Journée spéciale en ce lundi 16 mars spécial ciné club de Potzina autour d’une adptation littéraire. Après l’adaptation de "l’art de la fugue," encore un article autour d'une adaptation une nouvelle fois d’un roman américain contemporain, mais ce coup ci réalisé par un cinéaste américain, à savoir Greg Araki.
En octobre 2014, 4 ans après le coloré et barré Kaboom, le cinéaste culte pour une partie des cinéphiles Gregg Araki est revenu aux affaires avec White Bird, un film qui sort en DVD demain, le 17 mars .
Voilà en effet une oeuvre passionnante à plusieurs niveaux. Au départ le film se situe dans un univers certes moins jovial que le précédent, mais dans lequel on retrouve certaines thématiques de prédilection du réalisateur autour du trouble sexuelle, des non-dits ou des rapports humains remplis d'ambiguité.
White Bird se situe en effet dans la continuité du travail de Araki sur l’adolescence qui fait suite à Kaboom et qui est très proche esthétiquement de son film, mythique pour beaucoup d'entre nous, le très beau Mysterious Skin en 2004.
Et surtout "White Bird", avant d'être un film d'Araki, est un roman, et pas n'importe quel roman, puisque c'est un chef d'oeuvre de la plus grande romancière américaine vivante, Laura Kasischke, dont j'avais dit le plus grand bien à sa sortie en poche, à la fois un suspens psychologique passionnant , ainsi qu'un portrait ébouriffant d'une middle class américaine tellement juste et malaisante en même temps.
White Bird présente de bienbelles qualités à mettre en avant, et notamment une mise en images particulièrement au point. On appréciera à sa juste valeur une reconstitution formelle de la fin des années 80 particulièrement brillante formellement parlant avec notamment un sens de la photogénie évident, tant Shailene Woodley (la jeune actrice qui monte à Hollywood entre Divergente et Nos étoiles contraires) et surtout Eva Green, réeellement vénéneuse et splendide, n’ont rarement (jamais?) été aussi magnifiées par une caméra.
Toutes les deux vont former une relation mère fille aussifusionnelle que vascillante dans laquelle pas mal de mère et de filles pourront aisément se retrouver.
Comme le fait Laura Kasischke dans ses romans, avec un talent incroyable qui confine presque au génie, Gregg Araki s’interesse surtout à la quête d’identité qui sévit au moment de l’adolescence et ce récit initiatique s’accompagne d’un trouble et d’une acuité assez remarquables, rarement dans le cinéma américain d’aujourd’hui les troubles de cette période n’avaient été montré avec autant d’a propos.
Mais la grande qualité de ce White Bird est que Gregg Araki ne s’est pas contenté fidèlement d’adapter le roman de Laura Kasischke pusioisqu’il prend soin de modeler le récit de la romancière américaine autour de ses propres obsessions et inspirations, en l’amener du coté d’un cinéma assez onirique et inquiétant, pas loin d’un David Lynch.
Encore une fois la preuve qu’une adaptation réussie sait être fidèle à son matériau d’origine, tout en arrivant à se l’approprier à sa façon, c'est à dire en y intégrant un point de vue personnel et ses propres influences.
Bande-annonce : White Bird VOST