son drapeau en chantant à tue-tête cet incessant « God bless America ».
Parce que ici, il est bien question d’une hagiographie de Chris Kyle, ce prolifique sniper, bon petit soldat du conflit en Irak, héros passant son temps à répéter inlassablement « j’aime mon pays, je me sacrifie pour lui, blablabla » et pour qui les irakiens ne sont de que des « sauvages » (ca serait pas un peu raciste?).
Clint n’est plus tout jeune d’accord, ce que confirme sa mise en scène peu inspirée. Certains plans sont dignes d’un mauvais film d’action : suspense « insoutenable » par exemple, provoqué par un gros plan au ralenti d’une balle envoyée par Chris et destinée à Mustafa, son pendant irakien (les Wachowski avaient fait mieux avec « Matrix » en 2003).
Les flashbacks sur l’enfance du sniper sont embarrassants et inutiles : on y voit le père de Chris lui marteler avec un regard menaçant qu’il y a trois types d’hommes sur terre : les loups (à éviter parce que c’est les méchants), les moutons (à éviter aussi parce que ils sont trop gentils et suivent aveuglément la masse) et les chiens de berger (ceux qui veillent sur les leurs. Les héros quoi)… Quelle belle leçon de vie !
Le bouquet c’est quand, alors qu’il est chez son garagiste avec son fils, un ancien (jeune) combattant vient remercier Chris,«The Legend » pour les intimes, de lui avoir sauvé la vie en Irak… Cette scène, trop longue (comme beaucoup d’ailleurs), ne sert qu’à tenter de convaincre les derniers sceptiques de l’aura de ce patriote tellement humble. Malaise garanti.
Mais il est encore moins excusable de mettre aussi peu en perspective ce conflit qui a coûté la vie à pas mal de soldats américains certes, mais aussi à des civils irakiens… Car si les yankees sont vus comme les héros protégeant, parfois au prix de leur vie leur pays adoré, les irakiens, eux, passent pour des hystériques, courant comme des poulets sans tête dans les décombres de leurs villes, toujours susceptible d’être un potentiel terroriste. Même leur sniper vedette saute de toit en toit tel un grotesque Zorro, balayant de son oeil de braise les chars ennemis, à la recherche de ses prochaines victimes…
Et Je passe les détails sur les rebondissements qu’on voit arriver de tellement loin que ça en devient drôle quand ils se confirment.
Si seulement le casting sauvait les meubles… Mais Bradley Cooper, en lice pour un oscar (?), donne à son Chris Kyle un regard vide et idiot (il aurait mieux valu qu’il garde ses lunettes de soleil tout le long), fort peu convaincant pour un as de la gâchette. Sienna Miller qui incarne sa femme, passe son temps à pleurer, la pauvre, geignant et suppliant son mari de revenir près des siens. Pas de quoi rougir mais pour une actrice qui se fait assez rare à l’écran c’est assez anodin comme prestation…
On est loin du pouvoir hypnotique et haletant d’un « Démineurs » ou encore de « Zero dark thirty », tous deux de Kathryn Bigelow.
Clint rend les armes s’il te plait, tu n’es plus dans le coup…
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