La lumière artificielle perturbe l’horloge biologique, de multiples études en ont fait la démonstration. Cette perturbation du rythme circadien est-elle la cause de nos pandémies modernes, que sont les cancers du sein et de la prostate, l’obésité, le diabète ou encore la dépression ? Cet examen alarmiste de la littérature scientifique aboutit ici, dans la revue Philosophical Transactions B, à un article d’opinion sans concession, ce dérèglement de nos cycles sommeil-éveil perturbe le fonctionnement normal du corps et représente un risque pour notre santé, sur lequel il faudrait maintenant statuer.
On ne compte plus les études sur l’horloge biologique et les effets néfastes de son dérèglement sur notre métabolisme. De nombreuses études ont déjà porté sur l’influence des lumières, la nuit, qui affecte nos rythmes circadiens : Une étude de la Harvard Medical School et du Brigham and Women ‘s Hospital (Boston), publiée dans la revue Nature, a ainsi alerté sur les effets perturbants de l’éclairage nocturne, en particulier de celui provenant des différents dispositifs, ordinateurs, smartphones ou tablettes. Une étude du Rensselaer Polytechnic Institute (New York), publiée dans la revue Applied Ergonomics a également suggéré un effet perturbant de la lumière bleue des tablettes mobiles sur la mélatonine ou » hormone du sommeil « , et donc sur notre cycle circadien ou horloge biologique. D’autres études ont suggéré des effets néfastes de l’éclairage nocturne, en particulier sur le risque de dépression et de cancer. Enfin, une autre étude a montré qu’un simple éclairage dans la chambre va perturber l’équilibre du poids corporel.
Ici, les auteurs de l’Université du Connecticut et de la Yale University nous rappellent juste que 3 milliards d’années ont été nécessaires pour que se développe, chez presque toutes les formes de vie, un rythme circadien endogène qui organise les différents processus physiologiques. Cette horloge –écrivent-ils- nous permet d’anticiper et d’être en accord avec le lever et le coucher du soleil car cette rythmicité physiologique est stable sur un cycle quotidien de 24 heures de lumière et d’obscurité. Cependant, avec l’éclairage électrique, l’homme est exposé à une lumière insuffisante au cours de la journée et à un excès de lumière la nuit. D’où cette fameuse perturbation du rythme circadien, du cycle sommeil / éveil, de la température corporelle, de la production et régulation hormonales et de l’expression des gènes dans le corps.Cette perturbation du rythme circadien compromet-elle véritablement la santé humaine ? Des mécanismes et des données épidémiologiques (voir études citées en introduction) viennent appuyer le rôle étiologique de l’éclairage électrique dans la causalité de la maladie : Suppression de la mélatonine, expression des gènes circadiens, dérèglements du métabolisme ont été documentés. Les auteurs apportent de nombreux arguments à l’issue de leur examen, parmi lesquels :
· L’Agence internationale CIRC de l’OMS a classé dès 2007 » cancérogène probable » (de niveau 2a) « , le travail posté qui entraine cette perturbation du rythme circadien, sur la base de données d’études sur l’animal, principalement.
· des études ont lié le travail de nuit des femmes à un risque accru de cancer du sein, en attribuant ce risque accru à l’influence de l’hormone du sommeil, la mélatonine sur les niveaux d’œstrogène.
· le travail posté ou la perturbation du sommeil a également été associé à un risque accru de cancer colorectal et de cancer de la prostate,
· d’autres études d’observation ont corrélé le niveau de lumière dans la chambre avec la dépression et le risque d’obésité.
· L’exposition à la » lumière bleue » des tablettes et autres écrans a également été associée à la perturbation du sommeil dans une relation dose-réponse
· Des effets de la lumière sur les gènes impliqués dans le contrôle de l’horloge biologique ont enfin été documentés et associés en particulier, au risque de cancers.
En conclusion, sans trancher véritablement, les auteurs soulignent l’abondance de preuves des effets perturbateurs de la lumière électrique sur la physiologie et, à long terme, sur le risque de maladie. Ils alertent sur l’urgence de statuer compte-tenu de l’omniprésence croissante de l’éclairage électrique dans notre environnement de vie.
Source:Philosophical Transactions B. March 16 2015Electric light, particularly at night, disrupts human circadian rhythmicity: is that a problem? (Visuel© ra2 studio – Fotolia.com)
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