L'information du jour concerne la seconde estimation de la croissance US pour le 1er trimestre qui est ressortie comme attendu en hausse de + 0,9 % après + 0,6 % précédemment annoncé en
données provisoires (avant les chiffres définitifs qui peuvent d'ailleurs encore être affinés beaucoup plus tard dans l'année) point que nous allons détailler afin de faire 'une pause' face à
l'incessante litanie des anticipations, verdicts et rajustements quotidiens qui défilent avec les données macro-économiques, les devises, les taux et bien sûr les entreprises, entre autres
éléments.
News donc un peu particulière ce soir en forme "d'autopsie" de la croissance US pour figer un peu les choses. Autopsie... car ces données sont des informations concernant le passé et depuis la
fin mars le marché continue bien sûr à s'ajuster instant après instant mais cela permettra à tout le monde de détenir une 'base' concernant la 1ère économie au monde qui impacte
largement les marchés financiers et de situer un peu mieux ce que signifie un tel chiffre et comment on arrive à un tel constat chiffré a posteriori.
* l'effet d'optique :
. dans une ambiance 'récessive' cela peut apparaître comme une bonne nouvelle et une confirmation de la résistance de l'économie. Certes mais cela suit les 3,8 % du 2 ème trimestre 2007, les
4,9 % du 3 ème trimestre et la rupture qui a eu lieu au 4ème à + 0,6 %. La chute a déjà eu lieu et le trimestre passé montre donc autant l'absence de rebond significatif que le
soulagement d'une baisse interrompue.
. ces % sont en rythme annuel ce qui place le niveau de croissance actuel dans une zone toujours 'anémique'.
* Une photo fidèle ?
Ce tableau d'ensemble cadre assez bien en fait avec des éléments qui s'annulent un peu les uns les autres, contrastés,
divers, divergents comme on les rencontre depuis de nombreux mois. A titre d'exemple, les données concernant les commandes de biens durables vues hier contrebalancent des aspects plus négatifs
dans l'immobilier. Mais pour y répondre de façon plus objective entrons dans le détail :
* Les ingrédients de la croissance :
- le très gros point noir : l'immobilier bien sûr qui est en baisse de - 25,5 % pour les investissements résidentiels. La construction résidentielle ne représente plus que 3,8 % du PIB
désormais.
- le secteur résistant mais connaissant une érosion : ceci concerne la composante la plus importante pour les 2/3 du chiffrage
total, c'est à dire la consommation. Celle-ci a progressé de + 1 % mais après + 2,3 % le trimestre précédent.
suivent ensuite 2 éléments qui expliquent cette révision à la hausse :
- l'investissement des entreprises a été revu de - 2,5 % à - 0,2 % et ce, après + 6 % au 4 ème trimestre. Il s'agit donc d'une révision mais dans une tendance toujours négative.
- Les exportations ressortent en hausse de + 2,8 % et contribuent à 0,80 % de la hausse totale contre + 0,22 initialement (et contrebalancent la révision à la baisse des stocks) Avec
des importations qui baissent de - 2,6 %, c'est en fait le principal contributeur de la croissance US tirée par... la baisse du $. Le différentiel est intéressant et concerne une
tendance 'lourde' comme le montre le graphe ci-dessous mais les exportations sont aussi en perte de vitesse en terme de rythme de progression puisque ce chiffre fait suite à + 6,5 % au 4T07, +
19,1 % au 3T07 et + 7,5 % au 2T07.
Enfin l'indice PCE global lié au chiffre du PIB, qui mesure l'évolution des prix liés à la consommation des ménages, a augmenté de + 3,5%
au premier trimestre, inchangé par rapport à la 1ère estimation et après + 3,9% au 4T07. L'indice PCE de base, hors alimentation et énergie, prend + 2,1%, révisé de + 2,2% et après
+ 2,5% au dernier trimestre 2007.
Pour la suite, les points en débat sont bien sûr centrés sur la consommation avec l'impact :
- des assauts des prix du pétrole augmentant cette part largement 'contrainte' des ménages liée aux transports et au chauffage pour partie.
- de la chute des prix de l'immobilier qui mine leur sentiment de confiance alors que les dépenses résistent encore alimentant "l'effet richesse" lié à l'immobilier mais dans l'autre sens et dans
le cadre d'une mesure on ne peut plus imprécise. La diffusion des effets des cycles immobiliers est par ailleurs généralement par nature assez 'lente'.
- de l'accès au crédit.
Nous aurons d'ailleurs demain un aperçu de l'avancée de ce point avec la parution de la statistique des revenus et des dépenses des ménages pour avril à 14H30.