Au lendemain des dramatiques événements de Paris et notamment l'exécution des hommes du journal satirique Charlie Hebdo par un commando terroriste, l'Afrique élève la voix, partagée entre compassion, indignation et révolte.
Pétris des valeurs africaines de solidarité, d'entraide, les fils d'Afrique ne peuvent que s'indigner contre ce qui apparaît comme de la barbarie, un visage haineux, hideux du radicalisme religieux.
Toutefois, un concert d'indignation monte crescendo au regard de la mobilisation mondiale accordée au problème, lorsque tant de thématiques choquantes, barbares, humiliantes frappent le continent sans émouvoir le dixième de la population mondiale. On citera pêle-mêle les exactions de BOKO HARAM dans le nord du Nigéria, les crimes crapuleux commis sur des populations par des armées régulières ou groupes rebelles, comme c'est notamment le cas en RDC, des populations entières qui meurent de faim dans la Corne de l'Afrique, sans que cela trouble le moins du monde la conscience et l'appétit de jouissance des plus nantis.
Alors l'indignation se mue en révolte et certains se désolidarisent carrément du mouvement avec une pointe d'humour ou d'humeur.
" Moi je ne suis pas Charlie, Moi je suis Nigéria, Moi je suis Cameroun... " peut-on lire en vrac sur les réseaux sociaux.
Mes alors chers frères africains indignés et révoltés de tous bords à tort ou à raison, il faudrait d'abord intégrer que la mobilisation du continent ou de vos frères du reste du monde, dépend de votre crédibilité, du sérieux que vous affichez à traiter vos problèmes.
Imaginons un peu le Président français François Hollande poursuivre tranquillement les activités de son planning journalier ou hebdomadaire en demandant de temps à autre de manière laconique aux services de renseignements ou à la police ce qu'il en serait de la traque des assassins. Imaginons le peule français haussant les épaules et déclarant que " Crénom de nom ! ces gredins de Charlie Hebdo l'ont bien mérité, car il y avait qu'à ne pas donner dans la provoc... "
Pensez-vous raisonnablement que la mobilisation aurait eu cette amplitude mondiale ?
Nul ne viendra en votre lieu et place, sonner le tocsin et prendre des mesures coercitives pour endiguer la gangrène dont vous souffrez. Et c'est bien cela le mal de l'Afrique. Trop de fatalisme ou d'indifférence face aux challenges. Trop de laxisme de la part des dirigeants. Ce regard toujours tourné vers l'Occident qu'on accusera ensuite d'ingérence...
Comment comprendre que dans un Etat moderne, le Nigéria en l'occurrence, première puissance africaine, des fillettes enlevées puissent disparaître comme des aiguilles dans une botte de foin ? L'armée nigériane n'a-t-elle pas vraiment les moyens de leur libération ?
Y-a-t-il des non-dits beaucoup plus gênants ? Car il ne faudrait pas exclure à la longue un éclatement de la fédération du Nigéria, ainsi que le démontre la barbarie et l'assise sans cesse croissante de BOKO HARAM qui semble faire un pied de nez à tous.
Parce que des citoyens français ont collaboré et ont été pris au sérieux par un Etat français déterminé à épingler des coupables, la traque a excédé les 48 heures, mais s'est bien soldée par la mise sous l'éteignoir des dangereux criminels.
Bref ! il faut se prendre au sérieux et se donner les moyens de prendre le taureau par les cornes, si l'on veut paraître crédible à la face du monde. C'est ainsi que nos frères nous emboîterons le pas et que l'on aura des résultats concrets. Ne soyons pas non plus excessivement sévères parce que le cri d'espérance et de désespoir "Bring back our girls" avait mobilisé de nombreuses personnes à l'échelle mondiale, y compris des épouses de Chefs d'Etat.
Recevez chers amis et lecteurs, même si cela vient un peu tardivement (Je l'avais déjà fait sur mon profil Facebook), mes vœux de santé et de prospérité pour la nouvelle année.
Félicité Annick Foungbé Zimo