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Trois jours à Paris

Publié le 29 mai 2008 par Slal

Paris, mai 2008
L'ordre chronologique ? Pas pour nous, et puis il suffirait de s'en reporter au programme et les choses seraient dites. Je sais bien que le Journal a été mis à l'honneur par le site du Salon, mais justement, qui oserait se lancer dans une telle entreprise sans risquer à coup sûr de pâlir devant l'art de Wendy Guerra ? Et puis il faudrait un œil autrement plus acéré que le mien, incapable de s'attarder sur les petites anicroches, pudiquement baissé devant de vagues errements, forcément émerveillé par les jolies réussites.

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Wendy Guerra

Inutile non plus de faire appel à la démarche assurée de l'ethnologue. Elle ne ferait que rechercher de l'ordre et de la rigueur dans ce qui fut tout sauf un joli chaos, mais qui n'avait non plus la moindre intention de répondre à des canons mûrement conformés. Curieuse session que celle de ce quatrième salon, on allait passer d'un lieu à l'autre, de la Maison de l'Amérique latine à la Cité des Arts. Celui qui se plaignait le plus, évidemment notre ami de la Librairie espagnole, contraint d'emballer et de remballer, de remballer et d'emballer à tour de bras, sous la pluie et le soleil, comme si les éléments avaient souhaité participer de l'événement à la hauteur de leurs compétences. Chacun pourtant reconnaîtra ici que ni la pluie, ni le soleil ne se caractérisent par des manières improvisées incontrôlées. Ils savent parfaitement ce qu'ils font, et le petit côté improvisé qu'ils laissent transparaître n'est rien d'autre que le résultat voulu d'une technique très aboutie. Voilà des maîtres, sachons reconnaître leurs mérites !
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Bernard Lavallé, Alfredo Pita, César Itier et Valérie Robin

On sait maintenant que le climat a tenu à collaborer à l'heure de conférer une ambiance chaleureuse à notre petit événement, inspirant à merveille l'ensemble des participants. Ceux qui auraient souhaité tirer la couverture à eux se seraient trouvés bien dépourvus tout au long de ces trois journées. Plus que jamais, les littéraires se plaisaient à échanger avec les scientifiques, comme si l'irruption du cinéma et de la musique avait ouvert à tous des horizons nouveaux. Il n'est pas certain que, après mûre réflexion, les visiteurs du Salon en furent vraiment décontenancés : après tout, dans les hautes terres andines ou les plateaux colombiens, chaque mouvement imprévu ne trouve-t-il pas un écho parmi les résidents, les voyageurs ou les passionnés, depuis ces sentiers improbables qui rapprochent les cultures, jusqu'à la violence crue qui finit par nouer la gorge lorsqu'elle se découvre au détour d'un livre ou d'un film pareillement intenses ? Et puis, n'est-il pas vrai que sur les collines dévastées de Haïti, la Perle des Antilles livrée à l'aberration des mystères frontaliers, naissent des plasticiens de génie incapables de jeter jamais le moindre voile sur la cruauté des relations entre humains paraissant marqués de façon indélébile au fer de l'esclavage ?
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Caroline Dourge et James Cañón

Mélange ou collaboration, le fait est que les échanges ne manquaient jamais d'apporter leur lot de surprises et d'informations réjouissantes. C'est ainsi que l'on aurait pu s'attendre à quelque incompréhension, ou à des froncements de sourcils à l'occasion de la rencontre de la journée inaugurale entre les traducteurs et les éditeurs. Il n'en fut rien et tous convinrent de la nécessité impérieuse de faire mieux connaître l'extrême richesse de la production latino-américaine avant de s'aventurer dans de plantureuses productions. Des anges passaient parfois, qui portaient sur leurs ailes quelques contes plaisants, suffisamment courts pour ne pas trop faire attendre ceux qui s'imaginaient déjà un verre à la main pour fêter l'événement. Mais puisque c'était le jour, celui de la fête nationale du Paraguay s'entend, on s'esbaudit bientôt devant l'extrême confusion des convives se dispersant joyeusement entre la cour intérieure de la Maison d'Amérique latine et le salon de réception sous le sourire bienveillant et la délicate courtoisie de l'Ambassadeur Luis Fernando Avalos.

On avait hésité longtemps, et puis on a craqué. Quel moyen d'échapper à l'interrogation sur la rupture circonstancielle entre les anciens et les modernes en ce mois de mai anniversaire, et comment ne pas profiter de la complémentarité des lieux avec la Cité des Arts pour donner un autre sens à nos rencontres ? Tout à coup, il devenait évident de se poser la question de la localisation du centre du monde. Etait-ce vraiment Paris, quarante ans plus tôt, au moment même où de nombreux pays d'Amérique latine se voyaient contraints d'envisager les faits sociaux sous une lumière beaucoup plus crue ? Rompu à diverses formes d'ambiguïté, Borgès nous avait déjà mis en garde contre toute tentation de se contempler le nombril alors que l'universel se plaît si souvent à nous tendre les bras. C'était bien le moins dans ces conditions de réunir nos jeunes écrivains afin qu'ils comparent leur perception du métier et révèlent un peu de leur personnalité, une confusion saugrenue déjà entretenue (à son corps défendant) par Mario Bellatin dont l'absence inopinée avait contraint que d'autres l'évoquassent avec une certaine émotion.

Au coeur de la diversité, il devenait presque paradoxal de découvrir en Cuba une manière de fil rouge parfois incandescent, l'île évoquée à travers les approches multiples qu'on en pouvait faire, romans de l'intérieur, photographies, témoignages, jeux de la destinée, film venu d'ailleurs, ici et là, et jusque sur les murs du Cinéma Latina. Ne manquait plus que l'évocation du rôle central joué jadis par la magnifique Victoria Ocampo et la revue Sur, la plus vivante de ses créations, pour que chacun s'accorde à vouloir emprunter l'un ou l'autre des innombrables sentiers qui parcourent l'Amérique.
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Alan Pauls, Marianne Million, Wendy Guerra, Jacques Munier, Caroline Dourge et James Cañón

Et puisque cela ne fait que commencer, sachons ne pas négliger l'importance des chemins de traverse ! Si les auteurs du Salon viennent parler dans les lycées grâce au soutien des rectorats, si l'ENS consacre le lundi d'après une journée entière à Alan Pauls, n'est-ce pas pour faire bouger les murs, n'est-ce pas pour faire savoir, pour rapprocher, pour partager ?
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Jean-Hugues Berrou, Sofi Delaage, Karla Suárez et Francesco Gattoni

Dominique Fournier

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