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Depuis la mort de leur gérant, les Beatles ne sont plus complètement une unité. Paul a pris le contrôle du leadership pour l'album qui suivrait, mais le voyage en Inde, au début de 1968, a littéralement scindé les Fab Four en 4 individualités distinctes.
Même que la présence soudaine de Yoko Ono dans les studios avec le groupe allait faire peu à peu exploser les tensions internes.
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L'un des éléments de discorde pendant l'enregistrement de l'Album Blanc, était la cinquième pièce du dernier côté de l'album double. Pendant les sessions d'enregistrements, John n'aimaient pas les morceaux proposés par Paul. Trop propres et conventionnels. Paul n'aimaient pas Yoko, qu'il trouvait une mauvaise influence sur son ami John.
Bonne ou mauvaise, Yoko transformait en effet beaucoup John. Ensemble, ils expérimentaient à tous les niveaux. Et au niveau sonore entre autre.
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Porté sur les essais sonores d'Edgar Varèse, John Cage et de Karlheinz Stockhausen que Yoko lui avait fait découvrir, John tentait de peindre la texture sonore d'une révolution. Le résultat allait être si incongru que Paul insisterait beaucoup pour que cette...chose... ne soit pas incluse sur l'album. Il finit toutefois par céder.
Étude d'un morceau d'avant-garde.
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Après que John & Yoko eût enregistré un premier essai sonore d'avant-garde sur disque en mai 1968, principalement arrangé par Yoko, John avait fortement envie de créer le sien. Le 30 mai, John enregistre son morceau Revolution, un morceau de plus de 10 minutes, dont le premier 3 minutes 40 est une chanson tout ce qu'il y a de plus appréciable.
Le leitmotiv #9 répété par un technicien non identifié de la compagnie EMI, n'était qu'un test de son, trouvé sur une des bandes traînant en studio. Lennon aimait son ton, sa voix, et trouvait rigolo de faire répéter ce chiffre qui était aussi le chiffre chanceux de Lennon, étant entre autre né un 9 (décembre).
Charles Manson comprendra une référence au chapître 9 du livres des révélations annonçant l'apocalypse et évoquant une guerre de races. ("Rise! Rise!")
Manson, avant ses macabres et inopinées tueries, parlera sans cesse de ce morceau comme un signe annonciateur de la fin des temps, obligeant une intervention (malheureuse dans son cas).
Quelques uns disent avec amertume que cet album double comprend 29 morceaux des Beatles et un morceau non-beatle. D'autres, en écoutant à l'envers les mots #9 répétés en boucle, entendent "turn me on, dead man, ajoutant à la légende urbaine de la mort de Paul.
Ce pastiche d'exercice sonore est pardonné par le public parce que les Beatles sont en 1968, à moitié canonisés.
Ils ont trop fait de bien aux collectivités mondiales pour qu'ils n'aient pas le droit de s'amuser un peu.
D'autres y verront justement une petite révolution, là où les 4 garçons sont devenus des champions: dans le son.