Magazine Poésie

Attente

Par Vertuchou

Le soleil a passé toute la nuit chez les
morts depuis que je l'attends, assise sur mon
lit, lasse d'avoir veillé. La mèche de la lampe
épuisée a brûlé jusqu'à la fin.
Elle ne reviendra plus : voici la dernière
étoile. Je sais bien qu'elle ne viendra plus.
Je sais même le nom que je hais. Et cependant
j'attends encore.
Qu'elle vienne maintenant ! oui, qu'elle
vienne, la chevelure défaite et sans roses,
la robe souillée, tachée, froissée, la langue
sèche et les paupières noires !
Dès qu'elle ouvrira la porte, je lui dirai...
mais la voici... C'est sa robe que je touche,
ses mains, ses cheveux, sa peau. Je l'embrasse
d'une bouche éperdue, et je pleure.

Pierre Louÿs


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