Auteur : Mélanie Fazi
Édition : BragelonneParution : 2014
Pages : 250Prix : 15€
Genre : Fantastique, Nouvelle
n bal secret au coeur de l’hiver, une violoniste dont les notes soulèvent le voile des apparences, une dresseuse d’automates dépassée par sa création : à travers ces douze textes ciselés, découvrez ou retrouvez l’univers envoûtant de Mélanie Fazi, auteure rare à la plume délicate, qui joue des mots émotions avec une justesse bouleversante.
’ai découvert Mélanie Fazi en lisant le recueil Ainsi naissent les fantômes de Lisa Tuttle (que je vous recommande chaudement au passage). L’entretien qu’elle y mène avec Lisa Tuttle a attisé ma curiosité et m’a donné envie d’en savoir plus sur cette traductrice renommée, qui écrit peu mais dont les œuvres ont toujours été saluées par la critique. J’avais déjà lu quelques nouvelles du recueil Le jardin des silences : Trois Renards, nouvelle que j’ai tout autant adoré à la première lecture qu’à la seconde, mais aussi Les sœurs de la Tarasque, également une de mes nouvelles préférées, et que j’ai eu grand plaisir à relire.
Et je dois dire que tous les textes sont d’une grande qualité. Ils représentent l’essence même d’une nouvelle fantastique réussie selon moi : on y trouve une construction maîtrisée de bout en bout, avec des fins très ouvertes, et pas toujours des fins à chutes comme on en rencontre souvent. Les textes sont subtilement imprégnés de fantastique, celui-ci se manifestant pas des éléments étranges ou merveilleux, qui s’insinuent petit à petit dans la vie des personnages, voire qui sont acceptés par eux dès le début comme faisant partie de leur univers.
Les mots sont pleins de poésie et de sensibilité, il se dégage de ces nouvelles une sensation bien particulière, que pour l’instant je n’ai que rarement retrouvée dans une nouvelle. C’est tout bonnement fascinant d’arriver à dépeindre un univers, une atmosphère, des personnages avec autant de finesse et de poésie, en quelques pages seulement. Quand on commence une nouvelle, il s’ouvre une sorte de parenthèse hors du temps, et on n’en sort qu’une fois la dernière page tournée. Et même après, il flotte encore un petit parfum de féérie dans l’air.
Les thèmes abordés sont souvent difficiles, les ambiances parfois très sombres, et toujours on se retrouve au cœur d’un élément marquant de l’histoire des personnages : moment de doute ou de renouveau, instant où tout bascule, où les possibilités s’ouvrent devant soi, ou au contraire où on ne peut plus revenir en arrière, où on décide de changer de chemin. Le fantastique permet souvent aux héroïnes de ces nouvelles (et oui, quasiment pas de héros masculin dans le recueil) de se reconstruire ou d’accepter certains événements douloureux de leur histoire personnelle; il n’est donc pas forcément un élément effrayant ou maléfique comme on peut le voir souvent dans les nouvelles fantastiques. Il est au contraire souvent un élément apaisant qui apporte une touche d’espoir dans un univers sombre.
Difficile de décrire ces sensations en quelques mots : pour les comprendre, il faut tout simplement lire ces douze nouvelles et s’imprégner de leur magie.