C'est magique, ça écrit, ça ouvre des logiciels, ça permet de ne plus être scotché à son écran, et de faire travailler les élèves sur des supports plus pratiques et maniables que la feuille de papier photocopiée. Le grand écran a les vertus du tableau classique pour le travail collectif, l'interactivité en plus. Comme toute innovation dans le domaine de l'enseignement, le TBI est un moyen et pas une fin en soi. Il n'en reste pas moins que ce type de tableau risque de devenir, de par les fonctionnalités qu'il offre, l'outil incontournable des salles de classes dans les 5-10 ans à venir.
En ce moment c'est la guerre entre les firmes qui produisent ce genre de matériel très spécifique (et encore particulièrement onéreux, plus de 1000€ l'unité au bas mot). De deux choses l'une : j'imagine que la production de ce genre de matériel doit demander une échelle de production relativement grande pour que le modèle économique de l'entreprise devienne rentable ; une fois la rentabilité assurée, le marché du TBI est potentiellement gigantesque à travers le monde. Ne serait-ce qu'en France, on compte 68000 établissements scolaires (avec parfois plusieurs dizaines de salles de classe). Et si on ajoute à cela les applications extra-scolaires, on ne compte plus les salles de réunions d'entreprise qui pourraient bénéficier de ce genre d'équipement. D'ailleurs au départ le TBI était plutôt voué au monde du travail qu'à celui de l'éducation.
La stratégie des producteurs doit donc consister à gagner le plus rapidement possible la majorité des parts de marché. Comme bien des marchés liés aux nouvelles technologies, seule la position de quasimonopole est rentable : lorsqu'un utilisateur s'attache à une version (d'un logiciel, d'un système d'exploitation, d'un périphérique), il est difficile de lui faire changer ses habitudes. Les barrières à l'entrée du marché sont donc très importantes : on pense bien sûr au modèle du genre, le marché des systèmes d'exploitations, complètement verrouillé par Microsoft sur PC jusqu'à l'arrivée des plateformes libres. On comprend alors que les marchés publics représentent une manne importante pour les constructeurs de TBI. Un contrat avec un rectorat et hop, des dizaines d'établissements équipés. Pour l'instant, Promethean et Hitachi sont les deux marques les plus diffusées. En France, au dernier trimestre, un TBI vendu sur deux était de marque Hitachi. Le japonais a d'ailleurs dépassé Prométhean. La concurrence fait rage, et la concurrence tue la concurrence : si la marque Smart progresse encore au niveau mondial, eBeam et Mimio voient leurs résultats en baisse.
C'était sans compter sur l'offensive de InterwriteLearning qui vient de signer une convention de coopération avec les IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres): 31 TBI offerts, un pour chaque IUFM. Ca c'est stratégique ! Les IUFM, en tant que centre de formation initiale et continue des enseignants, voient passer des générations entières de nouveaux profs, souvent plus à l'aise avec les technologies de l'information et de la communication appliquées à l'enseignement que leurs prédécesseurs (même si toutes les générations d'enseignants s'y mettent progressivement). S'il y avait une cible à viser, c'était bien celle-là. Maintenant il faut relativiser l'impact de la stratégie de Interwrite. Bon nombre d'IUFM sont déjà équipés en TBI. De plus chaque IUFM est "explosé" sur plusieurs sites (par exemple l'IUFM de Poitou-Charentes est divisé en quater sites : Poitiers, Niort, La Rochelle, Angoulême). Il n'en reste pas moins que le geste est fort, alors que le secteur de l'éducation représente près de 80% du marché des TBI. Ma main à couper que la structure du marché des TBI dans 5 ans aura plus la forme d'un oligopole (voire d'un duopole) que d'un marché de concurrence atomistique, avec des barrières à l'entrée qui empêcheront les entrants potentiels.
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