Un parfum d'herbe coupée

Publié le 13 mars 2015 par Stéphanie @Sariahlit
" La vie, c'est oubli, l'oubli, c'est la vie. "

Delesalle Nicolas
288 pages
Préludes Éditions (2015)
« Le jour où mon père a débarqué avec son sourire conquérant et la GTS, j’ai fait la gueule. Mais j’ai ravalé ma grimace comme on cache à ses parents l’odeur de sa première clope. J’ai dit “ouais”, j’ai dit “super”, la mort dans l’âme, même si j’avais compris que la GTS pour la GTX, c’était déjà le sixième grand renoncement, après la petite souris, les cloches de Pâques, le père Noël, Mathilde, la plus jolie fille de la maternelle, et ma carrière de footballeur professionnel. » Par petites touches qui sont autant d’instantanés de vie, Kolia convoque les figures, les mots, les paysages qui ont compté : la route des vacances, les filles, Totor le paysan aux cèpes et la maison de famille, des livres, quelques sauterelles, Raspoutine le berger allemand… Des petits riens qui seront tout.
Extrait :
« Papito, du haut de tes ruines, tu m'as dit la vérité toute nue alors que je l'aurais préférée accrochée à un ballon d'hélium et vêtue d'un truc sexy. Tout passe, tout casse, tout lasse. Ça m'a longtemps agacée. J'ai eu du mal à l'accepter. J'ai longtemps eu le sentiment de vivre à blanc, pour rien du tout. Dans trois générations, mon arrière-petite-fille ne connaîtra pas mon prénom. Elle ignorera tout de ma vie. Ma famille. Mes amours. Mes amis. Mes souvenirs. »
Mon avis :
La grand-mère de Kolia vient de mourir et les mots que son grand-père, atteint d'Alzheimer, dit dans un sursaut de lucidité lui laisse un drôle de sentiment. "Tout passe, tout casse, tout lasse". Une petite phrase qui vont l'amener à s'interroger bien plus tard sur le sens de ces mots et de vouloir laisser une trace de sa vie pour cette enfant, Anna, arrière petite-fille imaginaire qui ne le connaîtra jamais. Un parfum d'herbe coupée est un ensemble de souvenirs, un amalgame d'anecdotes qu'un homme souhaite laisser à ses descendants. Un lot de première fois, de remises en question, de réactions à l’actualité, des instants de vie qui se succèdent sans réel fil conducteur. Tantôt enfant, tantôt adulte, tantôt adolescent, Kolia nous narre sa vie. Les chapitres sont courts. Mais le fait que l'ensemble soit raconter de façon décousue m'a plutôt déstabilisé. Alors que tout le monde semble transporter par ce récit, j'ai eu plus de mal à m'imprégner de la plume de l'auteur. L'histoire, comme je l'ai appris ensuite, est née sous forme de tweets que l'auteur a développé pour ce livre. Ce qui explique le rythme confus de la narration. L'auteur a voulu nous rappeler que nous ne sommes que de passage dans cette vie. Qu'avant nous et qu'après nous, la vie continue. Que le temps passe sans s'arrêter sur nous. Avec le recul, le message m'est apparu plus clair, simple et censé. Mais mon premier sentiment reste un récit désordonné et lourd à appréhender qui ne m'a pas convaincu.
★★☆☆☆