Turzi – c lp

Publié le 17 mars 2015 par Le Limonadier @LeLimonadier

“Il existe une différence profonde entre l’air du temps et le vol d’un aigle nain qui n’aurait jamais contemplé avec envie nos civilisations en terre battue, du vent dans les ailes ouvertes à la signification d’un besoin de croyance préservé de son innocence”

On est d’accord, cela ne veut rien dire. C’est juste que nous allons parler aujourd’hui d’un grand album, et c’est toujours valorisant de pouvoir commencer par une citation qui en impose dans ces cas là. Après on a fait ce qu’on a pu avec le cerveau sous-alimenté en oxygène mis à notre disposition. Et puis bon, quand une idée ne paraît pas d’abord absurde, alors il n’y a aucun espoir qu’elle devienne quelque chose (Albert Einstein).

Le groupe TURZI, mené de main de velours dans un gant de cuisine en latex par son géniteur versaillais Romain Turzi, vient de sortir ce lundi 16 mars son troisième album, intitulé C, sur le label Record Maker.

Depuis 2005, l’homme et ses musiciens réalisent une oeuvre dense très remarquée, et ce dès leur premier album –  A (2006) – au son brut et multiforme, influencé par le Krautrock et les débuts de la musique électronique. L’album suivant – B (2009) – montre une facette encore plus ouverte de leur son, guitares et synthétiseurs grondant comme un orage pour arriver sur certains titres à un heavy rock apocalyptique assez jouissif. Romain Turzi développera également des projets parallèles, comme Turzi Electronic Expérience, des BO de films et jouera aussi notamment avec le groupe Zombie Zombie.

Romain Turzi, c’est lui. Ok ?

Il est presque de notoriété publique que TURZI a joué un rôle très important dans le renouveau d’un rock hexagonal nourri de psychédélisme et de cosmos. Et qu’il a constitué petit à petit une sorte de famille, de son influence sur une ribambelle de formations en passant par la création du label Pan European Recording, qui a signé des artistes tels que Koudlam, Aqua Nebula Oscillator, Pony Hoax, Judah Warsky, etc. Et pourtant, sa présence dans le paysage musical a toujours eu quelque chose de confidentiel, d’impalpable. Ce qui est peut-être un peu lié à la personnalité de son créateur, mais aussi très certainement à la France, qui n’est pas connue pour être très douée quand il s’agit de puiser dans sa contre culture pour lui apporter la reconnaissance populaire qu’elle mérite.

Et c’est ici qu’arrive le troisième opus, C donc, qui devrait réconcilier vos amis réacs qui ne jurent que par Pink Floyd et ouvrir vos petits cousins à tout un pan de la musique fumée du ciboulot.

Car l’album est pour l’instant le plus accessible du groupe, et peut-être finalement le plus réussi. D’avantage tenu et ramassé, toujours autant mélodique mais porté par une production plus chaude, il est agréable et prenant dès la première écoute. Ponctué en sus de petits “moments” sonores qui donnent envie de relancer chaque morceau que l’on vient d’écouter. Ajoutant à cela un parti pris simpliste dans sa forme et bizarrement intemporel : les 9 chansons du disque ont pour titres des noms d’oiseaux qui commencent par la lettre C. Voui voui.

Et voici le premier single, Condor (sorti il y a quelques mois accompagné de remix réalisés par Matias Aguayo et Moodoid), exemple hautement flagrant de la musique autant référencée que libre que pratique le groupe. On y trouve beaucoup de choses, de l’afrobeat au rock répétitif, et surtout pas mal de TURZI :

Grâce à une investigation journalistique poussée qui nous a amenés à parcourir leur page Facebook, voici ci-après une capture d’écran des influences citées par le groupe sur le réseau social. Ce qui nous permet lâchement de passer à un autre sujet, vu que TOUT y est mentionné  :

Et au groupe de nous imiter dans ce dernier album tellement il semble faire ce qu’il veut sans respecter une recette quelconque. Car là où l’époque est d’avantage à la recherche d’une certaine épure sonore et conceptuelle, amenant parfois à un minimalisme un peu sec (et ce dans divers genres musicaux), TURZI arrive aujourd’hui avec un disque complètement anachronique et décomplexé, qui pousse tranquillement vers les étoiles sa vision d’un rock pour le plaisir.   

Tout au long du disque le groupe fait appel à la chanteuse baroque Caroline Vilain (qui fait désormais partie du groupe – en tout cas sur les prochains lives), passages qui nous rappellent doucement l’ambiance du The Great Gig in the Sky de Pink Floyd. Et qui contiennent également des éléments très électroniques, comme ces samples de voix étranges, tels des onomatopées de robots dysfonctionnels.

Ecoutons maintenant le morceau Cormorran, où on peut entendre l’humanité et sa réplique digitale converser tout naturellement dans une ritournelle en légère lévitation gravitationnelle :

Dés le morceau d’introduction, le bien nommé Coucou, qui peut se voir comme une inspiration précédant un souffle que l’on devine épique, l’album avance tel une procession céleste qui arriverait lentement sur terre. Au début planant sur de douces mélopées et rythmes chaloupés, elle est amenée ensuite à adapter ses sons au monde (Carpen)terrien qui s’ouvre devant elle, lâchant sur les dernières pistes ses hordes de guitares tout en traversant les jets de flammes d’usines pétrochimiques chromées reflétant le monde dystopique qu’elle survole.

Vous l’avez compris, le tout est fortement cinématographique et on vous invite à partir de maintenant au club ciné pour écouter ce long métrage sonore dans son intégralité.

Via Les Inrockuptibles :

Et pour pouvoir un jour léguer quelque chose d’utile à vos futures progénitures, le vinyle s’achète par ici.

Le groupe sera en concert à Paris au New Morning ce Mercredi 17 Mars 2015.

Pour le plaisir de conclure cet article en frissonnant, nous vous invitons à réécouter le morceau Connaissance extrait du side project Turzi Electronic Expérience (qui propose d’ailleurs un remix de Condor en bonus track de la version de C vendue sur Itunes) sorti en 2011, illustré par un clip complètement flippant. On est comme ça au Limonadier, on aime vous secouer les bulles de temps en temps.

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Albert Einstein, Aqua Nebula Oscillator, C, John Carpenter, Judah Warsky, Koudlam, matias aguayo, moodoid, Pan European Recording, Pink Floyd, Pony Hoax, Record Maker, TURZI, Turzi Electronic Expérience