Par Talia Stiegler - 13/03/2015 | 5:20
Ces chiffres viennent contredire le discours officiel du régime qui prétend faire de la lutte contre les erreurs judiciaires, l'arbitraire, les aveux extorqués et la quasi-absence de droits de la défense une de ses priorités. Le Parti communiste, qui a autorité sur le système judiciaire du pays qui revient rarement sur une condamnation en particulier dans le domaine pénal, s'est pourtant efforcé ces derniers mois de redorer le blason de la justice en révisant quelques verdicts dans des affaires très médiatisées.
Un autre élément qui accentue l'inquiétude des défenseurs des Droits de l'Homme constitue la tendance à la hausse des condamnations des Tibétains et des Ouïghours, victimes de discriminations. L'an dernier, 712 personnes accusées de terrorisme et de séparatisme ont été condamnées. La plus haute instance judiciaire de Chine révèle que les verdicts concernant des faits de terrorisme ou de séparatisme ont augmenté de 13.3% en 2014 et concernent presque tous des personnes d'origine tibétaine ou du Xinjiang, une vaste région peuplée d'Ouïghours, musulmans turcophones.
Cette région situées aux confins occidentaux de la Chine et frontalière des pays d'Asie centrale est le théâtre d'une recrudescence d'incidents violents à caractère ethnique et religieux. Et la situation menace de s'empirer dans les prochains mois. La Cour suprême chinoise a fait du " maintien de la sécurité nationale et de la stabilité sociale " sa priorité pour cette année. Et pour l'aider à atteindre cet objectif, Pékin est en train d'élaborer sa première loi antiterroriste, qui risque d'accentuer la répression systématique dans le Xinjiang.