La chronique mondaine nous rapporte que le souverain d'Arabie Saoudite aurait offert des chiottes en or à sa fille, en guise de cadeau de mariage. Bah oui ! il faut vraiment y penser et le faire. Ainsi, dès avant même la conception de sa fille, ce monarque n'a cessé de cogiter à la manière la plus féroce de faire un pied de nez aux pauvres de son royaume et du monde entier. Et bing ! Je vous ai tous là !
En dehors du caractère futile de ce qui pourrait apparaître comme les excès d'un vieillard gâteux, il se pose un certain nombre de réflexions existentielles : le rapport de l'homme au pouvoir, et donc à l'argent, la naissance des chamboulements sociaux qui nous redirigent trop souvent en plein Moyen âge, sapant les efforts accomplis par de valeureux sapiens pour nous tirer vers le haut, parfois au péril de leur propre existence.
Car en effet, l'intégrisme et son lot de regrettables dérives naissent de l'inconscience, l'inconstance, le caractère factice de certains dirigeants lorsqu'ils font de ces blagues féroces au peuple, qui malheureusement en paiera une note salée. L'histoire nous enseigne au passage, combien la monarchie française paya cash certains excès de la Reine Marie-Antoinette, quand les coffres du royaume étaient vidés en excentricité, tandis que le peuple croulait sous les impôts et se débattait contre la faim.
En effet, le pouvoir érigé en patrimoine semble une malédiction tant et si bien que " Le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou " dixit Montesquieu.
Un bonhomme s'étant âprement battu à la loyale pour conquérir l'exécutif par les urnes, se permettrait-il de tels excès, sachant bien que la légitime rancune et colère du peuple l'éjecteraient au premier tour d'un prochain scrutin ?
Pourtant, le pouvoir monarchique serait d'essence divine, toutefois l'ensemble des religions révélées qui sous-tendent ces pouvoirs, ne décrient-elles pas l'égocentrisme et le manque de compassion comme des valeurs antihumaines ?
" Nul n'a le droit d'être heureux tout seul " dixit Raoul Follereau, le vagabond de la charité. N'y-a-t-il pas suffisamment de pauvres en Arabie Saoudite, pour susciter chez ce monarque, un minimum de décence ? N'a-t-il pas entendu les gémissements désespérés de l'OMS, quant à une collecte de fonds qui rentre au compte-gouttes dans la lutte contre l'Ebola, cette hécatombe qui menace le monde ?
Car oui, c'est bien de cela qu'il est question, la liberté de dépenser son bien, inclut forcément un minimum de décence vis-à-vis du monde extérieur. Est-ce parce que je fais ripaille tous les jours, mangeant des morceaux de choix, buvant les vins les plus exquis, m'entourant des plus belles personnes de la société, que je dois étaler ma nappe en travers de la rue, et en mettre plein la vue à tous les passants ?
On se rappelle le cri des ouvriers dans Germinal de Zola, leurs râles de désespoir après une miche de pain plus conséquente, le droit à l'assurance maladie, à une retraite méritée ; balayés du revers de la main, par des patrons repus et crevant de prospérité, s'arrogeant le droit d'offrir des pots de chambre, communément et vulgairement appelés Koulaba en Afrique, coulés dans de l'or, à des maîtresses.
Face à tant d'injustice, à un tel manque de compassion, intervint un certain Souvarine qui se fixa pour objectif d'y mettre de l'ordre, en dépit des dommages collatéraux (effondrement de la mine et mort des ouvriers...) Certainement l'un des premiers attentats du monde ouvrier ancien.
En effet, un capitalisme au visage hautain, narquois, inexpressif, dénué de scrupules et indécent, dresse le lit à des formes rigides de communautarismes et d'excès idéologiques.
Messieurs les dirigeants du monde, apprenons un peu de l'histoire. Il y va de votre responsabilité dans le nivellement par le haut et la conduite des masses. Il semble que les autres aient peut-être des chiottes ou des vomitoires en diamant, pourtant, ils ne les jettent pas à la face du monde, comme un contenu de pot de chambre, sur une tenue de mariée.
S'il est permis d'exhiber insolemment la vanité, alors tous les moyens sont bons pour être riches et faire parler de soi. Alors, surgira une race d'individus s'assignant pour mission de forcer le partage, de rabattre un pan du manteau de la décence sur une débauche d'insolence et de mal-être. Le staccato des armes résonnera pour un temps, comme une marche nuptiale, dressant malheureusement le lit à des lendemains sombres.
Afin que les coups d'Etats, les révoltes et révolutions sanglantes qui sont hélas des mécanismes de rétablissement de l'ordre constitutionnel, ne viennent pas comme des fantômes d'Halloween, hanter et plomber la marche du monde et des peuples, n'en faisons pas trop !
Félicité Annick Foungbé
(source photo: Africeleb)