Magazine Société
Les derniers mois ont été pour le groupe UTC une sorte de séisme. Exit Louis Chęnevert, le PDG du groupe depuis 2008. Exit Alain Bellemare, le patron de sa filiale moteur Pratt & Whitney, et maintenant, voilŕ que le groupe se pose des questions sur l’intéręt de conserver dans son périmčtre l’hélicoptériste Sikorsky.
Lors de la présentation financičre des activités 2014 du groupe, le nouveau patron, Greg Hayes, a fait un état des lieux du groupe et des 4 grands secteurs d’activité sur lesquels il œuvre.
Quatre activités qui recouvrent des domaines aussi divers que les équipements aéronautiques (Hamilton Sundstrand et Goodrich logés dans UTC Aerospace Systems), les moteurs d’avions et d’hélicoptčres (Pratt & Whitney), les hélicoptčres (avec le constructeur Sikorsky), ou encore les ascenseurs et systčmes de climatisation (Otis et Carrier pour l’essentiel).
Il ne fallait pas longtemps aprčs que Greg Hayes ait pris la parole pour comprendre que le sort de Sikorsky était scellé. Pas de sentiment, juste une analyse du marché, une évaluation analytique du portefeuille en fonction de quelques critčres tels que la croissance des activités, la rentabilité, les synergies avec les autres secteurs… il n’en faut pas plus pour voir tout de suite que Sikorsky ne répond pas totalement aux critčres que s’impose la nouvelle direction, non seulement pour atteindre la rentabilité qui lui permet de poursuivre ses investissements pour rester au top de la technologie, mais aussi pour satisfaire les exigences des actionnaires.
En effet, Sikorsky a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 7 milliards de dollars, alors que Pratt & Whitney a fait plus du double tout comme UTC Aerospace Systems, tandis que les activités industrielles et de la construction ont frôlé les 30 milliards de dollars.
Autres faits désavantageux pour Sikorsky : il se positionne sur un marché qui connaît une croissance ŕ un chiffre. (Au vu des budgets de défense sur lequel il est positionné, cela n’ira pas en s’améliorant sensiblement), sa croissance est fortement dépendante d’investissements trčs élevés au regard du retour sur investissement alors que les marges bénéficiaires du secteur stagnent ŕ 10/13 % tandis que pour UTC le standard semble ętre au moins de 15 %.
Et, bien que Greg Hayes estime que Ť Sikorsky a un grand avenir devant lui ť, il ne le conçoit pas au sein d’UTC. Alors vente oů mise sur le marché financier ?
Répondant ŕ une question de l’Agence Reuters, Greg Hayes Ť pense qu’une vente serait trčs compliquée ŕ cause d’aspects fiscaux ť. En fait, Sikorsky a rejoint le groupe en 1929 et sa valeur s’est considérablement appréciée ce qui en cas de vente engendrerait selon la fiscalité américaine des plus-values conséquentes qu’aucun acquéreur potentiel n’est vraiment pręt ŕ régler. La solution qui se profile pourrait ainsi ętre une mise sur le marché boursier qui ne présente pas cet inconvénient.
Le désengagement du groupe UTC des hélicoptčres n’est plus qu’une question de mois semble t-il męme si la forme et les conditions restent toutefois ŕ affiner. Il était déjŕ évoqué il y a plusieurs mois. Il s’agissait lŕ d’une pomme de discorde au sein du groupe du Connecticut qui a probablement été ŕ la source du départ de Louis Chęnevert lequel estimait que Sikorsky était un actif intouchable.
Nicole Beauclair pour Aeromorning