Bernard,
Tu es venu jeudi soir pousser la chansonnette à Marseille au pied levé sans même accepter qu'on te rembourse tes frais parce que tu sais qu'il n'y a nul besoin d'être communiste pour se sentir concerné par un journal qui a pour nom La Marseillaise, un journal qui en 1943 se distribuait sous le manteau au péril de ses rédacteurs et de ses lecteurs, un journal pour lequel des femmes et des hommes ont risqué leur vie et l'ont parfois perdue, un journal imprimé la nuit au nez et à la barbe des nazis sur des presses qui pendant la journée produisaient la propagande de Vichy, un journal qui plus tard défendait les habitants des bidonvilles et les travailleurs immigrés des foyers sonacotra, un journal qui a formé plusieurs générations de journalistes d'investigation, un journal libre qui n'est pas détenu par les pouvoirs économiques, un journal qui se fait toujours au cœur de la ville dans un immeuble repris par la Résistance, un journal dans lequel le bruit des rotatives fait encore trembler les murs, un journal qui représente un morceau d'histoire de la presse d'opinion de notre pays.
Jeudi soir aux docks des suds, tu étais là pour toutes ces raisons. Dommage que mis à part des élus communistes, peu de nos responsables politiques locaux ne se soient sentis assez concernés pour se déplacer. Mais par quoi se sentent-ils encore concernés ? On peut se le demander.
Quoi qu'il en soit, chapeau le stéphanois !